Les rideaux sont tombés sur le premier forum Togo-UE le vendredi 14 juin dernier à Lomé. Si cette rencontre est à ranger dans la catégorie des autres sommets organisés par le régime qui n’ont apporté aucun résultant tangibles malgré les milliards engloutis dans ces évènements, la polémique sur le traitement des médias nationaux ne retombent pas. Sur les réseaux sociaux et les plate formes de discussions, les tirs groupés contre les organisateurs de ce forum qui ont privilégié les médias internationaux à la presse locale sont nourris. Un mépris que ne digèrent par les professionnels de la presse au Togo.
Le 19 juin, invités à une conférence de presse-bilan du forum au siège de ETI (ECOBANK) à Lomé, il a fallu aux membres du Comité d’organisation, particulièrement le ministre du Commerce et du Secteur privé du tact et beaucoup d’humilité pour faire baisser la tension. Toujours dans la foulée, des sources renseignent que la chaine CNBC-Africa invitée à couvrir cet évènement, a eu un cachet de 200 000 dollars (100 millions de FCFA). Un scandale qui empoisonne les couloirs de la présidence et suscite la colère de certains membres du Comité d’organisation.
Cette chaîne basée aux USA avec des antennes autonomes en Afrique était dans le lot des médias étrangers confiés à grands frais pour couvrir ce forum. Un tour sur le site de ce média a permis de constater qu’elle n’a pas fait grand-chose à part deux interviews au Premier ministre Selom Klassou et à Malik Kanka Natchaba. Une couverture bien en deçà du montant des 200 000 dollars qu’il aurait perçu. Pour s’assurer des faits la Rédaction a pris contact avec la chaîne mère aux USA qui nous a renvoyé vers ses filiales autonomes en Afrique au Rwanda, en Afrique du Sud et au Nigeria.
La Rédaction s’est adressée à l’ensemble de ces trois filiales, et à chaque niveau, les interlocuteurs au bout du fil ne voulaient pas trop parler préférant renvoyer l’interlocuteur vers les organisateurs du forum, notamment les autorités togolaises. La Rédaction s’est adressée au Directeur de la communication de la Présidence de la République, Toba Tanama, sur le cachet de la CNBC. Visiblement embarrassé et très nerveux, il s’est perdu en conjectures : « Vous êtes sérieux là? Quand vous vous allez couvrir les évènements, combien vous êtes facturés ? Ecoutez, vous comprenez très bien que je ne peux pas, parce que vous m’aviez appelé au téléphone que vous dites que vous êtes telle personne, que vous êtes journaliste de L’Alternative, et que je vais répondre à vos questions. Ça ne fera même pas sérieux pour vous ni pour moi. Qu’est-ce qui empêche quelqu’un de m’appeler que je suis journaliste de tel et me poser des questions et je vais répondre? Qu’est-ce qui l’empêche ?».
C’est bien triste, parce que ce n’est pas ce genre de réponse qu’on attend d’un responsable à la communication de la Présidence dont la mission est de soigner l’image de son institution en toute courtoisie et en trouvant les mots justes. Le mépris affiché et le refus de répondre aux questions alors que le journaliste a décliné son identité et celle de son organe n’a pas suffi pour infirmer l’information sur le cachet des 200 000 dollars. Au contraire ! Quoi qu’il en soit, cette histoire de cachet perçu par cette chaine frise un scandale et renseigne sur la mafia, l’escroquerie qui entoure les différents sommets et forums que le Togo organise depuis un certain temps à coup de milliards.
Des réseaux de coupeurs de route se sont organisés à la Présidence, avec des tentacules dans certains ministères, pour s’enrichir à travers ces évènements. Vu les intérêts énormes en jeu, ces réseaux n’hésitent pas à s’affronter, mettant les bâtons dans les roues des uns et des autres. L’échec de la communication autour du forum Togo-UE découle des conflits larvés entre ces groupes d’intérêts.
Du reste pour revenir sur la question des 200 000 dollars, environ 100 millions de francs CFA voire un peu plus, selon la fluctuation du dollar, cette somme faramineuse aurait pu servir à construire des salles de classes en lieu et place des hangars qui existent partout sur le territoire ; construire, rénover ou équiper les dispensaires ou faire des forages pour soulager les souffrances des populations.
Malheureusement, dans un système où tout le monde cherche à s’enrichir, l’arrivée du PND et sa mise en œuvre risquent d’être une escroquerie d’Etat si elles ne le sont déjà.
Source : L’Alternative
27Avril.com