Dans le règlement des conflits dans la sous-région et au-delà, le Togo de Faure Gnassingbé est reconnu pour être un acteur non négligeable. Mieux, Faure Gnassingbé, à force d’implication dans des agendas diplomatiques où les crises ne chôment pas, s’est si bien donné le beau rôle, qu’aujourd’hui, ses pairs ne peuvent pas ne pas compter avec lui.
Après le décès le 20 avril dernier du Président tchadien Idriss Déby Itno dans des combats avec la rébellion du Front pour l’alternance et la concorde au Tchad (FACT), la contribution de la médiation togolaise, conduite par le ministre des Affaires étrangères Robert Dussey à la demande du Président Faure Gnassingbé Essozimna, a été pour le moins considérable. On parle depuis d’au moins sept rencontres ayant déjà eu lieu à Lomé.
Au Mali, on retrouve le même Faure Gnassingbé qui, avec le même engouement, avait pris part le 8 mars aux travaux des rencontres du Groupe de soutien à la transition au Mali (GST-Mali). Après avoir souhaité dans cette réunion « au nom du Peuple et du Gouvernement togolais, une chaleureuse et fraternelle bienvenue au Togo dans le cadre de cette réunion consacrée à la recherche des voies idoines pour une issue heureuse de la transition politique au Mali », Faure Gnassingbé ne s’est pas fait faute de montrer son « soutien indéfectible indéfectible du Togo au Mali » et son « engagement personnel pour une transition réussie dans ce pays, reposent non seulement sur l’impérieux devoir de solidarité, mais aussi et surtout sur la communauté de défis et des enjeux sociopolitiques et sécuritaires qui se jouent en arrière-plan, avec des conséquences sous-régionales et régionales certaines ». Faure veut « contribuer à la création des conditions nécessaires au développement d’un État malien capable de répondre aux besoins de ses citoyens, d’exercer pleinement son autorité sur l’ensemble de son territoire national et d’assumer efficacement ses responsabilités dans la promotion de la sécurité régionale et la recherche de solutions à d’autres défis communs ».
C’est mal connaître Faure Gnassingbé que de supposer que s’attaquer de front à ces deux crises lui pèserait. Pour prouver au monde entier qu’il est assez costaud pour se coltiner toutes les crises du monde entier, le voilà investi dans une troisième crise, celle où s’est engluée la Guinée depuis le putsch militaire dont a été l’objet Alpha Condé. Mohamed Béavogui, le Premier ministre de la transition en Guinée a eu recours, n’est-il pas venu au Togo le 11 décembre pour consulter l’oracle qu’est devenu Faure Gnassingbé ? « J’ai transmis un message du Président Mamadi Doumbouya à son homologue Faure Essozimna Gnassingbé. C’est un message fraternel qui informe de l’évolution paisible de la situation en Guinée et des progrès réalisés dans la marche vers la refondation du pays », a expliqué Mohamed Béavogui à l’issue de l’entretien. L’affaire est entendue : on ne peut pas faire sans le Togo de Faure Gnassingbé.
Mais le même Togo plébiscité ailleurs, dispose lui-même d’une situation sociopolitique qui n’est rien moins qu’un véritable collier de misère pour les citoyens. Les détenus politiques de ce pays qui fait la mouche du coche sous d’autres cieux, qui fait des mamours aux voisins, qui joue ailleurs les Mère Teresa en donnant jusqu’à sa dernière chemise aux veuves et aux orphelins, les détenus politiques de ce pays sont laissés pour compte. Allez donc savoir… A la précarité, au mal-être des populations, ajoutez un déficit inquiétant de liberté d’expression. Y a-t-il plus paradoxal qu’un pays dont le régime se pique de résoudre les conflits et autres crises d’autres pays amis, mais qui embastille la liberté d’expression, met en demeure ceux qui le critiquent, jette en prison des citoyens pour leurs opinions ? Déployer autant d’énergie dans des pays sans trouver les plus basiques solutions de sortie de crise est un aveu d’impuissance, d’échec, une capitulation en rase campagne, et la preuve que la politique de propagande et de « m’as-tu vu » reste la marque de fabrique de ce système valétudinaire et obsolescent. Le même Togo qui va accueillir au premier trimestre de l’année prochaine une nouvelle réunion du Groupe de soutien pour la transition au Mali (GST), est incapable de jouer la carte de réconciliation nationale. Une comédie inouïe !
Sodoli Koudoagbo
Source : Le Correcteur / lecorrecteur.info
Source : 27Avril.com