Il sait qu’il partira un jour. Mais il ne veut pas partir maintenant. Il a déjà pris goût du Pouvoir. Jeune président qui construit un Régime fort à sa manière, la dictature du XXIe siècle, il contrôle les richesses de son parti et du pays, manipule facilement l’opposition et les Institutions de la République, privilège et Pouvoir dont il est difficile de se départir. Ces proches, mieux, ceux qui ont fait de lui Président le veulent toujours Président. Car il est pour le moment le seul qui arrive à faire l’unanimité et qui peut les protéger et sauvegarder leurs intérêts. Mais les réformes aussi sont là et ne cessent de crier. Il faut trouver des astuces pour faire durer Gnassingbé au Pouvoir et parallèlement lui préparer un successeur. Oui ! un successeur comme lui. Nouvelle Constitution, mandat de 7 ans renouvelable une seule fois, peut-être aussi avec un poste de vice-président pour Gilchrist Olympio pour l’inscrire à jamais dans le panthéon administratif du pays. 17 ans pour préparer une sortie honorable au Président Togolais et lui trouver un successeur.
En 2034, Faure Gnassingbé aura 68 ans. Et il ferait près de 30 ans au Pouvoir. 29 ans exactement. En tout cas, si l’analyse du chroniqueur arrivait à tomber, il quitterait le Pouvoir après 29 ans passés à la tête du Togo. En 2034. Compteur à zéro à partir de 2020 après 3 mandats de 5 ans. Et 2 mandats de 7 ans à partir de 2020. Le Président Gnassingbé a 17 ans pour tout préparer à moins que Dieu aille à contre-courant de la volonté du Président. 17 ans pour fatiguer, épuiser, vider les ténors de l’opposition et quelques proches et 17 ans pour trouver un successeur qui pourrait lui garantir une retraite paisible. Sur les îles de Renato Villa( feuilleton brésilien produit en 1986 et diffusé au Togo dans les années 90) ou sur les îles Bahamas ou sur les plages de Miami.
17 ans pour épuiser les ténors de l’Opposition et les faire disparaitre de la scène de l’ambition présidentielle
On dirait qu’il s’est résolu à écarter à jamais l’Opposition du fauteuil présidentiel. Surtout les candidats potentiels susceptibles de le titiller. Il a 17 ans pour les faire disparaitre de la scène politique.
GilchristOlympio : Président de l’UFC, Opposant historique sous Eyadéma. Lui ne fait plus peur . on s’est déjà occupé de son cas avec la signature de l’historique Accord de 2010. Sa popularité effritée. Bien qu’il soit vieux, on ne doit pas le perdre de vue. Son mythe pourrait renaitre si d’aventure il décidait de soutenir un Fabre sincèrement. Les choses dans se compliqueraient pour le Régime. Seul perdant aujourd’hui et esseulé, on peut glisser un poste de vice-président dans l’éventuelle nouvelle Constitution pour lui. Juste pour l’avoir dans le camp présidentiel. Salaire garanti. D’autres privilèges pourraient suivre. Et ce serait son premier traitement, il gagnerait officiellement un salaire. Son tout premier après toutes ses années passées dans la lutte. En 2034, il aura 98 ans. Eliminé de la course.
Yawovi Agboyibor: Président du CAR, Comité d’Action pour le Renouveau. Déjà vieux. Il a déjà plus de 70 ans. Impopulaire. En 2034, il aurait près de 90 ans. Et à cet âge, il serait davantage impopulaire. Il ne pourrait plus constituer aucune menace pour le Régime. Son cas réglé. Eliminé.
Dodji Apévon. Président des FDR. Lui n’a jamais constitué une menace pour Faure Gnassingbé ni pour son Régime. On voit en lui un homme qui ne fait que crier. Et ces cris ne disent presque rien. Aujourd’hui âgé de près de 60 ans il en aurait près de 80 en 2034. Il faut donc 17 ans pour l’affaiblir et l’amener à crier moins. Presqu’impossible de se positionner en 2034. Aucune menace avec Apévon. Eliminé.
Brigitte Adjamagbo-Johnson : La seule dame de poids du lot . Même si elle affiche quotidiennement une apparence dynamique et jeune, l’âge la guette et la frappe sérieusement. Peut-être qu’elle ne le sait pas encore. Le Régime ne pardonnera pas à son parti la CDPA le 5 Octobre. Ses chances pour accéder à la magistrature suprême du pays sont moindres. En 2034, elle serait bien fatiguée et ses chances presqu’inexistantes. Eliminée.
Agbéyomé Kodjo. Président de OBUTS. Ancien Premier Ministre. Il fait partie des 3 Meilleurs premiers Ministres que le Togo ait connus. Intelligent, travailleur. Même si Faure Gnassingbé le consulte souvent sur des questions épineuses, ses qualités lui font peur. Même si au sein du Régime, on plaide pour qu’on le nomme une nouvelle fois Premier Ministre, Faure Gnassingbé émet toujours quelques petites réserves. Le Président adore les Premiers Ministres soumis et non pragmatiques et non de la trempe d’AgbéyoméKodjo qui pourrait lui ravir la vedette. Très proche d’Emmanuel Macron, on pourrait le positionner sur ce dossier pour un renforcement de l’axe Lomé-Paris en cas de victoire du candidat à la Présidentielle Française. Mais Politicien très malin, il pourrait négocier le soutien de Macron pour sa candidature à la Présidentielle de 2020 ou de 2027. La France pourrait toutefois le soutenir comme Marc Kaboré au Burkina-Faso(l’Occident préfère soutenir les Anciens des Régimes au Pouvoir que des Radicaux) mais il serait déjà frappé par l’âge en 2034. Il aurait près de 80 ans. Faure Gnassingbé joue avec le temps et l’Age. Il a 17 ans pour le faire disparaitre de la scène politique ou de l’ambition présidentielle. Eliminé.
Jean-Pierre Fabre. Chef de file de l’Opposition. Président de l’ANC, Alliance Nationale pour le Changement. Plus de 25 ans de lutte. Agé de plus de 60 ans. Faure Gnassingbé ne veut pas voir les opposants de son Père président et lui Ancien Président. Fabre fait partie de ces Opposants. Très fatigué aujourd’hui, le Régime et la lutte l’épuisent. Gnassingbé a 17ans pour le vieillir davantage. Très populaire aujourd’hui, le Régime compte sur sa future vieillesse pour le faire disparaitre cette popularité. En 2034, Fabre vieux, fatigué se retirera de l’ambition présidentielle. Eliminé.
17 ans pour trouver un successeur à Faure Gnassingbé
On fouille. Quelques bribes annoncent déjà les couleurs. Mais on se tait. Sur la liste des probables successeurs, les moins connus et les plus connus.
Solitoki Esso. Originaire du Nord. Un critère important. Il pourrait bien succéder au Jeune Gnassingbé. Mais l’Age le frappera en 2034. Il a déjà plus de 70 ans. Eliminé.
Pascal Bodjona. Originaire du Nord. « Le Président doit venir du Nord ». Toujours membre de UNIR, Bodjona aurait 68 ans en 2034. Pas mal. Mais son problème. Il a été très proche de l’Opposition. C’est une trahison. On n’aime pas ça. Et on ne pardonne pas ça. Faure Gnassingbé a déjà une dent contre lui. Il n’a plus confiance en son Ancien Directeur de Cabinet. Son « frère adoré » ne lui aurait pas été fidèle. Tout le monde pouvait le trahir sauf Pascal. Pour rien au monde, Faure ne soutiendra jamais la candidature de Pascal. Pascal Bodjona est un homme dont l’apparence manipule. Très généreux, sa générosité crie et le fait aimer. Un peu aimé de la population. Mais insuffisant pour être Président. A l’international, il n’a aucun soutien. L’affaire dite « d’escroquerie internationale » le rend moins pur aux yeux de la Communauté internationale. Eliminé.
Gilbert Bawara. Ministre de la Fonction publique. Exhibitionniste. Arrogant. Le Président le connait ainsi et il aime l’utiliser et le faire griller dans la masse. Il croit être toujours dans le cœur du président. Il croit qu’on le promeut avec ses postes ministériels alors qu’on fait tout pour le faire détester par la masse. Faure Gnassingbé préfère de moins en moins des gens qui aiment étaler toute leur littérature. Trop parler. Trop de gaffes. Et Bawara en est un champion. Il pourrait être bien positionné pour 2034 puisqu’il est encore très jeune et très intelligent mais il parle trop et ne fait pas l’unanimité autour du Président. Le Régime a besoin des gens calmes et peu loquaces. Gnassingbé n’aime pas trop des gens qui peuvent le rivaliser. Eliminé.
Christian Trimua. Avocat. Enseignant. Universitaire Ancien Ministre. Originaire du Nord. Son papa a été un grand soutien spirituel pour le Régime. Lui-même très fidèle à Faure Gnassingbé. Tout ça, on pourrait s’en inspirer pour le positionner sur la liste des candidats de 2034. Mais un petit soucis. Il est très intelligent. Et des gens l’apprécient. L’apprécient pour son intelligence. Et il peut être sollicité de partout pour son expertise. Il peut vivre sans le Président. Le Président n’ aime pas ça. Il veut gens dépendants et soumis. Et actuellement, ça ne collerait pas trop entre lui Christian et Faure. En 2034, il serait dans la soixantaine mais sa candidature ne pourrait être retenue. Sans la bénédiction du président, candidature rejetée. Eliminé.
Kpatcha Gnassingbé. Demi-frère du Chef de l’ Etat. Ancien Ministre de la Défense. Incarcéré pour tentative d’atteinte à la sureté de l’Etat. Condamné à 20 ans de prison, il sortira avant 2034. Et on pourrait le positionner parmi les successeurs de Faure Gnassingbé. Mais le Président a peur de lui. De même qu’une partie de son entourage. Difficile pour Kpatcha Gnassingbé de pardonner à son frère et à tous ceux qui ont joué un grand rôle dans son arrestation ou dans sa détention. Faure Gnassingbé ne voudrait pas être perturbé dans sa si paisible retraite. Kpatacha Gnassingbé éliminé de la course présidentielle 2034.
Victoire Tomegah-Dogbé. Ministre et Directrice de cabinet du Chef de l’Etat. Moins connue de la scène il ya de cela quelques années, elle a réussi à se tailler une des places les plus importantes autour du Président. Trois critères l’écartent de la liste présidentielle. Elle ne fait plus l’unanimité autour du Président. Elle a réussi à écarter Ingrid Awadé( l’ex-bien aimée) des soins présidentiels. Ingrid et ses proches ne le pardonneront pas à Victoire. Victoire Dogbé aurait beaucoup joué aussi dans le cas Ayassor. L’Ancien Ministre des finances n’aurait pas été limogé pour rien. Victoire Dogbé serait pointée du doigt plus ou moins. AdjiOtethAyassor gardera toujours une dent contre l’actuelle préférée du Chef de l’Etat. Deuxième critère, elle est une femme. Le Togo n’est pas encore prêt pour avoir une femme présidente . Troisième critère, elle est originaire du sud. Le Régime n’est pas encore prêt pour remettre le pouvoir aux Sudistes bien qu’ils soient du parti UNIR. Eliminée.
Mey Gnassingbé. Jeune. Moins de 40 ans. Discret. Mais fait beaucoup parler de lui. Très apprécié par son frère, il fait partie de ses hommes de confiance. Le Président voyage beaucoup avec lui. Lui montre naturellement la voie des réseaux. Surtout avec son titre de chargé de mission à la Présidence de la République. On le forme. On le cache. Et au moment voulu, on le sortira. E n 2017, il aurait plus de 50 ans. Voici l’homme qui succédera à Faure Gnassingbé. Son nom est Mey Gnassingbé. Gardez bien ce nom !
Chers opposants, Vous vous écartez de l’essentiel . Le Régime vous manipule et vous malmène. Si vous n’arrivez pas à vous accorder sur l’essentiel, après Faure Gnassingbé, le Togo aura encore un Gnassingbé au pouvoir. Oubliez les petites querelles et sachez que votre adversaire, c’est le Régime cinquantenaire. Vous avez à vous mettre ensemble pour amener Faure Gnassingbé à déverrouiller les institutions de la République et à organiser de crédibles élections en 2020 ou en 2027. Sinon, vous le laissez couler doucement ces 17 belles années. Vous lui remettez ces 17 années pour vous « détruire » et vous imposer son petit frère. Ouvrez les yeux. Sinon, du cinquantenaire, on ira bientôt au soixantenaire. Je vous donnerai la définition du Régime cinquantenaire dans ma prochaine chronique.
Firmin Teko-Agbo, Journaliste-Chroniqueur politique.
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