Le décès tragique d’Astou Sokhna, dans un hôpital public de la ville de Louga (dans le nord du Sénégal) le 7 avril dernier, n’en finit plus d’en indigner plus d’un. Astou Sokhna, la trentaine, mariée et enceinte de neuf mois, est passée de vie à trépas après avoir demandé en vain une césarienne, et attendu pendant une vingtaine d’heures une intervention qui n’est jamais arrivée.
Son bébé n’a davantage pas été sauvé. De quoi indigner les populations qui demandent que justice soit rendue, et vite. Le directeur de l’hôpital, Amadou Guèye Diouf, a beau déclarer le 11 avril au soir avoir « enclenché une procédure administrative pour élucider les contours de cette affaire […] et donner les suites appropriées », il n’a pas pu sauver sa tête, lui qui a été démis de ses fonctions deux jours plus tard. Le personnel de garde est lui suspendu à titre conservatoire par le ministère de la Santé.
On voit derrière ces décisions la main du président sénégalais Macky Sall qui, après avoir publié le 11 avril avril un message de « condoléances émues à sa famille » sur le réseau social Snapchat, a précisé qu’il a « instruit les autorités compétentes de faire toute la lumière sur les causes du décès afin de situer toutes les responsabilités ».
Pour Macky Sall, « aucun manquement ne sera toléré ». Il a joué son rôle de président, dira t-on. C’est, de fait, le moins qu’il puisse faire. Mais dans certains pays où un drame pareil devrait susciter rage et indignation jusqu’au sommet de l’État, le chef de l’État joue presque l’indifférence et confère à son ministère des décisions dont on est sûr qu’elles donneraient du poids dans l’opinion, si le chef de l’État lui-même sortait de son silence.
Comment ne pas penser au tragique décès de Ornella Laine, morte en voulant donner vie en octobre 2021. La jeune dame, mère de deux enfants, âgée de 29 ans, qui attendait son 3ème enfant, est décédée en raison de la négligence et du manque de professionnalisme du personnel soignant. Si les Togolais se sont indignés sur la toile au point de faire prendre des décisions aux autorités, Faure Gnassingbé qui aime tweeter pour un oui pour un non, n’a pas daigné laisser ne serait-ce qu’un mot à la famille. On nous dira que son gouvernement a pris les devants après le tollé que cette mort gratuite a causé. Soit. Mais lorsqu’un chef d’État s’implique et se montre compatissant à des drames d’une telle ampleur, ça change tout. Non que sa réaction fasse diminuer la douleur, mais le sentiment que leur ras-le-bol n’est pas un cri dans le désert apaise tant soit peu parents et populations.
Faure Gnassingbé, grand apôtre de mandat social, doit être le premier à dénoncer les injustices dont son victimes ses concitoyens, quelles qu’elles soient. Malheureusement, il devient atone chaque fois qu’il y a péril en la demeure, mais devient apôtre des causes perdues à l’international. Ahurissant !
Source : Le Correcteur
Source : 27Avril.com