Crise au Togo : les douze points qui seront abordés dans le dialogue politique

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Six mois après les manifestations organisées par le Parti national panafricain (PNP) qui ont marqué le déclenchement de la crise politique au Togo, le dialogue politique s’ouvre ce lundi en présence du président ghanéen, Nana Akufo-Addo. Des discussions qui devraient durer une dizaine de jours et lors desquelles douze points doivent être abordés.

La date choisie pour l’ouverture des discussions est peut-être le fruit d’un pur hasard, mais elle n’est pas anodine. C’est le 19 août 2017 que les manifestations organisées par le PNP et la répression qui a suivi ont marqué le début de la spirale de crise politique. Six mois après, ce lundi 19 février, les différents acteurs sont appelés à discuter des points de friction pour sortir le Togo de l’impasse.

Après quatre jours de travaux préliminaires, qui ont notamment permis de régler la question des participants et abouti à l’établissement de l’ordre du jour, les deux parties se retrouvent dès en présence du chef de l’État ghanéen, Nana Akufo-Addo, arrivé dimanche à Lomé. Les participants s’engagent à « mener un dialogue constructif, de bonne foi et dans un esprit de compromis en mettant l’intérêt national au-dessus de toute autre considération ».


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Douze points à l’ordre du jour

La question des points à aborder au dialogue a longuement été abordée pendant les travaux préliminaires, qui se sont tenus du 15 au 18 février. Finalement, douze points seront à l’ordre du jour :

• Mesures d’apaisement et de confiance

• Rétablissement de la Constitution de 1992

• Implication de ce rétablissement

• Transition

• Organisation du référendum portant révision de la Constitution de 1992

• Cadre du dialogue

• Participation du gouvernement à ce dialogue

• Inclusivité du dialogue

• Réformes constitutionnelles

• Réformes électorales

• État de droit et situation humanitaire

• Mécanisme de mise en œuvre et de suivi des décisions prises à l’issue du dialogue

Discussions serrées

« Les Togolais, en se parlant entre eux, doivent être en mesure de trouver des solutions qui répondent à la fois à l’intérêt et au bien commun de tous les Togolais. Nous n’allons pas nous départir de cette confiance et de cet optimisme. Nous pensons et nous espérons que chacun sera animé par le même état d’esprit », a déclaré Gilbert Bawara, l’un des deux représentants du gouvernement aux discussions préliminaires.


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Pour Eric Dupuy, signataire du règlement intérieur pour le compte de la coalition des 14 partis d’opposition, les discussions ont été très serrées. « Nous sommes arrivés à une solution qui convient à chacun. Je présage que les discussions qui vont s’ouvrir [lundi] ne seront certainement pas aisées. Mais avec de la volonté de part et d’autre, nous pourrons peut-être avancer », a-t-il indiqué.

Pendant plusieurs semaines, le flou a prévalu, tant sur le format que sur les participants. Finalement, « chacune des parties se fera représenter par sept délégués dûment mandatés, avec pouvoir de prise de décision », fixe le règlement du dialogue (voir le document complet ci-dessous). Mais ce nombre « pourrait être élargi si les participants eux-mêmes en prennent la décision ».

La question de l’inclusivité du dialogue semble donc réglée, même si de nombreux dirigeants de partis politiques proches de l’opposition ou de la mouvance présidentielle ont manifesté ces derniers jours leur désir de participer aux discussions.

La question de la « Transition »

Le leader de l’opposition togolaise, Jean Pierre Fabre, pendant les élections législatives, à Lomé, le 25 juillet 2013. © Erick Kaglan/AP/SIPA

 Si ce dialogue ne se conclut pas par des décisions exécutoires immédiatement, on aura rien fait

Jean-Pierre Fabre, chef de file de l’opposition, a donné le ton des revendications de la coalition dans un « message à la Nation » publié ce 19 février sur l’Alliance nationale pour le changement (ANC).

« Il faut le dire clairement, ce dialogue ne sera pas juste un recensement de recommandations qui seront jetées aux oubliettes dès la clôture du dialogue. Si ce dialogue ne se conclut pas par des décisions exécutoires immédiatement, on aura rien fait, le dialogue n’aura pas atteint ses objectifs, nous aurions perdu notre temps et celui de nos facilitateurs. Et le mal togolais persistera », a-t-il notamment indiqué.


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Mais, même si les discussions préliminaires se sont tenues « dans un esprit d’ouverture et d’une franchise exceptionnelle », selon Daniel Osseï, le représentant de la facilitation ghanéenne, le dialogue proprement dit pourrait se tenir autrement.

Car si la coalition espère toujours obtenir une « Transition »  qui aboutirait au départ du chef de l’État actuel, les partisans de Faure Gnassingbé estiment que cette perspective n’est qu’une « pure vue de l’esprit, le président ayant été élu démocratiquement pour un mandat qui devrait se terminer en 2020 ».

Ces derniers estiment surtout que la question d’une nouvelle candidature de Faure Gnassingbé à l’issue de son mandat actuel ne saurait faire l’objet d’aucune discussion, tant que la loi l’y autorise.

Aucun politologue n’ose donc pronostiquer les décisions qui seront prises à l’issue de ce dialogue de la « dernière chance ». Ces dix prochains jours promettent donc beaucoup de surprises aux Togolais.

 

Togo – Code Dialogue politique 2018 by jeuneafrique on Scribd

Jeune Afrique