Fondé sur les cendres de l’ancien parti unique créé par Gnassingbé Eyadema, l’Unir tient aujourd’hui toutes les manettes du pouvoir. Neuf ans après sa création, la formation est parvenue à se forger une image de renouveau, tout en faisant taire les dissensions internes.
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Presque une décennie, cela vaut bien une messe. L’Union pour la République (Unir), le parti de Faure Gnassingbé, a fêté, le 14 avril dernier, son neuvième anniversaire en célébrant une action de grâce à l’église Notre-Dame-de-la Rédemption-Bé-Klikamé, à Lomé, à la suite de laquelle cadres et militants se sont retrouvés en petits comité, pandémie oblige.
Un peu plus d’un an après la réélection dès le premier tour de Faure Gnassingbé pour un quatrième mandat à la tête du pays, l’Unir détient tous les leviers du pouvoir. Ses principaux cadres n’ont d’ailleurs pas manqué de se féliciter d’avoir remporté de manière écrasante la totalité des élections depuis que le défunt Rassemblement du peuple togolais (RPT) a fait sa mue pour devenir l’Unir, en 2012.
Nostalgie des anciens
Pour Aklesso Atcholi, le secrétaire exécutif du parti présidentiel, « chaque élection n’est qu’un nouveau départ, un appel à de nouvelles actions. » Et qu’importe si, des législatives de 2013 et 2018 aux présidentielles de 2015 et 2020, ces scrutins ont été marqués soit par le boycott d’une partie de l’opposition, soit par une contestation des résultats. « À travers ses résultats impressionnants sur la scène politique togolaise, Unir n’a eu de cesse de confirmer la justesse de la vision qui a conduit à sa création », assure Florence Yawa Kouigan, secrétaire exécutive adjointe du parti, qui est aussi la maire de la commune d’Ogou.
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Né sur les cendres du RPT, fondé en 1969 par Gnassingbé Eyadema, l’Unir revendique d’avoir su, outre les caciques de l’ancien parti unique, attirer à lui de nouveaux adhérents, y compris en allant puiser dans les rangs de l’opposition. Mais la coexistence n’a pas toujours été pacifique, loin de là.
« Ce n’est pas facile d’abandonner une maison dans laquelle on a vécu plusieurs dizaines d’années », concède un des anciens hauts responsables du RPT, aujourd’hui âgé d’une soixantaine d’années. « L’enterrement du parti fut déplaisant », assure même cet ancien cacique du parti qui a, depuis, pris ses distances. Ce cadre de la vieille école, qui préfère aujourd’hui conserver l’anonymat, a été écarté à l’heure de la composition des listes pour les législatives de 2018. En guise de consolation, le candidat éconduit à la députation a tout de même été placé sur une liste lors des communales de 2019, ce qui ne l’empêche pas de ruminer son amertume.
Frustrations
« Il y a eu des difficultés à s’entendre sur des pratiques, des méthodes de gouvernance du parti », concède ainsi un jeune cadre récemment entré au sein de la formation. Directeur d’une société privée, ce technocrate qui dit avoir été séduit par une promesse de « vent nouveau » au sein de la formation assure cependant que « cette diversité fait la richesse du parti ».
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Une diversité qu’il est cependant interdit de laisser voir à l’extérieur du parti. Si débat d’opinion ou discussions sur la ligne politique il doit y avoir, cela ne peut se faire qu’en interne, et derrière des portes closes. Aucun des cadres du parti que Jeune Afrique a sollicités, y compris au sein du conseil des sages du parti, qui rassemble pourtant les plus aguerris des cadres de l’Unir pour lesquels la vie politique est plus à conjuguer au passé qu’au futur, n’a accepté d’être nommément cité. C’est que, souligne l’un de ses dirigeants, bien qu’il y ait « une certaine dynamique démocratique », « la discipline a toujours le dernier mot, même si ce n’est plus un dogme absolu, comme ce fut le cas au sein du défunt RPT ».
Les frustrations qui peuvent naître ici et là, les luttes d’influences entre personnalités en quête de postes à responsabilité, se gèrent donc en interne. Et discrètement. « Chacun gère sa colère en silence, et on se remet en route pour le combat commun », reconnaît un cadre.
Conservatismes
C’est que, lorsqu’une décision est prise, elle vient « d’en haut ». Y compris, et surtout, lorsqu’il s’agit d’écarter de vieux routiers de la politique au profit de jeunes pousses. « Il y a toujours des conservatismes, mais la création de Unir a donné une autre image à Faure Gnassingbé. La jeune génération y a vu un pas supplémentaire pour tourner la page du lourd passé du RPT », estime Senyéebia Yawo Kakpo, enseignant-chercheur en sciences juridiques et politiques à l’université de Kara.
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Un changement de visage auquel ne croit cependant pas l’opposition, qui avait réclamé la dissolution du RPT lors de la conférence nationale souveraine, en 1991, et qui estime que la création de l’Unir n’aura été qu’un écran de fumée.
Et si les différentes composantes de l’opposition sont désormais à couteaux tirés, toutes se retrouvent pour dénoncer le « régime RPT-Unir ». « Ceux qui combattent l’Alliance nationale pour le changement (ANC) au lieu du RPT/ UNIR se trompent de lutte. Quand l’ANC serait anéantie, la dictature aura-t-elle disparu ? », a ainsi récemment lancé Jean-Pierre Fabre, engagé dans un bras de fer à distance avec Agbéyomé Kodjo, candidat malheureux à la dernière présidentielle qui se revendique toujours comme le « président élu ». « Le seul adversaire de l’ANC, est et demeure le RPT-Unir, qui devrait être la cible des véritables forces démocratiques », a encore martelé Fabre. Une doléance qui trouve pour l’heure peu d’écho pour unifier l’opposition.
Avec Jeune Afrique
Source : Togoweb.net