Contresens des élections : Le Togo sous anesthésie

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Contresens des élections : Le Togo sous anesthésie


L’Église Évangélique Presbytérienne du Togo (EEPT) et l’Église Méthodiste du Togo (EMT) ont appelé mardi 4 décembre dernier, le gouvernement à surseoir à l’organisation des élections et à repousser l’échéance de quelques mois.

La raison avancée par ces deux églises pour exprimer cette demande est le « climat de tension et d’inquiétude » qui règne en ces moments dans le pays. « Toute la communauté chrétienne engagée dans l’espérance de l’avent exige de nous responsables d’Église d’interpeller toute la classe politique togolaise sans exception sur le risque d’une exacerbation de la crise sociopolitique et d’une nouvelle dégradation du tissu social. Au vu de tout ce qui précède, nous voudrions, au nom de la primauté de la paix, appeler les autorités compétentes à privilégier la recherche de solutions consensuelles et durables de la crise actuelle», avancent ces deux congrégations dans une déclaration rendue publique mardi 11 décembre 2018.

Le report des élections, a laissé entendre Pasteur Daniel Mawussi Akotia, modérateur de l’EEPT, ne devrait pas être interprété comme le « signe d’une quelconque faiblesse ». Mais, insiste-t-il comme une « preuve d’amour pour le peuple et une manifestation du sens de la responsabilité de ceux-là qui sont aux affaires ».

Cette sortie s’ajoute à celle de la Conférence des Evêques du Togo qui redoute aussi un chaos électoral. En réalité, ce sont les grandes confessions religieuses au Togo qui se sont prononcées pour le report des élections pour éviter le pire. Avant elles, plusieurs organisations de la société civile ont aussi abondé dans le même sens.

A la lumière de la préparation chaotique, il ne fait l’ombre d’aucun doute que le scrutin du 20 décembre ne respecte aucun standard dans le monde si ce n’est dans les grandes dictatures. Et c’est le bon sens qui a illuminé la VicePrésidente du Parlement de la CEDEAO Aminata Toungara qui a aussi demandé l’ajournement des législatives.

« Je souhaiterais que les chefs d’Etat se rencontrent et disent à leur homologue, Faure Gnassingbé de mettre la balle à terre. Il faut qu’ils le fassent pour qu’on reporte les élections et qu’elles se tiennent en mars ou avril 2019 », a-t-elle plaidé. A toutes ces interpellations, le pouvoir de Faure Gnassingbé dit non. Aux autorités religieuses, la présidence de la République trouve qu’elles « devraient une bonne fois pour toutes essayer de prendre de la hauteur ». On peut supposer que la coalition des 14 partis de l’opposition fait de la politique en demandant la reprise du processus électoral. Qu’en est-il alors des autorités religieuses ? Dans tout pays, il existe des autorités morales qui a un moment critique de toute nation, donnent les orientations nécessaires pour redresser la barque.

Au Togo, les chefs traditionnels étant noyautés, il n’y a que les confessions religieuses crédibles qui assurent l’équilibre de la société togolaise.

C’est bien surprenant que Faure Gnassingbé et sa famille qui recourent souvent au Vatican, foule au pied les déclarations de l’Eglise catholique. On a souvenance du rôle joué par la Communauté Saint ’Egidio dans le dégel politique au lendemain des massacres de 2005. On se rappelle le nombre de fois que Faure Gnassingbé et sa mère Sabine Mensah se sont rendus au Vatican chez le Pape. Aujourd’hui, les représentants du Pape appellent à la retenue, le même Faure Gnassingbé trouve qu’ils sont au service de l’opposition.

L’enjeu des élections dans la démocratie, c’est la consolidation de l’ancrage démocratique. Malheureusement pour la première fois depuis l’avènement de Faure Gnassingbé au pouvoir, les élections ont plutôt mis le pays sous anesthésie. Beaucoup de Togolais craignent le pire pour leur pays. Au final, ce régime qui régente le Togo depuis plus de 50 ans, est nuisible pour les Togolais.

Kokou AGBEMEBIO

Source : www.icilome.com