Covid-19: quand le virus ramène les hommes à la raison

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Il n’est pas dans mon intention de spéculer sur l’origine du virus qui, ces jours, fait trembler le monde entier. Le fait est réel, le Coronavirus existe et sévit avec la plus grande sévérité, décime des vies humaines avec une implacable rigueur partout dans le monde.

Mais ce qui retient mon attention et fonde la rédaction de cet article reste l’agitation, la panique, l’inquiétude qui poussent les dirigeants du monde à prendre de nombreuses mesures ici et là en vue de se mettre à l’abri du Covid-19. Tous les Etats ou presque, prennent des dispositions, y compris les plus draconiennes pour préserver la vie de leur peuple.

Des vols d’avions sont interdits par endroits, des rencontres d’affaires suspendues, des frontières fermées, des activités connues et perçues comme essentielles sont abandonnées, des écoles et universités fermées.

Ainsi, des hommes qui n’ont jamais eu le temps pour eux-mêmes, pour leurs familles et amis réalisent subitement qu’il faut préserver leur vie en premier, et donc renoncer à des voyages, éviter une série de contacts et revenir à soi tout simplement, quoi qu’il en coûte en terme de pertes matérielles et financières.

Des Etats et leurs gouvernants deviennent curieusement très protecteurs et multiplient des initiatives, des mesures, des communiqués et des actions de mobilisation et de sensibilisation de leur peuple sur l’attitude à adopter en vue d’échapper à ce virus tueur sans pitié.

Des gestes précautionneux sont enseignés avec insistance à travers tous les canaux possibles d’information et de propagation de l’information en vue d’aider chaque individu à se mettre à l’abri du redoutable virus qui n’épargne personne, qu’il soit pauvre ou riche, prince ou valet !

Ces pays qui, jusqu’à une date récente étaient considérés comme les puissants du monde, décident du sort de ce monde et dictent la voie à suivre, se voient ainsi atteints dans la plus grande intimité de leur orgueil.

Du coup, la politique hégémoniste qui ne consistait qu’à la conquête des richesses matérielles du monde par ces puissants est mise en veilleuse, au second plan. Il urge désormais de sauver la vie au prime abord!

Plutôt que de guetter les occasions de s’ingérer dans la vie de tel ou tel autre pays, de s’ériger en donneurs de leçons, en guide du monde, ces puissants sont enfin entrain de comprendre, que la priorité des priorités reste d’abord leur propre survie, la survie de leur peuple et celle du reste du monde , car la menace de la pandémie est telle que le risque de l’effondrement total de l’humanité n’est pas exclu.

Ils réalisent que leur vie n’a rien de particulier, qu’ils sont aussi vulnérables, peuvent mourir comme des mouches, sans un ménagement spécifique, s’ils ne prennent garde et ne s’activent pas pour revenir à eux-mêmes. Ils meurent de la même mort que les pauvres, les valets, les prolétaires. Ils se rendent compte, en effet, que riches ou pauvres, nous avons tous un destin commun; ou peut-être même que ceux-là qui sont considérés comme moins que rien, résistent plus à la pandémie que les pseudos grands de ce monde.

Une telle situation questionne mon esprit et je me demande pourquoi avons-nous tant besoin de voir notre vie menacée avant de comprendre ce qu’elle vaut réellement ?

Il est de l’habitude de l’être humain, de donner plus de pouvoir et d’attention à son avoir qu’à son être. Tous les jours, chacun de nous court derrière un poste, un titre, un rang social, une somme d’argent, un bien matériel sans jamais porter un point d’attention, si minime soit-elle, à comment faire pour vivre heureux, joyeux et en bonne santé. Chacun veut toujours se faire entendre par autrui, sans presque jamais chercher à s’entendre lui-même, à s’évaluer de l’intérieur !

Nous n’y pensons que lorsque notre propre existence est menacée comme c’est le cas présentement avec le Covid-19. Naïvement, nous pensons toujours que notre bonheur et notre bien-être dépendent en premier de notre avoir, du rang ou du poste que nous occupons dans la société. Voilà pourquoi, des gens sont si attachés à des postes et à leurs avoirs au point de confondre littéralement leur propre existence à ceux-ci et même d’éliminer d’autres vies humaines rien que pour conserver un poste ou un avantage d’ordre purement matériel.

Alors, si toutes ces choses auxquelles nous tenons tant et si farouchement étaient aussi importantes, mieux que la vie elle-même, pourquoi elles ne nous sauvent pas du coronavirus ? Pourquoi c’est ici maintenant que l’on s’aperçoit que c’est par des gestes simples et naturels que l’on peut préserver sa vie et vivre à l’abri de la maladie, de l’angoisse, de la peur et de ses corollaires?

L’apparition de cette pandémie est peut-être une mauvaise nouvelle en ce sens qu’elle enlève la vie humaine, décime des familles entières, confine des gens chez eux, effondre l’économie du monde. Mais elle constitue en même temps, une bonne alerte pour l’esprit humain.

Elle doit participer, par son action ravageuse à ramener l’être humain aux fondamentaux de la vie, à la coopération, à la complémentarité, au soutien d’autrui et à l’amour du prochain. Les valeurs humaines qui nous distinguent des autres espèces doivent impérativement refaire surface et imprimer un nouveau mode de pensées et de vie au sein de l’humanité.

Je sens que cette pandémie va refaire les cartes du monde, écrouler l’égo humain et le ramener à la raison. C’est une belle alerte qui doit pousser chacun d’entre nous vers une vie plus saine, plus responsable et plus assumée.

La vie est l’unique bien, l’unique richesse qui puisse exister et de laquelle tout le reste dépend. Il n’existe pas de vie plus utile qu’une autre. Elle est un bien, un cadeau dont chaque individu a le droit légitime de jouir.

Avant d’acquérir quoi que ce soit dans ce monde, il faut d’abord être, il faut en premier compter parmi les vivants, car les morts n’ont accès à rien dans le monde de l’existence.

A partir de maintenant et de cette maladie qui se joue de toutes nos gloires, de nos titres et rangs dans le monde, de notre égo, des ramassis d’idées que nous nous faisons de nous, prenons simplement conscience du caractère sacré de la vie, et travaillons chaque jour, chacun en ce qui le concerne, pour non seulement la préserver, mais surtout l’intensifier afin de mériter le bonheur qui nous est dû sur cette terre.

Les querelles intestines, la convoitise et l’avidité pour de l’argent, les biens matériels, les rangs et postes, sont absurdes et révèlent notre niveau d’ignorance de ce qu’il y a d’essentiel sur cette terre, la vie elle-même. Quiconque aura compris que c’est de sa vie et de son intensité que dépendront toutes ces choses du monde, aura la clé du bonheur et de bien-être.

Si chacun en ce qui le concerne travaille chaque jour pour donner du sens à sa propre vie, pour l’amplifier et la rendre la plus propre et la plus saine possible, le monde entier sera sauvé, en quelques jours seulement, de cette pandémie.

Mieux, il sera aussi sauvé des considérations égotiques de basses échelles qui catégorisent et classifient les gens, instaurent et maintiennent les divisions, et par conséquent retardent significativement l’évolution et l’épanouissement plein et entier de l’humanité dans son ensemble.

Luc Abaki

Source : Togoweb.net