C’est lorsqu’il y a péril en la demeure qu’on peut mesurer sur quelles valeurs chacun fonctionne. Voilà pourquoi, alors que le Covid-19 constitue un péril grave pour le monde entier, je m’adresse à toi ma sœur, mon frère croyant, citoyen togolais.
En effet, il me semble que tout croyant est une personne concernée : elle se préoccupe de l’existence de tout individu proche ou lointain, car notre vie de croyant est fondée sur une foi profonde en la fraternité. Nous sommes tous gardiens des uns et des autres.
Je m’adresse donc à toi qui fais partie de tous ceux qui se sentent gardiens de leurs frères, quels que soient ta position sociale, ton statut professionnel, tes choix politiques, je te fais appel simplement au nom de ta foi.
Le Coronavirus s’est répandu dans le monde entier. Ne nous faisons pas d’illusion, car au fond personne n’a de données vraiment réelles sur les personnes contaminées. Alors ne nous disons pas que chez nous ce n’est pas encore grave. Nous n’allons pas attendre de tomber comme des mouches avant de nous mettre en mouvement.
Ici au Togo, nous le savons aussi, nos structures de santé ne pourront pas faire face en cas d’expansion de la maladie : ce n’est pas la peine de se demander pourquoi, il faut juste partir de cette base. Toutes nos chances se trouvent donc dans la lutte pour éviter que le virus ne se répande pas plus qu’il ne le fait en ce moment. Et pour cela, comptons d’abord sur nous-mêmes, sur notre créativité, sur notre sens de la solidarité, sur la fraternité.
Soyons réalistes, il ne suffit pas de demander aux gens de rester chez eux. Il s’agit de leur offrir de solutions concrètes pour vivre un isolement source de salut, mais qui ne peut pas ressembler au confinement européen.
Ainsi, s’il n’y a pas de vendeuse de bouillie, de pain, de kom, au coin de la rue, non seulement beaucoup d’entre nous, ne mangeront pas le matin, mais les familles de ces vendeuses ne tiendront pas le coup. La faim va s’ajouter aux malheurs du virus.
S’approvisionner tous les jours en nourriture est incontournable pour tous ceux, la majorité des habitants de la ville de Lomé, qui n’ont pas de moyens de conservation frigo ou congélateur, et tous ceux qui vivent de leurs revenus au jour le jour.
Que pouvons-nous faire nous qui sommes concernés ?
L’idéal serait que les vendeurs et vendeuses de nourriture portent masques et gants, et que les acheteurs respectent une certaine distance devant les étals. Oui il n’y a pas de masques et de gants que ces personnes pourraient acquérir : mais nous les croyants, ce que nous aurions donné aux différentes quêtes, durant toutes les célébrations qui sont supprimées, ne pourrions-nous pas le 2 donner pour qu’on se procure ces outils de protection rapidement ? Où et comment, me demanderez-vous, n’est-ce pas ? Parmi nous les croyants, il y a des personnes qui ont des contacts en Chine, tous les commerçants qui allaient en Chine par exemple, pourquoi ne pas faire jouer nos relations à ce sujet ?
Ma sœur, mon frère croyant, il ne s’agit pas de se lancer dans des actions de grande envergure, mais de se concerter à 5, 6, une dizaine de personnes tout au plus, pour faire ce que chacun peut autour de lui. Même celui qui n’a pas d’argent, le jeune par exemple, peut aider à faire respecter la distance d’un mètre entre les personnes dans son quartier là où on vend de la nourriture le matin. Pour cela, il vaut même mieux être à plusieurs pour en profiter pour faire de la sensibilisation à propos du lavage des mains, entre autres bonnes habitudes à prendre.
Je reviens aux masques : savez-vous qu’en Europe même, des gens se mettent à les coudre ? Nous disposons d’une armée de tailleurs et couturières, qu’on nous dise le type de tissu qui pourrait être le plus adapté simplement, car un masque lorsqu’on est dehors, et c’est obligatoire de sortir pour beaucoup de gens, c’est mieux que rien du tout, même si ce n’est pas un masque chirurgical. Alors ma sœur, mon frère croyant, qui a les compétences pour répondre, quel tissu ? Et comment vous organiseriez vous entre tailleurs et couturières du même quartier, ma sœur, mon frère croyant ? C’est le moment d’en discuter !
Et le gel hydro alcoolique ? Il en faudrait dans toutes les maisons, dans les commerces, les boutiques, etc. La formule en a été diffusée par l’OMS. Je ne peux pas la donner ici car il faut que ce soit fabriqué par des personnes qualifiées. Par ailleurs il ne faut pas que des escrocs s’emparent de la formule et en fassent des ersatz qu’ils vendraient, en jouant avec la santé et la vie des gens. Un litre revient à 5000 CFA, si on le fait en petite quantité et si on n’est pas subventionné.
Pourrions-nous trouver des fonds pour en financer et en subventionner la fabrication à grande échelle ? Et que pourrions-nous faire pour les contenants ? Ma sœur, mon frère croyant, soyons inventifs ! C’est une question de vie et de mort. J’en appelle au personnel paramédical et à tous ceux qui ont été formés en Santé Publique, pour gérer la première distribution de ce gel, et ensuite la distribution se ferait quartier par quartier, marché par marché, maison par maison, en même temps que la sensibilisation à son utilisation efficiente.
J’ai parlé tout à l’heure de stocks alimentaires et même d’eau potable, ma sœur, mon frère croyant, ne pourrions-nous pas constituer nos stocks personnels en pensant à deux ou trois familles voisines que nous pourrions aider si la situation devient critique ? Pensez aux conducteurs de zemidjan, par exemple, si la circulation venait à être restreinte, quels seraient leurs moyens de survie ?
J’en viens aux écoles. Décréter la fermeture des écoles, c’est facile mais pour beaucoup de parents, garder les enfants à la maison, est un problème : il y a d’abord toutes les personnes qui travaillent et pour qui l’école était une opportunité de garde, et puis il y a la garde des enfants dans nos cours communes. Que faire ? Nous devons d’ores et déjà nous organiser pour cela. Ma sœur, mon frère croyant, soyons créatifs et proactifs, anticipons pour ne pas courir à la catastrophe !
Mais s’il y avait tout de même beaucoup de malades ? Nous ne devons pas nous voiler la face à ce sujet, même si toutes nos prières demandent à celui auquel nous croyons de nous éviter le pire. Nous n’avons pas de structure de santé pour faire face à une telle éventualité mais nous avons vu ce que les Chinois sont capables de faire en ce sens.
Pourquoi ne pas faire appel à eux ? Il existait une association Amitié Chine-Togo, est-elle toujours opérationnelle ? Et ma sœur, mon frère croyant qui en faisait partie, ou qui connait des gens qui en faisaient partie, ne pourrais-tu pas te dire que ce serait ta contribution de mettre en œuvre un plaidoyer pour au moins un centre pour accueillir les malades les plus atteints ?
Si nous y parvenons, alors des croyants, médecins, infirmiers et infirmières, aides-soignants et aides-soignantes, sages-femmes, techniciens d’hygiène et de laboratoire, étudiants en soins infirmiers et en médecine, tous croyants, viendraient y donner un peu de leur temps et de leurs compétences, au nom de leur foi.
Ma sœur, mon frère croyant, je ne prétends pas avoir réponse à tout, et évidemment certaines de mes propositions ne tiennent pas la route, mais mon problème n’est pas d’être la personne qui a réponse à tout, ma préoccupation c’est que nous arrivions à nous mettre en mouvement, en ne comptant que sur nous-mêmes, d’abord.
Ma sœur, mon frère croyant, il y a urgence, levons-nous en frères et sœurs, au nom de notre foi, et nous ferons reculer le coronavirus.
Mme Maryse Quashie
Source : Togoweb.net