Les révélations au procès d’atteinte à la sûreté de l’Etat dont le verdict a été rendu le jeudi 15 septembre 2011 par la Cour Suprême confirment les rumeurs qui ont toujours fait état de ce que rien ne va entre les fils de feu Président Eyadéma à propos de l’héritage que ce dernier a laissé à savoir des biens matériels, des immeubles, les actions placées dans les entreprises nationales et internationales et surtout l’argent du contribuable qu’il a laissé dans les banques nationales et étrangères.
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Dès que le différend a commencé les langues se déliaient mais personne, faute de preuve, n’a eu le courage de dire exactement ce qui se passait. Ce qu’on sait en revanche, c’est qu’entre Faure Gnassingbé, le Président de la République et ses frères, le fossé était grand. Conséquence, bien qu’ils donnent tous l’apparence d’être unis et solidaires, on sent entre eux, une certaine méfiance.
La famille étant divisée, Faure Gnassingbé avait ses proches et Kpatcha Gnassingbé les siens. Mais le12 Avril 2009, date à laquelle le Colonel Kadanga, – sur instruction de Faure Gnassingbé, Ministre de la Défense et Chef Suprême des Armées, a attaqué le domicile de Kpatcha – lèvera finalement le voile sur ce que tout le monde pensait bas.
L’arrestation de ce dernier le 15 Avril 2009, son emprisonnement à l’Agence Nationale de Renseignement (ANR) le même jour et sa condamnation le 15 septembre 2011 à 20 ans de prison édifiera finalement les Togolais.
A l’origine, l’héritage familial :
En effet, sans risque de nous tromper, nous pouvons affirmer qu’à l’origine du différend qui oppose Faure Gnassingbé, le Chef de l’Etat au reste de sa famille, c’est l’héritage que feu Président Eyadéma a laissé avant de quitter le monde des vivants. Oui, ces biens mal acquis pendant plus de trois décennies de pouvoir sans partage est à l’origine de l’affrontement fratricide entre ces orphelins milliardaires qui n’ont jamais connu de souffrance.
Point n’est besoin de relever tous ces biens. Mais lorsqu’on apprend que EYADEMA seul a comme fortune plus de 3700 milliards de F CFA placés dans les banques Suisse, à Hong-Kong, à Dubaï, bref en Europe, aux Etats-Unis, en Asie et partout en Afrique pendant que le reste de la population togolaise croupit dans la misère, il y a de quoi s’inquiéter.
Essolizam Gnassingbé, le premier à monter à la barre lors du procès, a fait un témoignage qui confirme tout ce qu’on rapporte sur eux .Même s’il est en mission commandé pour enfoncer Kpatcha dans ses déclarations, il faut reconnaître qu’il ya cependant une part de vérité dans ses propos relatifs aux relations conflictuelles nées de la confiscation de l’héritage par Faure.
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Certes, si Essolizam a nié sa complicité dans la préparation et l’exécution d’un complot de coup d’Etat, mais il a reconnu que «deux fois de suite, en décembre 2008 et janvier 2009, ses frères et lui même, se sont retrouvés au domicile de Kpatcha pour réfléchir sur certaines initiatives qu’ils pouvaient envisager et qui peuvent leur procurer des sous pour leur vécu quotidien et dans le futur parce que a-t-il laissé entendre, la situation financière de certains de leurs frères se dégradait au point qu’ ils n’avaient plus de sources de revenus.
Mais Faure, a déclaré Essolissam, ne s’intéressait plus financièrement à la famille. Il a fait savoir à l’assistance qu’«Au cours d’une rencontre initiée par Kpatcha, ce dernier a piqué une colère et a déclaré que, ce que faisait Faure était inadmissible et qu’il fallait le dégager du pouvoir.»
Essolissam poursuit qu’au cours de la deuxième rencontre, les mêmes sujets ont été abordés et Kpatcha aurait affirmé «que c’est ceux qui sont dans l’entourage de Faure qui profitent alors que la famille elle même est oubliée et que ceci est dû au fait qu’on exerce des pressions spirituelles sur Faure ». Essolissam renchérit : «lors de la deuxième réunion, Kpatcha a déclaré que tout allait rentrer dans l’ordre, que lui kpatcha, il va s’occuper du côté physique et Toyi, du côté spirituel».
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N’ayant pas compris les dires du député, Essolissam, ce dernier a déclaré à la barre que le lendemain, il est allé voir Toyi Gnassingbé, frère jumeau de Kpatcha pour plus d’éclaircissement et ce dernier (Toyi) lui a confié que connaissant bien Kpatcha, ce sont des gens qui lui ont inculqué cette mauvaise idée et qu’il pouvait opérer un coup de force mais qu’il faut le suivre et le dissuader jusqu’aux élections présidentielles de 2010. A la question du juge instructeur de savoir pourquoi il n’est pas allé dire à Faure qui est aussi son grand frère que quelque chose se tramait contre lui, Essolissam a répondu qu’il s’est abstenu parce qu’il «ne voulait pas créer une situation conflictuelle au sein de la famille.
Comme on le voit, au-delà du commentaire que ces révélations fracassantes et tonitruantes peuvent susciter, Essolissam a sorti quelques vérités qui confirment tout ; c’est que leur situation financière due au fait que leur chef de famille Faure Gnassingbé ne s’occupe pas d’eux, est critique. Il suffit de relire son témoignage pour s’en convaincre. Eh bien, il a mis sur la place publique le différend entre les enfants de feu Président Eyadéma. Faure se serait accaparé du bien de son père et aurait écarté les autres membres à qui il donnerait des miettes.
D’après certaines sources, avant la mort d’Eyadéma, c’est le juif Marocain ASSOR qui s’occupait des biens du père de la nation. Il se serait secondé par l’ancien DG de la BTCI M. Kanikatoua. Après sa mort, la gestion de ces fortunes est revenue directement à Faure Gnassingbé devenu, de facto, chef de la famille Gnassingbé. Et pour cause, les vieux et sages Kabissa, Koromsa, Malou, Kiflang et autres qui réunissaient la famille à la moindre peccadille sont tous décédés.
Il revient alors au nouveau chef de famille de faire preuve de courage, de sagesse et de rassembler la famille comme ses ancêtres le faisaient dès qu’un petit problème se profile à l’horizon. Faure doit savoir qu’étant issu d’une famille polygame, les autres enfants vont nécessairement chercher à voir clair dans la gestion de l’héritage de leur père. Pour éviter le moindre soupçon de l’accaparement de l’héritage, il devrait, très tôt, faire l’inventaire des biens aux autres. L’a-t-il fait ? Quand ? Où ? Et de quelle manière ? Nous ne saurions le dire surtout que d’aucuns diront que ce n’est pas notre affaire.
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Mais toujours est-il que la colère a gagné la famille et on estime, avec amertume que, Faure seul a confisqué les biens, coupe le contact avec les autres, les nargue et les gère d’une main de fer avec les moyens de l’Etat. Selon plusieurs sources, ce qui oppose Faure et Kpatcha jusqu’à l’arrestation de ce dernier c’est l’héritage. Nous ne saurions dire exactement la manière dont il a demandé à son aîné de faire le point de la fortune du père à la famille. Mais est-ce une raison suffisante pour en arriver là?
Faure peut recoller les morceaux
Bien qu’il ait jeté Kpatcha Gnassingbé en prison, Faure Gnassingbé peut recoller les morceaux en revenant sur la décision du juge en tant que Premier magistrat pour gracier et amnistier tous ceux qui ont été condamnés dans cette affaire. Faure sortira très grandi s’il parvient, dans un bref délai, à rassembler toute la famille, à pardonner, et à faire le point de l’héritage à l’origine du différend.
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Ce n’est pas ce que nous disons qu’il doit nécessairement faire mais ce n’est pas non plus ce que disent ses amis, et conseillers avides d’argent qu’il doit également faire. Faure est assez grand pour distinguer le bon grain de l’ivraie, savoir ce qui est bon du mauvais. De tout ce qui précède, nous pouvons conclure sans risque d’être démenti que l’arrestation et la condamnation de Kpatcha à 20 ans de prison est une mauvaise image, une honte pour la famille Gnassingbé. Mais rien n’est encore perdu.
Le tout dépendra de Faure, Président de la République, Chef Suprême des Armées, Premier magistrat et chef de la famille Gnassingbé. Que la grâce divine inspire cet homme pour qu’il accepte le pardon public de Kpatcha à l’occasion du procès. Que le Saint Esprit éclaire Faure à tourner la page de la vengeance.
Source: LE CHANGEMENT (Hebdo)
Titre modifié
Note: cet article à été publié pour la première fois le 24 septembre 2011
Source : Togoweb.net