Les togolais ont élu pour la première fois en trente ans, le 30 juin 2019, leurs conseillers municipaux. Un an après cette élection, comment travaillent les nouveaux élus locaux, quels regards les citoyens portent sur leurs maires ? Reportage à l’Est de la capitale Lomé, dans les communes nouvellement créées.
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Á Agbodrafo dans la commune des Lacs 3 et Anfoin dans la commune des Lacs 4, toutes deux créées à la faveur de la nouvelle Loi de la décentralisation, les bureaux sont installés pour l’une dans un ancien hôtel et l’autre dans une maison tout en location. Les bureaux d’état civil sont rapprochés des citoyens qui, un an après, observent : « Je ne peux vraiment pas dire qu’il a eu du changement. Nous les jeunes d’Anfoin on veut du travail. »
« Ce qui m’a vraiment plu, prenons par exemple le cimetière, avec l’arrivée de notre maire tout a complètement changé. Je pense que c’est quelque chose à saluer. »
Progressivement les conseillers municipaux découvrent le travail à faire et éprouvent d’énormes difficultés. Le problème de l’assainissement reste entier, la logistique est encore inexistante partout, ils gèrent les affaires courantes, sont à l’étroit avec du
personnel insuffisant confie un adjoint. « On pensait que l’élection des maires devait marquer un nouveau départ » affirme Claude Pierre-Marie Mikem, le maire de la commune des Lacs 3 : « Tout est verrouillé dans la mesure où même le maire n’a pas la latitude de manipuler des sous. Tout est verrouillé et centralisé au niveau des préfectures. Ce sont elles qui régissent tout. Donc le maire n’a aucune possibilité de faire quoi que ce soit. »
Pas de subvention et donc pas d’indemnité pour les maires après dix mois d’exercice ; dans certaines préfectures les relations entre préfets et maires sont à couteau-tiré. Edoh Komi, maire adjoint de la commune Golfe 2 à Lomé reste confiant : « C’est comme si on se réservait pour savoir l’ambition des maires. Mais je crois qu’avec l’an un, nous allons sortir de l’eau et nous imposer comme des maires qui ont en charge des collectivités locales à gérer. »
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Tout cela s’explique, selon Edoh Pascal Agbové, expert en décentralisation : « Il y a cette peur de perdre le contrôle de la gestion des affaires de l’État parce que désormais, il y a des élus qui ont pris la tête de certaines communes alors le pouvoir centrale peut sentir peut-être une menace. Ce qui est important, c’est la volonté politique et l’engagement citoyen. »
En attendant l’Allemagne vient d’ouvrir le porte-monnaie et décaisse 3 milliards de FCFA en appui au processus de décentralisation, ils serviront à la construction de nouvelles mairies et leurs équipements notamment en matériels informatiques.
Source : Togoweb.net