Malgré de multiples mesures restrictives, la pandémie à coronavirus continue de se propager au Togo jusqu’à atteindre les plus hautes sphères de l’Etat. Mais contrairement à ce qui se fait ailleurs, les noms des personnes contaminées restent un mystère. Un flou qui contribue à alimenter la polémique sur la maladie.
Depuis plusieurs jours, la propagation du coronavirus s’est accélérée au Togo. De 1000, le 05 août dernier, le pays comptait à la date du 07 septembre 2020, 1493 cas confirmés. Cette semaine, 16 nouvelles contaminations ont été déjà détectées. Du citoyen lambda aux responsables du pays en passant par les professionnels de santé, nul n’est à l’abri de ce virus qui secoue le monde depuis bientôt un an.
En attendant un éventuel vaccin efficace, les gouvernants misent sur la sensibilisation pour éviter que la situation n’échappe à tout contrôle. Malgré tout, certaines franges de la population restent incrédules. Et l’un des arguments brandis par ces citoyens est le refus des autorités de communiquer le nom des malades dont nombre parmi eux seraient des personnalités.
L’Etat entretien le mystère…
En effet, selon certaines sources, le sommet de l’Etat est aussi fortement touché par la pandémie. Une cible qui va des personnalités de haut rang à des cadres de l’administration. Mais depuis plus de six mois que la maladie sévit au Togo, aucun nom n’a filtré. Ce qui commence par agacer certains observateurs. « Pourquoi au Togo nous voulons faire de coronavirus une maladie de la honte. Alors que ce n’est rien de dramatique. Plusieurs personnalités du centre (région centrale) dont un ministre en fonction sont actuellement testés positifs mais personne n’en parle, on entretient le secret voire le flou autour. Ailleurs (Côte d’Ivoire, Burkina, Niger…) des ministres, chefs d’entreprise, journalistes et autres personnages rendent public le résultat positif de leur test. Ici on en fait un drame, une affaire de honte. Une maladie discriminatoire. Ça doit vite changer », a posté récemment sur les réseaux sociaux le responsable d’un média privé.
En effet, contrairement à ce qui se fait au Togo, dans certains pays de la sous-région, avant même que le gouvernement ne communique sur leur cas, les personnalités contaminées n’hésitent pas à rendre public le résultat de leurs tests. Cela a été le cas notamment au Burkina Faso ou en Côte d’Ivoire.
Depuis mars dernier, plusieurs membres du gouvernement burkinabè notamment les ministres de l’Education, l’Administration territoriale, des Mines, des Affaires étrangères ou encore du Commerce ont été testés positifs. Et tous ont publiquement annoncé leurs résultats.
En Côte d’Ivoire, l’actuel Premier Ministre Hamed Bakayoko n’a pas eu à cacher son test positif à la Covid quand il était encore ministre.
Des démarches citoyennes qui s’expliquent non seulement par le devoir de redevabilité au peuple mais aussi le droit à la vérité. Aussi, les ministres burkinabés pensent-ils au travers leurs récits sensibiliser cette partie de la population qui reste indifférentes aux mesures imposées pour couper l’inquiétante trajectoire de la pandémie. « Les responsables politiques comme civils rencontrent beaucoup de personnes quotidiennement. Donc, si on ne communique pas rapidement sur le cas de ces personnes afin les gens qui sont rentrées en contact avec eux limitent leurs sorties et se soumettent aux tests, la spirale peut devenir difficile à arrêter », a expliqué un médecin.
Outre le Burkina, le Bénin a également indiqué qu’il communiquerait le nom des personnalités malades. « N’importe qui peut être positif au Coronavirus… Même le chef de l’Etat peut être positif au Coronavirus, les ministres peuvent être positifs au Coronavirus. Ce n’est pas un drame », a déclaré le ministre de la Santé béninois, Benjamin HOUNKPATIN.
D’ores et déjà, c’est l’artiste de la chanson Sessimé, guérie de la Covid qui démystifie le mal en sensibilisant ses followers sur ses différents réseaux sociaux.
Dès lors, la question se pose de savoir pourquoi au Togo, on cherche à cacher les noms des responsables infectés ? Surtout que, ce secret alimente la polémique et les différentes théories autour de la maladie. Limitant ainsi la portée de la sensibilisation. Pourtant, il n’y a aucune honte à avoir.
En définitive, au vu de la situation qui se dégrade, l’exécutif togolais doit impérativement revoir sa communication sur le sujet. Et même, s’il se résout toujours à ne pas dévoiler les noms, ces responsables qui, comme tous les grands de ce monde, ont été contaminés, doivent de leur plein gré révéler la vérité aux populations. Il n’y a aucune forme de honte de contracter le coronavirus dans ce contexte de crise mondiale. Il faut plutôt en parler pour protéger les autres.
Source : Fraternité No.369 du 09 septembre 2020
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Source : 27Avril.com