En décembre 2019, le Togo avait détecté le tout premier cas de COVID-19 et c’est d’ailleurs ce qui a motivé le gouvernement à la mise en place des dispositifs pour éviter la propagation de ce virus sur l’ensemble du territoire national. Malgré tout, la pandémie a pris d’assaut tout le monde entier sans aucune exception. Ce qui va obliger le gouvernement togolais à prendre des mesures barrières avec des actions concrètes sur le terrain. Deux ans après, la cour des Comptes dans son rapport d’audit publié d’il y a quelques jours, a mentionné d’énormes irrégularités dans la gestion des fonds alloués à cette crise sanitaire. Une situation qui fait jaser la toile d’où la sortie du ministre de la Communication et des médias, Akodah Ayéwouadan pour essayer ce que d’aucuns ont qualifié, « d’explication forcée ».
Ils étaient nombreux les Togolais, a murmuré leur mécontentement au lendemain de la publication du rapport d’audit de la cour des Comptes sur la gestion des fonds destinés à la lutte contre le Coronavirus. Dans le panier, plusieurs départements ministériels et même, la justice qui est censée dire le droit dans un État, a été aussi indexée. Les discussions vont dans tous les sens et chacun y fait son opinion. C’était quand même, et jusqu’alors, une période de galère pour les populations pendant que certains se la coulent douce avec la pratique des marchés au gré à gré, avec des achats à des frais mirobolants sans preuve d’autorisation. Et comme le ridicule ne tue pas sur la terre de nos aïeux, un communiqué du gouvernement est sorti après les réactions de l’opinion publique sur les résultats publiés par la cour des Comptes, appelant les populations à lire en entier, tout le rapport afin de comprendre que ces irrégularités, dit-il, n’entachent aucunement pas la bonne gestion des fonds destinés à la riposte contre le Covid-19. En tout cas, les Togolais et pourquoi pas la population dans son ensemble, doivent aller à « l’apprentissage de la langue de Molière » pour mieux cerner le contenu de ce rapport de quatre-vingts trois pages. Pour certains, l’intervention du ministre Akodah Ayéwouadan sur la télévision New World la semaine dernière appelant les Togolais à bien lire et en entier tout le rapport d’audit, est une insulte à l’intelligence des citoyens. Dire que le gouvernement a envoyé des justificatifs après, à la cour des Comptes sur certains achats, ne fait pas sérieux selon certains observateurs avisés. Même si le droit anglo-saxon dispose des lois de passation de marché différentes de celles du Togo, pourquoi le gouvernement s’il est vraiment animé d’une bonne foi, n’a-t-il pas fait sortir, ne serait-ce qu’un petit communiqué pour situer les gouvernés à l’époque et avoir attendu le rapport de la cour des Comptes avant de tenter des explications ?
Réactions de certains leaders d’opinion
« Le Rapport de la cour des comptes sur la gestion du fonds Covid, bien sûr que c’est un énorme scandale. La lecture de ce rapport m’a donné des frissons », a souligné Gerry Taama du Nouvel engagement togolais (NET).
« Certains se sont mis bien, et d’autres ont été très négligents, mais en conclusion, l’argent publique et l’argent des dons ont été gaspillés, mal gérés ou détournés (ayons le courage de dire les mots) », a déploré le patron du NET.
« Mais pour le moment, il ne s’agit pas de s’agiter. On va se taire un peu et voir la réaction de celui qui a commandé l’audit. C’est la crédibilité de notre pays auprès des partenaires techniques et financiers qui est en jeu. Donc, pour le moment, on ne parle pas. Il faut attendre et regarder, même si ça gratte.
« Il faut des sanctions et des réparations (par réparation, entendez qu’il faut ramener l’argent.) Que la justice intervienne. », a-t-il ajouté.
Dans un communiqué rendu public jeudi 9 février 2023, le gouvernement togolais dit prendre acte du rapport d’audit de la Cour des comptes et se réjouit de ce que ce rapport considère que les dépenses relatives aux mesures barrières, de riposte ou sanitaires sont « conformes, régulières et sincères ».
Par ailleurs, l’on se souvient qu’en 2012, le tripatouillage qu’avait fait l’objet le rapport de la Commission nationale des droits de l’Homme (CNDH) sur les actes de torture dont ont été victimes les personnes arrêtées dans la lugubre affaire Kpatcha Gnassingbé et coaccusés, dans le seul et unique but d’altérer la vérité. Le président de cette commission à l’époque des faits, est aujourd’hui contraint à l’exil. L’on se rappelle ensuite de l’affaire Vincent Bolloré où le Tribunal Judiciaire de Paris avait clairement mentionné qu’il y a eu corruption d’agents publics étrangers et que la souveraineté du Togo avait été violée, mais que M. Gilbert Bawara, ministre de la Fonction publique, du travail et du dialogue social estimait sur une radio privée locale que « L’Etat togolais n’a aucun élément fiable du dossier qui est en cours en France. Nous n’avons pas à prendre d’engagement particulier, nous n’avons pas à donner d’assurance quelconque, parce que nous ne nous sentons pas concernés ».
Son collègue de la Communication et porte-parole du gouvernement, le professeur Akodah Ayewouadan reste lui catégorique sur la chaîne internationale TV5 Monde : « La position du gouvernement est de ne pas commenter une procédure en cours dans les juridictions d’un pays étranger ». Au Togo donc, cette affaire reste pour l’heure enterrée parce qu’elle est « abusivement » qualifiée de « franco-française » par nos illustres gouvernants. L’on se rappelle enfin de la réaction du ministre en charge des Droits de l’Homme, et porte-parole du gouvernement, M. Christian Trimua, parlant du rapport d’audit produit par l’Inspection Générale des Finances dans le cadre de l’affaire « Petrolegate ».
« Ce rapport qui est brandi comme preuve n’est pas fiable ».
Ce sont des prévisions et des signes des temps qui ne doivent pas tromper. Faisant une analyse sur les impacts dûs au Covid-19, Monsieur Michel Cabirol, Rédacteur en chef Industrie et Services, faisait ressortir déjà, dans son article intitulé _ »Comment la France imagine une possible implosion de l’Afrique face au Covid-19″ paru le 1er avril 2020 à LA TRIBUNE PARTAGEONS L’ÉCONOMIE, et en faisant référence sur les interrogations du Quai d’Orsay relativement à l’impact terrible que pourra avoir la crise du Covid-19 en Afrique, et se basant sur des éléments relevés par le Centre d’analyse, de prévision et de stratégie (CAPS) qui évoque un possible effondrement des États en place. Le CAPS a en effet relevé de justesse.
« L’immanquable détournement de biens publics (à commencer par des masques) et de l’aide sanitaire internationale à venir (déjà dénoncée sous le terme « Covid-business ») peut facilement cristalliser l’ultime perte de crédit des dirigeants », a révélé La Tribune Partageons l’économie.
Cette analyse est largement et effectivement explicative de la situation togolaise, qui ne tardera pas certainement à emboîter les pas du Sénégal. Après les multiples restrictions des libertés politiques et leurs répercussions énormes sur les droits humains, c’est le tour des libertés économiques d’en prendre un coup dur. Cela ne restera pas impuni, quel que soit le temps que ça prendra.
Cette vague de mépris, de déloyauté envers un peuple meurtri et, le cortège de violations des libertés politiques et économiques qui en est la conséquence directe, emportent nécessairement avec elle toute cette équipe gouvernementale togolaise qui a accepté endosser « cette forfaiture ».
L’adjoint au maire de la commune du Lacs 3, Dr Jean Emmanuel Gnagnon dans un tweet a rappelé que « ce communiqué est une remise en cause des efforts pour le #VIvreEnsemble. L’urgence n’est pas caution de la négligence financière ! La jeunesse doit rester vigilante et debout face aux fossoyeurs économiques !#JusticeSociale ! D’ailleurs, toutes les routes en construction tant vantées le sont sur emprunt contractés avec des prêteurs. A l’entendement du Togolais, *financer* veut dire *don*.
Même la plus grande partie des 400 milliards du fonds COVID sont des emprunts remboursables avec des intérêts. Bon nombre de Togolais ne le savent pas.
Rappelons que vendredi 10 février dernier, qu’un emprunt de 34 milliards FCFA sur le marché des obligations de l’UEMOA a été effectué.
En terme claire selon d’autres, les richesses que le pays a créées et créera, seront destinées à rembourser des dettes contractées dont les montants seraient été royalement et impunément détournés par des sbires.
Au regard de tout ce qui précède, il urge que le gouvernement accepté les remarques de la cours des Comptes au lieu de te tenter de convaincre les populations à travers des arguments peu orthodoxes.
Source : Télégramme228
Source : Togoweb.net