CODITOGO lance un SOS pour sauver les Togolais de la dictature féroce des Gnassingbé

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Faure Gnassingbé

Déclaration liminaire de la conférence de presse du 23 décembre 2021 à Paris

TOGO : UNE PRISON A CIEL OUVERT !

Jour après jour, le pouvoir togolais se radicalise dans un terrorisme d’Etat qui sème la terreur et la désolation chez les populations, en emprisonnant à tout-va, en déshumanisant les Togolais !

En effet, ces dernières semaines, deux journalistes et un activiste de la diaspora sont arrêtés pour délit d’opinion allongeant à 116, la liste des détenus politiques torturés dont 7 ont été assassinés en détention. [1]

Chers journalistes, chers représentants des médias, chers panafricanistes,

Mesdames et messieurs les représentants de la diaspora africaine, chers compatriotes, chers amis et internautes qui nous suivent en ligne et sur Facebook, CODITOGO voudrait vous remercier pour votre présence à cette conférence.

La Coalition de la Diaspora Togolaise pour l’Alternance et la Démocratie (CODITOGO) regroupe la diaspora togolaise à l’étranger. Celle-ci est évaluée à plus de 2 000 000 de personnes.

La conférence de ce jour intitulée, « Togo prison à ciel ouvert ! », s’articule autour de 3 axes :

1.     Togo, pays de répression systématique : la situation des prisonniers politiques

  • Togo, pays de dictature militaro-monarchique qui dure 55 ans
  • Togo,  pays  de  l’impossible  alternance  depuis  l’assassinat  du  président  Sylvanus  Olympio  :  la responsabilité de la France et de la communauté internationale engagée.

1.     Togo pays de répression systématique : la situation des prisonniers politiques

La situation des droits de l’Homme et des libertés individuelles au Togo est catastrophique. Le 16 février 2021, le Comité de Libération de tous les prisonniers politiques au Togo a publié un mémorandum faisant état de 113 prisonniers politiques dont la plupart sont détenus sans jugement depuis 3 ans !

Des tortures systématiques et autres traitements inhumains, cruels et dégradants sont infligés à ces prisonniers, occasionnant des morts en détention. Nous dénombrons 7 morts à ce jour.

Ce tableau sombre s’est noirci dans cette dernière période avec une vague de répressions et d’arrestations d’activistes et de journalistes.

CODITOGO réclame la libération inconditionnelle et immédiate de :

  1. Ferdinand Ayité, directeur de publication du journal L’Alternative;
  2. Joel Vignon Egah, directeur de publication du journal La FRATERNITÉ;
  3. Jean-Paul OUMOLOU, activiste résidant en Suisse;
  4. La libération de tous les prisonniers politiques, notamment Aziz GOMA, un irlando-togolais résidant en Irlande, une jeune femme Leyla TRAORÉ, Djimon ORÉ, un chef de parti politique !
  5. L’annulation des poursuites contre Isidore KOUWONOU, Animateur de l’Émission l’Autre Regard du journal l’Alternative;

g) L’abandon du contrôle judiciaire imposé à Fovi KATAKOU après sa détention arbitraire et sa libération conditionnelle.

LES FAITS :

  1. Jeudi 9 – vendredi 10 décembre 2021 : arrestation et emprisonnement arbitraires du journaliste Ferdinand Messan AYITE :

Directeur de publication du journal L’Alternative, journaliste d’investigation internationalement reconnu pour son sérieux et son professionnalisme au nom desquels il a été récompensé par de nombreuses distinctions internationales, Ferdinand Messan AYITE a été convoqué, le jeudi 9 décembre, à la Brigade de recherches et d’investigations (BRI). Au cours de son audition, il s’est vu assigné en accusation pour les propos qu’il a tenus lors d’une émission sur « L’autre journal », la

chaîne Youtube de son journal. Selon les informations données par son avocat, Me Elom Kpadé, il serait poursuivi sur la base d’une plainte déposée aux fins d’une inculpation sous 3 chefs d’accusation qui, n’ayant rien à voir avec le Code de la presse et de la communication, relèvent plutôt de l’article 490 du Code de procédure pénale :

1. « Outrage à l’autorité » et 2. « propagation de propos mensongers ».

Bien qu’il ait été annoncé que cette plainte aurait été mise en mouvement par deux ministres du gouvernement togolais,

M. Puis Kokouvi AGBETOMEY, Garde des Sceaux, Ministre de la Justice et de la Législation, et M. Kodjo ADEDJE, Ministre du Commerce, l’accusation n’a pourtant pas été en mesure d’en produire la matérialité tout au long de la procédure jusqu’alors. Gardé à vue et incarcéré au BRI dans la soirée, il est conduit, le lendemain 10 décembre, chez le Juge d’instruction qui confirme les chefs d’accusation et le place sous mandat de dépôt dans la soirée. Les deux demandes de libération provisoire introduites par son avocat ont été rejetées par le doyen des juges, les 15 et 21 décembre 2021.

b)  Vendredi 10 décembre 2021 : arrestation et emprisonnement arbitraires du journaliste Joël Vignon EGAH et mise sous contrôle judiciaire de son confrère Isidore KOUWONOU :

Le 10 décembre, c’est au tour de Joël Vignon EGAH, Directeur de publication du journal Fraternité qui a participé à l’émission sur « L’autre journal », et Isidore KOUWONOU, rédacteur en chef du journal L’Alternative et Secrétaire général du Syndicat des journalistes indépendants du Togo (SYNJIT), qui a été le modérateur de ladite émission, de se voir convoquer à la BRI où ils ont rejoint Ferdinand Messan AYITE. Au cours de leur audition, ils se sont vus inculper à leur tour des mêmes chefs d’accusation retenus contre Ferdinand Messan AYITE. Ensemble conduits chez le Juge d’instruction, les trois journalistes se voient confirmer les charges retenues contre eux ; Joël EGAH est placé sous mandat de dépôt, Isidore KOUWONOU se voit placer sous contrôle judiciaire. Les deux demandes de libération provisoire introduites par son avocat ont été rejetées par le doyen des juges, les 15 et 21 décembre 2021.

Tout cela, au mépris de la dépénalisation du délit de presse en vigueur au Togo depuis 17 ans !

c)  Samedi 11 décembre 2021 : Enlèvement à son domicile de l’activiste Fovi KATAKOU :

Aux environs de 11H du matin, une escouade de la Gendarmerie nationale comprenant des hommes lourdement armés et cagoulés, tous venus à bord de plusieurs véhicules dont certains portaient les inscriptions de la Gendarmerie nationale, ont bouclé tout le quartier du domicile de l’activiste Fovi KATAKOU où ils ont brutalement fait irruption, méticuleusement perquisitionné et procédé à son arrestation en toute illégalité. Lors de l’embarquement de Fovi KATAKOU par les gendarmes, ceux-ci ont également saisi et emporté dans leurs voitures tous les instruments de sonorisation servant à ses activités, avant de prendre une destination initialement inconnue de ses parents qui s’avèrera finalement être le SCRIC. Auditionné tard dans la soirée du samedi et dans la matinée du dimanche, il a été inculpé des chefs d’accusation suivants

:

1. « Apologie de crimes » et 2. « délits et incitation à la révolte »

Au moment de son arrestation, Fovi KATAKOU n’a eu pour seul tort que d’avoir publié sur les réseaux sociaux un message dénonçant l’arrestation et l’emprisonnement arbitraires dont Ferdinand Messan AYITE et Joël Vignon EGAH ont été l’objet, tout en appelant l’opinion publique à se mobiliser pour exiger leur libération immédiate et sans condition. Il a été libéré provisoirement le 20 décembre et placé sous contrôle judiciaire

d)  Jeudi 4 novembre 2021 : arrestation de Jean-Paul OUMOLOU :

Activiste politique et militant de la Dynamique Monseigneur KPODZRO (DMK) résidant en Suisse, Jean-Paul OUMOLOU a été enlevé au petit matin au quartier Hédzranawoé, dans la commune du Golfe 2 à Lomé, par des agents de la Gendarmerie nationale lourdement armés et cagoulés qui, après avoir bouclé tout le quartier, se sont saisis de lui après l’avoir violenté, dans la résidence d’où il s’apprêtait à rejoindre le Ghana pour le reste des congés qu’il passait dans la sous-région.

Conduit au Service central de recherches et d’investigations criminelles (SCRIC), il y subit de longs interrogatoires suite auxquels, présenté au Procureur de la République et au Juge d’instruction, ceux-ci l’ont accusé des 4 chefs d’inculpation suivants :

« 1. Appel au peuple et à l’armée à l’insurrection ; 2. Diffusion de fausses nouvelles ; 3. Apologie de crime ;   4. Outrage à

l’autorité publique ».

Bien que le délai légal de sa garde à vue soit largement dépassé, il est illégalement maintenu en détention depuis plus de 40 jours au SCRIC !

Ces arrestations à la fin de cette année, s’inscrit dans une vague répressive qui déferle sur le Togo et frappant en 40 jours, 5 journalistes et activistes politiques dont les 3 nouvellement arrêtés et détenus en l’espace de 48 heures portant à 116 le nombre des prisonniers politiques depuis trois ans, desquels 7 sont morts du fait de leur détention. Le dernier cas en date est celui de Keliba Amadou Kassimou, mort en détention des suites des tortures et traitements inhumains et dégradants, le 23 novembre 2021.

Il est précédé d’Abdoul-Moutawakilou, décédé le 26 août 2021, un mois après sa libération conditionnelle des suites des tortures et autres traitements cruels, inhumains et dégradants qui lui ont été infligés en détention.

Le Togo est devenu une prison à ciel ouvert où on tue, on torture, on tabasse, on emprisonne et on déshumanise.

2.     Togo, pays de dictature militaro monarchique qui dure 55 ans

38 ans du régime du père et 15 ans du régime du fils, le Togo est un pays fermé, de dictature militaro monarchique. Le fils Faure Gnassingbé a pris le pouvoir dans le sang en 2005, à la mort de son père. Bilan catastrophique : 500 morts selon le rapport de l’ONU et  1000 morts selon les rapports des ONG,  4  coups d’Etats : constitutionnel, institutionnel, militaire et électoral. Le fils se maintient au pouvoir par la violence, la corruption (le cas de Bolloré qui a plaidé coupable), et la fraude massive et systématique.

Conséquence, le pays est économiquement exsangue, socialement sinistré et politiquement en crise permanente. La pauvreté à fleur de peau et les populations meurent de faim et de maladies les plus élémentaires. Le seul hôpital de référence est devenu une boucherie pour reprendre l’expression du Pr chirurgien David Dosseh.

3.     Togo,  pays  de  l’impossible  alternance  depuis  l’assassinat  du  président  Sylvanus  Olympio  :  la responsabilité de la France et de la communauté internationale engagée

Depuis 1958, le Togo a eu une seule élection libre et démocratique sous supervision de l’ONU qui a consacré son indépendance proclamée en 1960. Son président démocratiquement élu, Sylvanus Olympio a été assassiné en 1963. La françafrique serait commanditaire de l’assassinat et un officier français Metrier serait le bras armé et le père de l’actuel président de fait, Eyadema Gnassingbé serait l’exécutant. Le crime a eu lieu devant l’ambassade des États-Unis au Togo sans que cette dernière n’ait pu apporter l’assistance au président qui s’est réfugié dans un premier temps au sein de l’édifice diplomatique américain pour se protéger. Les auteurs du coup d’État ont établi un régime de dictature militaro monarchique qui dure bientôt 55 ans sans possibilité d’alternance.

Le Togo  est  devenu une  prison à ciel ouvert qui ploie sous le  poids d’une dictature sanguinaire sous le  regard complaisant de la France et de la communauté internationale. Pourquoi ce silence coupable ?

Face à cette situation, CODITOGO lance un SOS pour sauver les Togolais de la dictature féroce des Gnassingbé :

  • 1. Dénonce et condamnent avec la plus grande vigueur cette nouvelle vague d’arrestations arbitraires de citoyens innocents, tous incarcérés pour délit d’opinion et, en ce qui concerne les journalistes poursuivis, en violation flagrante des dispositions du Code de la presse qui a dépénalisé le délit de presse depuis plus de 17 ans.
  • 2. Dénonce et condamnent tout particulièrement avec la plus grande vigueur le traitement honteux infligé à Fovi KATAKOU, personne à mobilité réduite qui, malgré son statut qui le contraint à se déplacer dans un fauteuil roulant, a subi avec toute sa maisonnée, d’inqualifiables voies de faits qui déshonorent et bafouent sa dignité d’être humain. Lors de son enlèvement à son domicile, les militaires ont forcé la maman adoptive de Fovi Katakou, prise de panique devant l’irruption d’un commando cagoulé dans leur maison pour kidnapper son fils, à faire ses besoins pressants dans un sachet devant eux à la cuisine.
  • 3. Exige la libération inconditionnelle et immédiate de ces 3 journalistes et activistes qui à leur tour viennent d’être arbitrairement arrêtés.
  • 4. Exige la libération inconditionnelle et immédiate de tous les prisonniers politiques.
  • 5. Lance un appel solennel et pressant à la diaspora et à tous les panafricains pour une mobilisation générale pour la libération des prisonniers politiques au Togo et partout en Afrique.
  • 6. Lance un appel pressant  à toutes les  organisations de la presse, de la société civile, politiques, syndicales, humanitaires et démocratiques tant au Togo qu’à l’échelle internationale pour intervenir auprès des autorités togolaises

en multipliant toutes sortes d’initiatives, exigeant le respect de la liberté de presse ainsi que des droits civils et politiques garantis tant par la législation togolaise que les instruments internationaux ratifiés par l’État togolais, et l’organisation des élections libres et démocratiques au Togo sous la supervision de la communauté internationale.

  • 7. CODITOGO invite les autorités françaises à cesser d’apporter leur appui au système liberticide, militaro- monarchique de répression systématique et de corruption qui régente le Togo depuis 55 ans et de permettre l’alternance pacifique au Togo.

Paris, le 23 décembre 2021 Pour CODITOGO,

La Coordination générale.

[email protected]

[1] – Source : Comité de Libération de tous les prisonniers politiques au TOGO.

Source : icilome.com