Cinquième anniversaire du parti UNIR de Faure Gnassingbé : 5 ans sans congrès constitutif, deux joutes électorales contestées, une gestion chaotique de la nation

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UNIR a cinq ans : Joyeux anniversaire au parti au pouvoir, le parti de l’actuel chef de l’Etat togolais. Depuis 2012 qu’il a été porté sur les fonts baptismaux après la difficile dissolution du Rassemblement du Peuple Togolais (RPT), parti du défunt président Eyadema, l’Union pour la République (UNIR) continue cahin-caha son bonhomme de chemin. Annoncé comme un signe évident de rupture entre l’ancienne garde et les idées réformatrices pour un mieux-être du peuple togolais, UNIR peine à se démarquer des vieilles habitudes qui caractérisent les régimes de non-droit à travers le monde.

Cinq ans après sa naissance, qu’y a-t-il à l’actif du parti Unir ?

Au commencement étaient les promesses. Devant la réticence de certains barons comme feu Voulé Frititi, de voir disparaitre le RPT dont le sang circule dans leurs veines, la trouvaille de Faure Gnassingbé pour mettre ses militants d’accord était une promesse mi-figue mi-raisin. Pour les indéboulonnables de l’ancien système et les nostalgiques de l’ère Eyadema, il s’agirait simplement d’un changement de dénomination pour endormir l’esprit des Togolais longtemps éprouvés, fatigués et négativement marqués par le vocable RPT. Pour la nouvelle génération de la trempe de Faure Gnassingbé lui-même, il s’agirait de trouver une formule pour s’extirper de la gérontocratie et de l’autocratie des « vieux » qui jusque-là continuaient par tirer les ficelles dans les coulisses. Ainsi, Unir serait né sans trop de frustrations de certains nostalgiques mais avec des concessions de la part des deux courants. UNIR naquit donc le même jour que disparaissait le RPT, à quelques heures d’intervalle. Cinq ans après, le parti bleu-blanc continue par être dirigé par un bureau provisoire. L’Assemblée générale constitutive n’a jamais eu lieu et l’on se demande sur quelles bases juridiques élémentaires se repose le parti qui est au pouvoir. Sur le plan politique en revanche, le constat est controversé.

Après une participation aux élections législatives en 2013 et une présidentielle atypique deux ans plus tard en 2015, rien de spécial n’est à mettre à l’actif du parti. La situation socioéconomique du pays demeure toujours exsangue et dramatique malgré les discours flatteurs qui se tiennent quotidiennement et la pléiade de programmes que le gouvernement dit avoir mis en place. Les secteurs sociaux que sont la santé et l’éducation sont totalement à terre et sans avenir. Les droits de l’Homme et les libertés publiques sont de plus en plus restreints dans la réalité et ceci en parfaite opposition avec les principaux arsenaux juridiques existants. Bref, le Togo recule pendant que la descendance des barons qui avaient entouré Eyadema constitue à son tour autour de Faure une minorité qui pille les ressources du pays. Et la courbe n’est pas prête à décroitre.

Quelles perspectives d’avenir pour l’Unir vis-à-vis du peuple ?

La méthode dans la pratique est la même. Face à l’ignorance dans laquelle le peuple est maintenu (ce qui est d’ailleurs une des raisons de l’abandon du secteur éducatif), le parti au pouvoir ne se retrouve que dans les méthodes qui ont caractérisé le règne de feu Eyadema : désinformation, achat de conscience, projets bidon jamais réalisés, promesses démagogiques, accentuation de la misère pour mieux asservir le peuple. Cinquante ans de règne de père en fils n’ont pas permis au Togo d’avoir des hôpitaux dignes de ce nom et les gouvernants se plaisent à déclarer ouvertement qu’ils ne se soignent pas dans les mêmes hôpitaux que les citoyens ordinaires. Les richesses nationales sont gérées en toute opacité et le taux d’endettement s’accroit à une vitesse vertigineuse avec la bénédiction des bailleurs de fonds qui s’enferment dans une hypocrisie sans pareille. Les ressources minières sont exploitées dans la clandestinité ou bradées par le biais de sociétés virtuelles et ne rapportent rien au trésor public. Dans le même temps, le gouvernement évoque des difficultés financières pour se dérober à ses obligations et attributions les plus élémentaires envers le peuple. Cependant, le cercle restreint des responsables du parti au pouvoir s’enrichit insolemment et mène un train de vie révoltant. Après avoir sollicité les suffrages de ses concitoyens en 2015, le militant Faure Gnassingbé qui a été porté a la Présidence de la République a disparu du circuit national, préférant passer son temps dans les avions à travers le monde. Les promesses d’un mieux-être faites aux populations sont oubliées, mieux réactualisées pour être brandies lors de l’échéance suivante. Et il faut attendre la veille des consultations électorales pour voir le parti au pouvoir déployer son armada d’associations et de vendeurs d’illusions sur le terrain dans le seul but de flouer les populations et donner l’impression de penser au bien-être du peuple.

Comme c’est le cas actuellement, par le biais de groupements de jeunes et autres associations ou cadres d’un milieu, des pseudo-journées de réflexion s’organisent pour conditionner les populations à un peu plus d’un an des législatives de 2018. Des objets de pacotilles désuets et inutiles sont distribués à tour de bras dans les hameaux reculés où ils sont accueillis comme des dons de la providence.

L’opération de conditionnement conjuguée aux clivages artificiels que le pouvoir met en place progressivement donne comme réponse un parfait cocktail de quiproquo morale dont le régime en place tirera son épingle pour sa survie. C’est vraiment triste de faire de la politique ainsi. Tout pour une minorité, rien pour la grande majorité clochardisée et asservie. Cependant, ce ne sont pas les moyens qui font défaut. Quel plaisir éprouve-t-on en admirant la souffrance de ses concitoyens ? Seuls les tenants du pouvoir pourront le dire.

Pour l’heure, il faut rappeler que le Togolais continue de vivre la croix et la bannière, et le mode de gouvernance d’UNIR n’est pas un espoir pour le peuple d’autant plus que ce parti n’est pas parvenu à se doter de son propre comité exécutif cinq ans après sa naissance. Le moins qu’on peut lui souhaiter, c’est un joyeux anniversaire, et que l’on saute du champagne, pour la misère des Togolais.

Kossi Ekpé

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