Du 1er au 31 janvier 2022, pas moins de 1300 nouvelles entreprises ont été créées selon les chiffres du Centre de formalité des entreprises (CFE). Mais cette embellie de création d’entreprises contraste avec le chômage ambiant dans le pays.
Depuis plusieurs années, la question du chômage défraie la chronique au pays de Faure Gnassingbé. Les statistiques les plus récentes publiées par le gouvernement togolais indiquent que le taux de chômage était passé à 3,4% et celui de sous-emploi à 24,9%. Des chiffres contestés d’ailleurs par certains économistes.
En effet, pour l’économiste togolais Thomas Dodji Koumou, ce taux de chômage (3,4%) est bien en deçà du taux réel du chômage au Togo et ne reflète, en rien, la situation économique du pays. « Le taux de chômage réel au Togo est probablement supérieur à 20%. Lorsqu’une économie est dans une situation comme celle du Togo où il y a une baisse du taux de croissance depuis 2014, on a, de façon tangible, une baisse de revenus générale créée par le pays. Cela veut dire que les entreprises ne créent plus assez de richesses et donc ne peuvent plus créer de l’emploi. Il est donc paradoxal qu’on annonce un taux de chômage de plein emploi dans une situation économique pareille », explique l’économiste.
Plus prudente, la Banque Africaine de Développement (BAD) dans le rapport Perspectives Économiques en Afrique 2018, publié en mars dernier, a indiqué que le taux de chômage au Togo est estimé à 3,4 %, avant de préciser que « le service public censé collecter les informations sur les demandeurs d’emploi n’est pas en mesure de fournir les statistiques réelles du chômage ». Dans la présentation de la situation économique de l’Afrique de l’Ouest, l’institution a- néanmoins- classé le Togo parmi les pays de la sous-région où « la part cumulée des emplois vulnérables et des chômeurs dans la population active varie entre 70% et 90% ».
Paradoxalement, un nombre de création d’entreprises en hausse
Curieusement, parallèlement à cette montée en flèche du chômage et de la pauvreté, la création d’entreprises se porte assez bien. Elle n’aura même jamais été aussi prolifique ces dernières années dans un pays comme le Togo, avec près de 13 770 nouvelles créations en 2021.
Le Togo est l’un des pays en Afrique où créer son entreprise est devenu un jeu d’enfant. En effet, dans un contexte marqué par la hausse du chômage, en particulier chez les jeunes et face à la pauvreté, l’entrepreneuriat avec la création des micro-entreprises apparait comme une solution et un correctif aux imperfections du marché du travail. Sur fond de flambée du chômage, le Togo semble avoir opté pour le développement des microcrédits, considéré comme un levier pour la création d’entreprise et la réinsertion. Selon les chiffres officiels, 178 milliards de francs CFA ont été dépensés ces dernières années pour soutenir l’entrepreneuriat des jeunes, à travers des programmes et projets nationaux. Par ailleurs, de 05 milliards de francs CFA en moyenne en 2013 et 2014, les ressources réservées à l’emploi et l’employabilité des jeunes sont montées à 15 milliards en 2018, soit le triple.
Mais, il semble que face au contexte économique national marqué par une monopolisation du marché par certaines entreprises proches du cercle du pouvoir, les jeunes sociétés peinent à percer. Sans perspectives enthousiasmantes, les entrepreneurs refusent à recruter. De ce fait, la création d’entreprise ne répond plus à une dynamique de création d’emploi.
L’Etat d’urgence sanitaire plonge les entreprises
Aussi, « Au premier semestre de 2020, 42 % des entreprises ont enregistré une réduction du volume de leur production dont 9 % des entreprises enregistrent une réduction comprise entre 0 et 25 % ; 10 % enregistrent une réduction comprise entre 25 et 50 % ; 11 % des entreprises enregistrent une réduction comprise entre 50 et 75 % ; et enfin 12% des entreprises enregistrent une réduction comprise entre 75 et 100%.. S’agissant des ventes, 76 % des entreprises ont enregistré une réduction de leur vente dont 13 % d’entre elles ont enregistré une réduction comprise entre 0 et 25 % ; 23 % ont enregistré une réduction comprise entre 25 et 50 % ; 22 % des entreprises ont enregistré une réduction comprise entre 50 et 75 % ; et enfin 27% des entreprises ont enregistré une réduction comprise entre 75 et 100% » a révélé une étude du Conseil national du patronat (CNP). Et de souligner, « une entreprise sur deux ont déclaré avoir réduit leur personnel. « Une forte majorité des entreprises (82 %) ont opté pour un arrêt partiel du travail (chômage technique) du perso le reste des entreprises interviewées (18 %) ont eu recours au licenciement du personnel ».
Source : Fraternité
Source : icilome.com