Coronavirus: faut-il faire confiance aux masques en tissus ?

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Tout comme la pandémie elle-même, le débat planétaire sur le port des masques contre la propagation du Covid-19 est plus que jamais d’actualité. Les masques sont-ils nécessaires aux personnes non contaminées ? Les pays les plus touchés remanient leur doctrine.


La France et les Etats recommandent désormais à leurs populations les masques même les « non-conventionnels » .Une alerte pour l’Afrique à valoriser et préconiser à tous, les  « masques en tissu » surtout dans le contexte mondial actuel où la Chine vend au plus offrant.

Jugés au début « inutiles » pour les personnes non-porteurs de la maladie, la position sur le port des masques évolue. Ce discours qui soutenait que « les masques sont destinés au personnels soignants et malades », pour certains vise avant tout à éviter une ruée du grand public vers les masques en pénurie. On risque de leur donner raison.

Depuis quelques jours, les discours changent. De plus en plus de pays à l’instar de la France et les Etats Unis conseillent ces protections à leurs citoyens, au risque même de semer la confusion. « Tantôt, il ne faut pas utiliser les masques, tantôt il  faut l’utiliser. Tout est flou », l’illustre bien ces propos d’un internaute.

 Egarement de l’Europe et des Etats Unis

Dans une interview publiée le 27 mars par la revue américaine Science, George Gao, le directeur du Centre chinois pour le contrôle et la prévention des maladies, avait critiqué l’absence de masques aux Etats Unis et en Europe. 

«La grande erreur aux Etats-Unis et en Europe : les gens ne portent pas de masque. Ce virus est transmis par des gouttelettes et par contact étroit. Les gouttelettes jouent un rôle très important : vous devez porter un masque, car lorsque vous parlez, il y a toujours des gouttelettes qui sortent de votre bouche. De nombreuses personnes souffrent d’infections asymptomatiques ou présymptomatiques. Si elles portent un masque, cela peut empêcher les gouttelettes porteuses du virus de s’échapper et d’infecter d’autres personnes.», a-t-il affirmé. Depuis cette sortie, les discours officiels s’infléchissent.

Changement de discours

En France, le Directeur général de la santé, Jérome Salomon a confirmé vendredi 3 Avril 2020, l’utilité des masques, demandant à la population de recourir aux masques artisanaux.  Déjà la veille,  dans un avis publié, l’Académie Française  de Médecine écrit : «En situation de pénurie de masques et alors que la priorité d’attribution des masques FFP2 et des masques chirurgicaux acquis par l’Etat doit aller aux structures de santé (établissements de santé, établissements médico-sociaux, professionnels de santé du secteur libéral) et aux professionnels les plus exposés. L’Académie Française  de Médecine recommande que le port d’un masque “grand public”, aussi dit “alternatif”, soit rendu obligatoire pour les sorties nécessaires en période de confinement.»

L’institution invite les français à consulter un “tuto” sur YouTube,  dans lequel un expert en risque biologique et infectieux apprend à fabriquer un masque avec une serviette en papier et 2 élastiques. Ces masques, qui peuvent être fabriqués chez soi, selon l’Académie ne filtrent pas l’air, mais contribuent à éviter les projections pour les personnes qui seraient porteuses du virus sans en présenter les symptômes.

Le président américain Donald Trump et le et le maire de New York Bill de Blasio se sont eux aussi ralliés à l’idée de se protéger désormais la bouche et le nez en public. « Vous n’avez qu’à utiliser une écharpe », a dit la semaine dernière la Maison Blanche. « Ça peut être une écharpe, quelque chose que vous avez fabriqué chez vous, un bandana », précise Bill de Blasio.

En Allemagne, l’Institut Robert-Koch, l’établissement de référence en santé publique, a également encouragé, vendredi 4 avril, l’utilisation de masques faits maison. Il n’y a « pas encore de preuve scientifique » qu’ils limitent la propagation du virus, mais cela « semble plausible », a estimé son président, Lothar Wieler.

Un avis partagé, dans l’Hexagone, par l’Académie de médecine, qui a recommandé le port généralisé du masque, y compris pour des modèles moins performants que celui des soignants. Dans certains pays d’Europe le port d’un masque de protection est désormais obligatoire. C’est notamment le cas de la République Tchèque et de la Slovaquie et de la Slovénie.

Prenant exemple sur des pays d’Asie comme en Corée du Sud où le port du masque a montré son efficacité, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) a également ouvert la voie au port élargi de masques artisanaux par le grand public afin de limiter la propagation du Covid-19.

«Nous devons réserver les masques médicaux et chirurgicaux aux personnels en première ligne. Mais l’idée d’utiliser des masques recouvrant les voies respiratoires ou la bouche pour empêcher que la toux ou le reniflement projette la maladie dans l’environnement et vers les autres n’est pas une mauvaise idée en soi», déclare Mike Ryan, expert en situations d’urgence à l’OMS, lors d’une conférence de presse.

Une guerre des masques

Il va sans dire que dans un tel contexte, la concurrence pour se procurer des masques  se durcit  et la Chine où sont fabriqués les masques chirurgicaux vend au plus offrant. Les grandes puissances avec à leur tête les États-Unis, font monter les enchères en Chine.

Ces derniers jours, plusieurs pays dénoncent en outre, les détournements et vols de masques. « Des avions chargés de masques destinés à la France ont été détournés par des Américains », dénoncent les médias français. À Berlin, les autorités regrettent également des actes de piraterie.

La police allemande devra encore attendre avant de recevoir ses masques. La cargaison qui lui était destinée s’est volatilisée sur le tarmac d’un aéroport chinois. Des masques qui devaient prendre le chemin du Canada auraient été également revendus au plus offrant alors que les stocks s’apprêtaient à quitter la Chine.

Une alerte pour l’Afrique

Cette situation interpelle donc les pays africains à encourager la fabrication des masques artisanaux destinés à la population, bien sûr avec l’encadrement et conseils des médecins. Aujourd’hui avec l’internet, les médecins africains  peuvent aussi faire des tutos  pour donner des conseils aux couturiers et bricoleurs locaux en termes de qualité de tissu à utiliser, de  dimensions et conditions d’hygiène à respecter etc….pour que ces protections répondent à des normes de fabrication spécifiques. 

Le port des masques doit être d’ores et déjà rendu obligatoire par les états africains qui pour la plupart disposent de systèmes sanitaires très fragiles.

Au demeurant, les populations doivent comprendre elles-mêmes la nécessité d’utiliser ces bavettes pour réduire la propagation du virus.

Si les masques chirurgicaux sont disponibles pour toute la population, tant mieux. Mais à défaut, il urge de mettre les « masques en tissu », c’est mieux que rien.

Mais attention aux mauvais gestes

Avant de porter un masque, que ce soit un masque chirurgical ou en tissu, il faut prendre  des précautions, car selon les spécialistes, mal utilisé, il peut devenir une source d’infection à cause des germes qui peuvent s’y déposer. Lavez-vous bien les mains avant de le mettre. Faites attention à ce que le masque recouvre bien votre visage de la bosse du nez jusqu’en bas de votre menton.

Il ne faut pas toucher le devant du masque, si vous le touchez par accident, lavez-vous les mains. Si votre masque s’humidifie, il faut le remplacer par un nouveau et il ne faut pas réutiliser des masques à usage unique. Le masque a une durée de vie de 3 à 4 heures.

Pour l’enlever, retirez les élastiques de derrière vos oreilles, sans toucher le devant, puis jetez-le s’il s’agit des masques à usage unique. En ce qui concerne les masques en tissu, ils doivent être lavés soigneusement après chaque usage.  Bien évidemment, le port du masque doit être associé au maintien de tous les gestes barrières.

Hélène Doubidji

Source : Togoweb.net