Covid-19 au Togo : Les médecins remerciés en monnaie de singe?

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ministre de la santé Moustafa Mijiyawa covid-19

Malgré les risques de contamination auxquels ils sont constamment exposés, les médecins togolais ne lâchent pas prise. Ces valeureux professionnels de la santé ne diluent leur plein engagement contre la pandémie à Coronavirus qui a déjà contaminé près de 1300 personnes au Togo. Toutefois, tout semble dire que cet engagement salvateur est moins apprécié par l’autorité togolaise.

Les médecins togolais sont-ils en passe d’être remerciés en monnaie de singe? La question est plus que légitime, au regard des derniers développements de l’actualité, en ce qui concerne la lutte contre la maladie à Coronavirus (Covid-19) au Togo.

En effet, les contaminations des personnels soignants sont en hausse constante depuis quelque temps. À la date du 15 août 2020, les chiffres actualisés estiment à 63, le nombre de cas positifs enregistrés au sein du personnel médical, très exposé de par leur proximité avec les malades.

Inquiéte de cette situation inconfortable, le Syndicat des praticiens hospitaliers du Togo (Synphot) a réuni, le vendredi 14 août dernier, ses points focaux des quarante-quatre (44) districts sanitaires du Togo. Ceci,aux fins de réfléchir sur l’adoption des meilleures stratégies en vue de la sécurité des soignants en cette période de coronavirus.

Le diagnostic du Synphot

À l’issue de cette Assemblée générale extraordinaire, les agents soignants, membre de ce syndicat, dans une analyse diagnostique, pointent du doigt accusateur, l’insuffisance de moyens de protection. Ainsi, aux termes de la rencontre, il a été lancé, un appel pressant à l’endroit du gouvernement en faveur de leur dotation en logistique et du renforcement de leur effectif. «Nous en appelons au gouvernement de faire plus d’efforts pour que les matériels de protection arrivent à temps dans les hôpitaux et de renforcer l’effectif du personnel de santé dans les centres pour anticiper une explosion des cas», a indiqué Soulima Niwa, le Secrétaire Général Adjoint du Synphot au sortir de la rencontre. Et d’expliquer ce besoin pressant par l’évidence selon laquelle, « si l’épidémie venait à exploser, on aura beaucoup plus de sollicitation ».

La rame à contre-courant du Prof Mijiyawa

Cette sortie, à l’analyse de nombre d’observateurs, vient à point nommé puisqu’elle pose à la fois les réels problèmes et trace également les sillons d’un dénouement heureux du nœud. Malheureusement, l’autorité ne semble pas faire la même lecture de la situation.

En effet, pour le ministre de la Santé et de l’Hygiène, le Prof Mijiyawa Moustafa, le problème ne saurait être pris du point de vue moyens matériels et d’effectif, mais plutôt sous l’angle de non respect par le corps médical des mesures barrières prescrites. C’est, du moins, l’interprétation qui transparaît de sa note circulaire en date du 12 août envoyée aux directeurs régionaux et de la santé, aux directeurs d’hôpitaux et aux responsables des syndicats et associations corporatistes de la santé.

Dans cette correspondance, le Prof Moustafa Mijiyawa estime que «l’État fait des efforts pour mettre à disposition des formations sanitaires, du matériel nécessaire pour la protection du personnel». Et , par conséquent, «les agents doivent, à leur tour, prendre des dispositions pour respecter les mesures barrières et préventives». C’est ainsi qu’il préconise donc la sensibilisation de tout le personnel de la santé sur l’application des mesures de prévention. En l’occurrence le porte systématique et correct du masque de protection, le lavage régulier des mains à l’eau et au savon ou avec des gels hydroalcooliques autant que possible. Diantre !

Remerciements en monnaie de singe?

De toute analyse faite, il en résulte que tenter, par des subterfuges, de résumer à l’indiscipline les causes de l’augmentation inquiétante des cas de contamination au sein du personnel soignant, pour un ministre de la Santé, qui plus est médecin, sonne comme du mépris, mieux encore une insulte à la mémoire et à l’intelligence de ces professionnels de la santé. Parler ainsi à ces vaillants femmes et hommes qui se battent au quotidien au péril de leur vie et celle de leurs familles, est non-seulement une fuite en avant qui ne résoudra pas d’un iota le problème, mais aussi c’est une volonté manifeste de les prendre pour des ignorants. Ce qui est encore plus grave. Les médecins se saignent déjà et méritent, dès lors, mieux que ce plat à la soupe de mépris et d’ingratitude.

Source : Fraternité

Source : 27Avril.com