Le dialogue politique togolais devrait reprendre dès ce lundi 26 mars, un mois après sa suspension pour consultations bilatérales. La communauté internationale se mobilise depuis quelques jours pour convaincre les deux parties de reprendre les discussions afin de mettre fin à la crise qui secoue le pays depuis sept mois.
Un mois après sa suspension, le 23 février dernier, le dialogue togolais est sur le point de reprendre. Après une longue période de consultations bilatérales, la facilitation ghanéenne a annoncé en début de semaine la reprise des discussions dès la semaine prochaine sous l’égide du chef de l’État ghanéen, indisponible cette semaine en raison de sa présence au sommet de Kigali sur la Zone de libre-échange continentale. La date du lundi 26 mars est notamment avancée.
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En vue de la reprise prochaine des discussions directes avec le pouvoir, la coalition des 14 partis de l’opposition togolaise a rencontré ce mercredi 21 mars « le groupe des cinq », composé des représentants de l’Union européenne, des États-Unis, du système des Nations unies, de la France et de l’Allemagne, pour discuter des éléments de blocage. Face aux difficultés que rencontre en effet la facilitation ghanéenne, le « groupe des cinq » avait appelé les parties, ce 19 mars, à « respecter les engagements pris » à l’ouverture du dialogue, le 19 février dernier.
Le groupe demande aux acteurs de « dépasser les positions de principe et [de] s’engager sans délais dans une discussion de fond sur les questions constitutionnelles et électorales afin de parvenir à un accord sur les réformes dans le respect de l’État de droit et des dispositions légales et constitutionnelles en vigueur ». Plus, les diplomates demandent aux protagonistes de « parvenir à un accord sur un cadre démocratique rénové et consensuel, afin que les électeurs togolais puissent exprimer un choix dans des élections libres et transparentes ».
Relance des discussions
La reprise des discussions, évoquée au lundi 26 mars, devrait prioritairement concerner la poursuite (ou non) du processus électoral enclenché depuis quelques semaines avec la mise en place fin février des démembrements locaux de la Commission électorale nationale indépendante (CENI).
Selon Eric Dupuy, porte-parole de l’Alliance nationale pour le changement (ANC) et secrétaire national à la Communication, la coalition des 14 partis de l’opposition avait déjà soulevé au président ghanéen Nana Akufo-Addo, début mars à Accra, la nécessité pour le gouvernement de suspendre le processus électoral en cours. La coalition espère toujours, en effet, obtenir une « Transition » qui aboutirait au départ du chef de l’État actuel, Faure Gnassingbé.
« Les acteurs politiques avaient trouvé un consensus au début du dialogue. On suspendait les manifestations pendant les discussions et le parti RPT/Unir suspendait aussi tout processus électoral et œuvrait au parachèvement rapide des mesures d’apaisement », indique Eric Dupuy à Jeune Afrique.
De nouveaux points de blocage ?
Selon un communiqué du Parti national panafricain (PNP) de Tikpi Atchadam, publié le 13 mars, les sympathisants de la coalition des 14 partis de l’opposition devaient manifester dans les rues des grandes villes du pays cette semaine, les mardi 20, mercredi 21, jeudi 22 et samedi 24 mars. Motifs invoqués par Ouro-Djikpa Tchatchikpi, le conseiller de Tikpi Atchadam, « le pouvoir évolue dans l’organisation unilatérale des élections sans tête ni queue ».
Pour rappel, l’une des premières décisions prises à l’ouverture du dialogue le 19 février était la suspension des manifestations publiques par les protagonistes pour donner une chance aux discussions.
Il y a encore de nombreux points à régler pour éviter de nouveaux blocages à la reprise du dialogue », confie une source proche de la facilitation
« On a constaté que le gouvernement n’a pas respecté son engagement, ni en ce qui concerne les mesures d’apaisement ni en ce qui concerne l’arrêt du processus électoral », précise Eric Dupuy, justifiant le souhait de la coalition de battre de nouveau les pavés. Les manifestations ont donc été annulées « jusqu’à la rencontre de la semaine prochaine », suite à la demande formulée par la facilitation.
En attendant la reprise des discussions directes entre les parties, les émissaires ghanéens se succèdent dans la capitale togolaise, multipliant les rencontres bilatérales entre les acteurs. Il y a en effet « de nombreux points à régler pour éviter de nouveaux blocages à la reprise du dialogue », confie à Jeune Afrique une source proche de la facilitation.
Jeune Afrique