Cours magistral à Gilbert Bawara, Chapitre 1er : le concept « criminel »

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Cours magistral à Gilbert Bawara, Chapitre 1er : le concept « criminel »

La communication est un art, un domaine bien précieux qui mérite assez d’importance. Alors, si beaucoup s’accordent là-dessus, ils auraient aussi très tôt compris qu’en politique, le choix des termes dans sa communication relève parfois du génie et nécessite un degré d’intelligence, une présence d’esprit, voire une certaine prudence surtout lorsqu’on se retrouve fortuitement dans le rôle et dans la toge d’avocat des causes obscures. Connu pour ses maladresses, ses multiples errements politiques à chaque prise de parole sur un débat d’intérêt national, Gilbert Bawara, ce ministre gaffeur patenté de la République, a franchi le Rubicon il y a quelques jours, en forçant une logique que même au marché d’Akpakpa au Benin, nul ne voudrait jamais en être l’auteur. En parler, c’est le libérer.

Gilbert Bawara, ce nom suffit pour faire dégueuler bon nombre de Togolais parce que l’image qui définit l’homme ou la personne qui l’incarne exprime véritablement du dégoût du fait de son incontinence verbale, ses attitudes belliqueuses unies aux propos déshonorants dont il a seul le secret.

Gilbert Bawara, c’est en réalité ce ministre à plusieurs sobriquets et dont par pudeur, l’on se réserve le droit de n’en citer aucun. Cependant, les gaffes répétées de l’être exigent que l’on lui rappelle que blesser parfois la décence, oblige à se demander le pourquoi la présence d’une quelconque existence. Car certaines attitudes, des actes ou des propos de quelques individus, commandent souvent à s’interroger fortement sur l’essence même de leur existence. Le verbe est cher, l’on doit savoir en chercher pour ne pas se ruiner.

« Vous ne pouvez pas avoir un Messi à Barcelone, en pleine possession de ses moyens, dont l’expérience n’est disputée par personne, et pour un match décisif, vous les mettez à la touche. C’est que vous êtes criminel. C’est une évidence que Faure Gnassingbé sera candidat en 2020. Il n’y a pas de raison qu’une équipe comme Barça joue la Champions League, laisse son champion le plus aguerri, le plus expérimenté et qui a déjà démontré sa personnalité bien connue des Togolais ».

Si vous en doutez, c’est ce que le ministre Bawara a pu accoucher pour encenser son patron. Mais, le terme vedette de sa pensée, mérite qu’on puisse perdre un peu de temps pour en parler. Il s’agit de : « criminel ».

Criminel : Personne coupable d’un crime. Cette définition est unanime et renvoie toujours aux attitudes ou comportements des individus qui vont à l’encontre des valeurs communes ou qui menacent la paix et la sécurité intérieures de la société. Ce faisant, ils commettent un crime. A titre d’exemple, le vol, si non le vol des élections, est un crime. Le meurtre ou l’homicide volontaire des électeurs, est un crime. L’arrestation arbitraire puis détention des acteurs qui s’élèvent contre l’autocratie, est un crime. Les voies de faits sur de paisibles populations qui réclament la bonne gouvernance, les prises d’otage politiques, tous ces actes précités qui sont incompatibles avec la vie en société, ne sont que des crimes. Et tous ceux qui s’adonnent à ces pratiques malveillantes et répréhensibles au sien de la société sont des personnes coupables de crime, donc des criminels. Ainsi, ceux qui ont marché sur le corps de 400 à 500 personnes selon les Nations Unies pour accéder à la magistrature suprême, sont des criminels. Ceux qui ont tiré à balles réelles sur de petits enfants et abattus deux élèves en uniforme alors qu’ils manifestaient à mains nues pour réclamer leurs enseignants en grève, sont des criminels. Les commanditaires et les exécutants du meurtre d’un enfant de 11 ans qui se préparait pour prier Allah, sont des criminels. Ceux qui étouffent les libertés publiques sous la bénédiction des Kalachs, ceux-là, rassemblent tous les critères qui définissent un homme criminel. Donc la nuance, ce n’est pas ceux qui refusent de collaborer avec les personnes coupables de crime qui sont « criminels », mais plutôt ceux qui veulent maintenir à tout prix et à tout sang au sommet de l’État, les personnes coupables de crime, c’est bien ceux-là qui se retrouvent dans la définition du terme criminel.

Au 21e siècle, beaucoup doivent normalement comprendre les exigences du monde présent et apprendre à vivre et à se comporter selon ces exigences. « Le peuple aspire au changement de manière périodique et la limitation de mandats lui offre cette opportunité », souligne le président Issifou Mahamadou du Niger qui rassure aussi que cela renforce à long terme les institutions démocratiques de la République, contribue au transfert pacifique du pouvoir et favorise la croissance économique.

Démocrate convaincu, convainquant et conquérant, le président nigérien, du haut de son statut d’homme d’État, indique que « les détenteurs du pouvoir sont portés à en abuser et cela se vérifie d’autant plus que leur présence au pouvoir est longue. C’est dire que l’usure du pouvoir peut conduire au despotisme, au clanisme et à l’inefficacité ». Malheureusement, c’est au moment où l’Afrique à travers le Sommet des Anciens Chefs d’État africains tenu en octobre dernier à Niamey, se prononce contre le 3e mandat de trop sur le continent que Gilbert Bawara, ministre depuis un certain temps, comme il aime à le revendiquer, pense que c’est « criminel » de laisser à la touche leur « Messi champion », celui qui, dans quelques mois, bouclera son 3e mandat. L’on ne cessera jamais de le dire, la meilleure intelligence est bien celle qui se met au service de la masse et pour cause ! Tout dirigeant doit être à l’écoute de ses populations.

Aussi faut-il ajouter que nul n’a le monopole de la connaissance et ainsi, nul n’est prédestiné à diriger éternellement une nation. Ce qui signifie que « si un dirigeant pense être le seul capable d’unir sa nation, alors ce dirigeant n’a pas réussi à réellement bâtir son pays (…) Nelson Mandela et George Washington ont laissé un héritage durable en quittant leurs fonctions et en transmettant le pouvoir pacifiquement, » renseigne l’ancien président des USA, Barack Obama qui, sûrement, a inspiré le président Mahamadou Issifou lorsque ce dernier déclarait : « J’ai beau chercher, (mais) je ne trouve aucun argument qui justifierait que je me sente irremplaçable…nous sommes 22 millions de Nigériens, pourquoi aurais-je l’arrogance de croire que nul ne peut me remplacer ? ».

Alors, déifier Faure Gnassingbé et l’encourager à continuer à la tête de l’État au grand dam des populations togolaises, c’est lui faire plus de mal que de bien. Le pouvoir use et ce n’est pas le président togolais qui démentirait cette assertion. Au bout de dix ans de gouvernance, l’on n’a véritablement rien de plus à offrir à sa nation que ce qui a été déjà fait. Mais tenter de se maintenir, conduit inexorablement au despotisme, au clanisme et à l’inefficacité de gestion sous peu évoqués. Quant aux hypocrites troubadours gravitant autour du président, l’incitant à continuer, en vérité, ceux-là ne pensent qu’à leur panse, sans jamais vouloir rendre service au Chef de l’État et à la nation tout entière.

S’agissant du ministre Bawara, son mal, c’est que l’homme demeure dans une surestimation de sa personne, ce qui sinistrement le conduit et sur un ton plein de morgue, à souvent tenir des propos désobligeants, arrogants, insultants et révoltants. Il se distingue par un pédantisme assez particulier qui rappelle L’Albatros de Charles Baudelaire dans Les Fleurs du mal. Or, « le zèle outrancier ou le culte de la personnalité est un exercice très dangereux qui tue la science, qui tue l’intelligence, qui tue l’homme et son intellect… Si vous ne l’avez pas encore expérimenté, de grâce, ne vous aventurez pas, » disait un professeur de philosophie. Alors, l’urgence aujourd’hui, est de tout faire pour sauver le ministre Bawara de sa suffisance, l’aider rapidement à la circonscrire afin de lui éviter au maximum des ennuis. Car, qu’on le veuille ou non, Gilbert Bawara reste un homme très intelligent qui a juste besoin de quelques orientations pour ne pas se mettre à dos les populations. Il en va pour son intérêt et pour celui de la nation.

Ainsi, s’achèvent les explications sur le concept « criminel ». C’est alors sûr que monsieur le Ministre Bawara ne fera plus de confusion dans l’emploi dudit terme. C’est l’essentiel.

Source : LaManchette. net

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