Crise au Togo: un mort et plusieurs blessés après de violentes répressions

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A l’appel de la coalition de l’opposition, des manifestants ont tenté mercredi matin de se rassembler aux points de départs d’une marche interdite par les autorités. Le face à face avec les forces de l’ordre a rapidement tourné à l’affrontement à plusieurs endroits de la capitale.

Comme il fallait s’y attendre, ce mercredi 18 octobre vient s’ajouter aux nombreux jours de tensions politiques que connaît le Togo depuis deux mois. Chaussées endommagées, pneus brûlés, voitures et motos détruites , édifices vandalisés… Lomé ressemble à un champ de bataille, du moins dans plusieurs quartiers.

Les militants de l’opposition, suivant les recommandations de leurs leaders, ont tenté de se rassembler tôt ce matin aux deux points de départ de la marche qui devait avoir pour point de chute le siège de l’Assemblée nationale situé dans le quartier administratif de Lomé.

Affrontements dès les premières heures de la matinée

Les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre ont débuté dès 8 heures à plusieurs endroits de la capitale. A Bè, Agoè, Attikoumé et dans certains quartiers situés en périphérie de Lomé, des manifestants ont érigé des barricades, brûler des pneus pour tenter de briser le blocus imposé par les forces de l’ordre. A la mi-journée, le face-à-face restait toujours tendu à de nombreux carrefours stratégiques de Lomé.

Dans certains quartiers réputés acquis au pouvoir, des jeunes armées de bâtons se sont positionnés tôt ce matin pour empêcher les mouvements de l’opposition, laissant présager d’affrontements avec les militants de l’opposition. Par ailleurs, des élèves d’écoles proches des lieux des affrontements ont été délogés par des manifestants de l’opposition dans la matinée.

Certains quartiers de la capitale semblent pour l’heure épargnés par ces violences. La circulation sur les principaux axes, comme le boulevard du 13 janvier, est cependant fortement ralentie. L’affluence dans les marchés et autres centres commerciaux également. A noter qu’aucune perturbation des réseaux internet n’a été signalée dans le pays, au contraire de ce qui avait été observé lors de précédentes journées de mobilisation de l’opposition.

Malgré la pluie, les manifestants n’ont pas faibli. Les quartiers les plus atteints par les répressions des hommes cagoulés et des forces de l’ordre sont, Adidogomé, Bè, Agoè. L’on déplore la mort d’un enfant de 11 ans, tué par balle et plusieurs blessés.

Marches interdites

Les autorités ont rappelé à plusieurs reprises ces derniers jours l’interdiction de marcher les jours ouvrables suite aux violences qui ont émaillé les manifestations des mercredi 4 et jeudi 5 octobre à Lomé. « L’opposition peut tenir des meetings… Mais pour les marches, qui souvent sont émaillées d’incidents où on fait sortir les élèves, s’attaque à ceux qui ne marchent pas, le gouvernement a la responsabilité de la sécurité et des marcheurs et des non-marcheurs », avait indiqué mardi le ministre de la Sécurité, Yark Damehane.

Il estime que l’opposition veut « défier l’autorité de l’État » en passant outre les mesures annoncées la semaine dernière. Si la marche est interdite, les autorités rappellent avoir demandé aux leaders de le coalition d’organiser – s’ils le souhaitent – un meeting à la plage de Lomé afin d’éviter les incidents dans la ville.

Dans un communiqué rendu public le jeudi 12 octobre, la Coalition des 14 partis avait dénoncé « le caractère illégal » de l’interdiction par le pouvoir des marches de protestation. « Quand l’Etat se met lui-même à violer les lois, les citoyens ont le devoir sacré de résister », pouvait-on lire dans le communiqué.

Une partie de l’opposition n’a pas souhaité se joindre aux manifestations. C’est le cas de Gerry Taama, président du Nouvel engagement togolais (NET) qui, pour la première fois depuis le début de la crise, n’a pas rejoint les marcheurs. « Il y a une irresponsabilité partagée. La présence des militaires et de miliciens qui se pavanent est inadmissible. Par contre, après les événements de lundi à Sokodé, il fallait surseoir à cette marche, pour préserver la paix », estime l’opposant.

Pour l’heure, la ville est dans le noir, avec des fumées et des tirs de gaz. L’inquiètude est grandissante au sein de la population.

CamerounWeb.com