Cours en ligne: et si le ministre Atcha se posait les bonnes questions

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A l’intention des élèves en classes d’examen, le gouvernement togolais prévoit des cours à distance, notamment par internet, à la télé et à la radio. Cette mesure sur laquelle a levé le voile le ministre en charge des Enseignements Primaire et Secondaire vise essentiellement à sauver l’année scolaire 2019-2020 que le gouvernement veut tout sauf blanche. Certes appréciable, la mise en œuvre de cette mesure ne serait sans couac.


 COVID-19 et risque d’année blanche : la thérapie du gouvernement

Au Togo, les écoles sont fermées depuis le 20 mars dernier. A ainsi décidé le gouvernement pour éviter la propagation de la pandémie qui sévit actuellement dans le monde. Mais parallèlement aux efforts conjugués en vue de lutter contre le nouveau Coronavirus au Togo, l’Exécutif national travaille également à sauver l’année scolaire.

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En début de semaine, le ministre des Enseignements Primaire et Secondaire a annoncé la mise en œuvre des mesures spéciales en vue d’accompagner les apprenants dans ces moments de crise sanitaire. Il s’agit, plus précisément, des cours à distance et en ligne, notamment via la télé, la radio et l’internet pour les élèves en classes d’examen.

«De nouvelles dates ne peuvent pas être fixées actuellement, ni pour la réouverture des écoles, ni pour les différents examens, vu l’incertitude de la situation. Mais à situation de crise, une gestion de crise », a notamment déclaré le ministre Affo-Dédji Atcha.

Pour lui, la priorité actuellement est la lutte contre la maladie au Coronavirus. Mais juste après, le gouvernement passera à la réorganisation de l’année qui a déjà bouclé 75% du programme. D’où justement cette mesure en vue non seulement de mieux accompagner et préparer les candidats à affronter les différents examens dans les conditions optimales, mais aussi et surtout à sauver l’année scolaire.

Bien…mais alors…

A priori, cette innovation louable mérite appréciation de l’opinion. En ce sens qu’elle permettra de contourner amplement le handicap que constitue le COVID19 et s’aligner, ainsi, dans les rangs des pays en développement qui, malgré tout, confèrent une place de choix aux innovations technologiques, à l’instar du Rwanda. Mais seulement voilà !

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Plusieurs sont les réalités qui sont susceptibles d’hypothéquer objectivement la mise en œuvre de cette mesure. S’il est salutaire que le gouvernement ait déjà déboursé une somme en guise de mesure d’accompagnement pour une catégorie d’enseignants, à en croire le ministre Affoh Dedji, il est aussi à dire quele quotidien de ces techniciens du savoir ne serait pas du tout rose surtout pour ceux n’ayant pas encore bénéficié de ces fonds comme les Enseignants Volontaires (EV).

Et si on se posait les bonnes questions ? En effet, c’est un secret de polichinelle que la mauvaise gouvernance solidement ancrée en Afrique a instauré une disparité criarde entre les milieux de vie dans les pays africains. Et le Togo n’en est malheureusement pas exempte.

Au Togo, malgré la politique d’innovation technologique en cours depuis ces dix dernières années, force est de constater que nombreux sont mis encore sur le carreau. Surtout les milieux ruraux qui manquent duminimum vital.

Que dire donc de l’électricité qui ne couvre pas encore toutes les localités, encore mieux les villages, voire les ménages au Togo. Et dans un contexte national où des élèves doivent parcourir des dizaines de kilomètres à pieds pour s’offrir une école, la télévision ou encore le poste récepteur restent, à n’en point douter, des objets de luxe pour une catégorie de citoyens, il serait illusoire de vouloir garantir une chance équitable à ceux-ci et les apprenants des milieux urbains et ceux des écoles internationales déjà outillés.

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L’autre équation, celle des cours par internet, se heurte à une autre réalité. Non seulement une grande frange des apprenants maîtrise moins l’outil informatique, nombreux sont également ceux qui ne disposent pas d’un ordinateur portable pour leur navigation sur internet. Plus loin encore se pose la question de la qualité peu désirable de la connexion, surtout dans les milieux encore plus reculés du pays.

En somme, l’idée est théoriquement louable. Mais elle ne saurait être tenable dans les conditions actuelles du pays. Auquel cas, à l’étape de l’évaluation, le pire n’est pas à exclure. « Vous n’aurez même pas 20% d’admis dans les classes d’examens, si vous procédez ainsi », alerte déjà Dr. Christian Spieker à l’endroit du ministre en charge des

Enseignements Primaire et Secondaire. Pour le candidat déclaré à la dernière Présidentielle, « ce n’est pas parce que certains pays européens procèdent ainsi que vous allez les imiter ». Car, estime-t-il, prendre une telle décision pour organiser les cours à distance pour sauver vaille que vaille reviendrait pour beaucoup de Togolais à dire que les gouvernants ignorent totalement la réalité de ce que vivent les gens au Togo.

Comme l’estime Dr. Christian Spieker, c’est une évidence indéniable que, même à Lomé, la capitale, il serait difficile pour un parent d’élève, dans un contexte si particulier de récession comme celui en cours, d’avoir la possibilité d’offrir les moyens des cours à distance à ses enfants. Ceci, surtout par le biais de l’internet, avec le prix des forfaits en vigueur.

Flambeau des Démocrates No 633

Source : Togoweb.net