Le régime de Faure Gnassingbé restreint considérablement la liberté de manifestation publique, obligeant involontairement ses contradicteurs à chercher d’autres moyens pour se faire entendre.
Ce mercredi 7 août 2019, la loi Bodjona, du nom de l’ancien ministre de l’Administration territoriale, de la Décentralisation et des Collectivités locales, a été édulcorée. Des dispositions liberticides y ont été introduites. Preuve que le pouvoir en place ne veut plus voir ses opposants manifester publiquement leur ras-le-bol ou dénoncer la mauvaise gouvernance, le népotisme, le clientélisme…
La nouvelle loi, disons-nous, comporte un certain nombre de dispositions qui remettent en cause la liberté de manifestation consacrée par la Constitution togolaise. L’article 9-1 de la nouvelle version stipule que « Dans le cadre des réunions ou manifestations ou réunions pacifiques publiques, l’itinéraire comporte un seul point de départ, un seul tronçon de route et un seul point de chute ».
Pour des raisons stratégiques, économiques voire sécuritaires, il est désormais interdit des manifestations sur les routes nationales, dans les centres urbains, dans les zones des institutions de la République et des organisations internationales…
« Le nombre de manifestations organisées par semaine dans une ville peut être limité par l’autorité administrative compétente en fonction de la disponibilité des forces de sécurité et de l’ordre devant être affectées à l’encadrement desdites manifestations », insiste la nouvelle loi.
Les contorsions apportées à la loi du 13 mai 2011 sont d’autant plus inquiétantes qu’elles autorisent le gouvernement à agir contre les libertés publiques quand il le désire.
Cette nouvelle initiative montre clairement que le pouvoir s’inscrit dans la logique de conservation du pouvoir à vie. En dehors de la caporalisation des institutions, il veut enlever aux citoyens dont la majorité souhaite une alternance au sommet de l’Etat l’arme de manifestation. « Mais il se trompe », soupire un observateur avisé de la scène politique togolaise qui ajoute que « tout peuple devient imprévisible lorsqu’il est acculé, poussé dans son dernier retranchement ».
« Involontairement, le pouvoir désarme l’opposition, mais arme plutôt le peuple à agir contre lui », enchaîne un autre qui souligne par ailleurs « qu’aucun régime n’est arrivé dans l’histoire à bout d’un peuple déterminé à arracher sa liberté ». La nouvelle loi peut dans ce cas, s’avérer être un mal pour un bien.
A.H.
Source : www.icilome.com