Chronique politique de Firmin Teko-Agbo : Monsieur le Président Gnassingbé, le Gouvernement Klassou peu efficace. Un casting à revoir !

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Il est Ministre de la Fonction publique. On l’appelle Gilbert Bawara. Il est souvent moins courtois à l’endroit de ses interlocuteurs. Il a souvent des propos moins rassembleurs. « Badaux, illégaux » font quelque fois partie de son vocabulaire. Professeur Tchakpélé. Il est le Patron des Enseignements primaire et secondaire. Il titubait devant les députés en fin de l’année dernière. Il a du mal à maitriser le nombre de revendications ou les principales revendications des enseignants qui sont sur la table de son Ministère. L’Universitaire ne se retrouve presque pas. Ses employés par moment à la maison, et les élèves dans la rue. L’autre, c’est une femme. Elle occupe les télécommunications. Répondre aux invitations des députés l’ennuierait. Elle n’y a jamais été présente. Mais son bilan moins élogieux. La télécommunication togolaise, la connexion internet, l’une des plus médiocres de la Région Ouest-africaine. Et pourtant, Cina Lawson est à la tête de ce département depuis plus de 6 ans. Lui, il est Docteur. Et il est le premier Ministre du Togo. Sélom Klassou ne maitrise pas non plus tous les dossiers de son pays. Sa piètre prestation sur vox Africa devant des journalistes internationaux à l’occasion du dernier sommet sur la sécurité maritime organisée au Togo en est une parfaite illustration. Voilà le tableau peint d’une partie de l’équipe gouvernementale de Faure Gnassingbé. Monsieur le Président, aussi extraordinaire soit votre bonne volonté, il vous serait difficile d’atteindre de meilleurs résultats avec cette équipe. Un remaniement Gouvernemental vous serait vraiment utile en ce début d’année !

Dernier trimestre 2016. Le secteur éducatif Togolais boue. Des enseignants qui abandonnent leurs postes pour la maison. Des élèves leurs bancs pour la rue. Les fonctionnaires réclament de meilleures conditions de travail. La solution espérée du Gouvernement tarde. Mais les premières réactions de l’Exécutif semblent ne pas être des plus bonnes. Les Ministres de la Fonction publique et des Enseignements primaire et secondaire affichent une certaine légèreté face à la crise. L’un et c’est Gilbert Bawara, Ministre de la Fonction publique qui ferme la porte au dialogue au premier abord avant d’être un peu plus ouvert et qui juge de l’illégalité des Syndicats grévistes. De l’huile sur le feu ! L’autre, Ministre des Enseignements Primaire et Secondaire, Professeur Tchakpélé a du mal à maitriser la situation. Il cafouille devant les députés à l’Assemblée Nationale. Il ne connait pas avec exactitude le nombre de revendications sur la table de son Département. On se demande s’ils sont vraiment Ministres de la République.

Le Chef de l’Etat Togolais aurait un problème de casting, les Ministres beaucoup plus attachés à la conservation du Pouvoir qu’à l’intérêt général. Un remaniement ministériel serait une des solutions….. en ce début d’année !

Cette situation n’est pas une première du genre dans le pays. On a l’impression que les ministres manquent d’ambition et sont plutôt attachés à la conservation du Pouvoir qu’à l’intérêt général. Leurs différentes réactions le démontrent. Un Ministre, en réalité, est un politicien. Et tout Politicien a une ambition. Une fois nommé, il matérialise cette ambition. Cela devient un projet qu’il fait tout pour mettre en œuvre. Une ambition ou un projet qui tienne compte de l’intérêt général. Les Gouvernements de Faure Gnassingbé portent moins de fruits. Difficile de voir en des Ministres des ambitions quant à l’intérêt général. Le Ministre doit être toujours attaché aux règles fondamentales de la démocratie dont la reddition des comptes, la culture du résultat et la transparence. Il doit respect au peuple et le démontre dans tous ses dires et faits. Au Togo, des ministres sont presqu’inexistants, des ministres moins courtois avec leurs interlocuteurs, des ministres qui méprisent. Des ministres loin de maitriser des dossiers vitaux de la nation et peu fertiles en termes d’initiatives. On dirait qu’ils ne sont que de simples fonctionnaires à la solde de leurs patrons. Ils seraient comme ces enseignants grévistes qui réclament de meilleures conditions de vie et de travail. La seule différence, ces Ministres ont le maximum pour vivre ? Comment ces gens pourraient-ils satisfaire ces enseignants ?

Au Togo, sur quels critères nomme-t-on Ministres ? Le Président de la République nomme-t-il les Ministres parce qu’ils sont simplement Militants du parti au Pouvoir ? Nomme-t-on Ministre parce qu’on est activiste du régime ? Nomme-t-on Ministre parce qu’on veut avoir un semblant de gouvernement de régime démocratique en mettant ensemble les technocrates, les anciens opposants, universitaires, les militaires ? Ce corps hétéroclite, divergent, incompatible pour mener à bien une politique d’envergure de développement dont le pays a besoin ? Nomme-t-on Ministre parce qu’on a été très fidèle au Général Président-Dictateur ? Nomme-t-on Ministre parce qu’on se montre bien zélé en période de campagne électorale ? Nomme-t-on Ministre parce qu’on se courbe bien avant de saluer le Chef de l’Etat ?

Il n’y aurait pas à répondre par l’affirmative. Parce que si le Chef de l’Etat avait l’habitude de tenir compte des critères liés à l’ambition, à la vision, au projet, on n’aurait peut-être jamais eu un Gilbert Bawara Ministre. Un Ministre qui agace toujours dans ses propos et qui manque de respect à ses interlocuteurs et au peuple qu’il doit prétendre servir. « Bawara, je le respecte. C’est un technocrate, mais pas un bon politicien », nous a confié un Ancien Premier Ministre Togolais.

Si le Chef de l’Etat avait l’habitude de tenir compte des critères liés à l’ambition, à la vision et au projet, on n’aurait jamais eu un Tchakpélé Ministre des Enseignements primaire et secondaire. Ses différentes réactions prouvent à suffisance qu’il a du mal à maitriser les dossiers de son Département. Sa piètre prestation devant les députés met en exergue un certain nombre de choses, qui vont en sa défaveur bien-sûr. Devant les Elus de la Nation, il expose clairement sa non-maitrise du nombre de revendications des enseignants sur la table de son Ministère. Quelle était son ambition en venant à la tête de ce Ministère ? Quel projet avait-il pour ce pays en matière d’éducation ? il en aurait une ambition, ou une vision, il aurait un projet qui tiendrait compte de tous les aspects de son Département. Les revendications des enseignants, le niveau des élèves, les échecs, le suivi des élèves en difficulté, la déperdition scolaire, le nombre d’emplois qu’on peut créer à son niveau, la subvention des privés feraient entre autres parties des composantes de son projet. Mais en titubant devant les Députés, le Professeur Tchakpélé montre au monde qu’il est loin d’être efficace. Un universitaire ne fait pas nécessairement un bon Politicien. Tout doit partir d’une ambition.

Si le chef de l’Etat avait tenu compte des critères liés à l’ambition, à la vision ou au projet, on n’aurait peut-être jamais eu une Cina Lawson Ministre du Numérique Togolais, des Télécom. La Ministre se montre presqu’inexistante. On a l’impression quelques fois que ce Département a été occulté du Gouvernement. Elle serait en manque d’une politique soutenue en matière des télécom ou de l’internet. Elle est à la tête de ce Ministère depuis 7 ans. Et la connexion internet est des plus nulles de la Région Ouest-africaine. Ouagadougou et Cotonou n’en souffrent pas autant que nous. On n’a toujours pas un troisième opérateur de téléphonie mobile et le réseau toujours beaucoup plus embêtant. De plus, elle ne s’est jamais présentée devant les Députés pour s’expliquer sur le mauvais état de la connexion internet ou sur d’autres sujets liés à son Ministère. Elle serait très puissante. Apparemment ! Quelle était la vision de Cina Lawson en arrivant à la tête de ce Département ? Elle serait beaucoup plus ambitieuse ou « porteuse’ d’un projet, on l’aurait tout de suite senti et on aurait les résultats. Les chiffres à l’appui. Mais hélas ! Pas de résultats ! Et personne ne lui dit rien non plus. Quel deal la protégerait ?

Si le Chef de l’Etat avait l’habitude de tenir compte de ces critères liés à l’ambition, à la vision, au projet ou à l’intérêt général, on n’aurait jamais eu un Sélom Klassou Premier Ministre. Un Chef de Gouvernement qui a toutes les difficultés pour maitriser les dossiers de son pays. Panama papers non maitrisé, dossier sur la sécurité maritime, il tremble et cafouille devant les journalistes internationaux sur la Vox Africa en plein sommet.

Le Premier ministre a, au cours de l’émission, donné l’impression de quelqu’un qui ne maîtrise pas bien les contours des questions liées à la sécurité et la sûreté maritimes. Il a surtout amusé les journalistes lorsqu’il a déclaré que le Togo compte sur les ressources de l’économie bleue pour reconstruire les grands marchés de Lomé et de Kara qui ont été incendiés. Un premier Ministre qui n’avait aucune information en ce qui concerne le Colloque du CAP 2015 organisé parallèlement au sommet sur la sécurité maritime. Et donc des dossiers sensibles peuvent lui échapper puisque une telle grande rencontre organisée par le principal opposant de son Régime lui échappe. Grave pour l’avenir du pays.

Sélom Klassou est un vrai Premier Ministre constitutionnel. La Constitution Togolaise de 1992 modifiée en 2002 dispose « Sous l’autorité du président de la République, le Gouvernement détermine et conduit la politique de la Nation ». Et donc, apparemment, il attendrait tout du Chef de l’Etat puisqu’il est sous son Autorité. Aucune initiative ne viendrait donc de lui Docteur Klassou. C’est l’un des premiers Ministres les plus inexistants de la IVème République Togolaise. Peu efficace. La preuve. Rien ne bouge, misère, misère et misère dans le pays. Un premier Ministre qui dit que les travaux de la Route Vogan vont reprendre alors que son Ministre des finances disait devant les Députés que le Gouvernement était en train de négocier les financements. Cacophonie !

Monsieur le Président, avec une telle équipe difficile pour vous d’atteindre « vos meilleurs résultats attendus ». Car vos Ministres seraient presque sans ambition ou sans vision liée à l’intérêt général. Ils ne se soucieraient guère du peuple dont ils sont serviteurs. La situation contraire leur aurait permis d’être un peu plus efficace. Ils travailleraient juste pour la conservation du Pouvoir. La plupart de vos Ministres travailleraient juste pour la conservation de leur poste. C’est pour cela qu’ils sont très actifs avec les Tee-shirt UNIR lors des campagnes électorales. Le résultat leur importerait donc peu.

Monsieur le Président, on vous traiterait d’inefficace si vous tenez toujours à garder cette équipe gouvernementale telle en ce début d’année.

La pratique Française serait un bon exemple

Veuillez revoir votre casting relatif à la formation de vos gouvernements. Les Français ont une pratique jugée beaucoup plus intéressante. La plupart des Ministres sont Députés. Au lendemain de la victoire de Nicolas Sarkozy en 2007 en France, il forme son premier gouvernement quelques jours après la prestation de serment du 16 Mai. Et il dit à ses ministres clairement que ceux qui ne seront pas élus aux Législatives de Juin de la même année n’auront plus leur place dans la nouvelle Equipe. Suite aux Législatives, les Ministres-candidats députés ayant perdu les élections ont été forcés à quitter le Gouvernement. La même pratique sera adoptée par François Hollande en 2012. Une telle pratique parce que les Députés ou autres élus locaux dont les Maires ou les présidents de Région ont une certaine maitrise de la gestion des affaires publiques. Ils sont porteurs d’une ambition, d’un projet et quelques fois porteurs d’un bilan qu’ils défendent à cor et à cri devant leur électorat périodiquement. Ils ont une certaine expérience face à la gestion des problèmes quotidiens de ces localités. Ils ont une certaine lecture de la vie publique. Une fois nommés, ils mettent en branle toute cette expérience.

Le Gouvernement Klassou : un Gouvernement peu efficace et en panne d’ambition

Monsieur le Président de la République, quels résultats avez-vous déjà obtenu avec le Gouvernement Klassou ou d’autres ? Les routes ? On peut s’en féliciter. Mais veuillez jeter un coup d’œil sur le poids de la dette. Elle est passée de 48% du PIB à 75% du PIB alors que la barre est fixée à 70% par l’UEMOA. Qu’a pu faire ce Gouvernement ou d’autres avec tout cet argent emprunté ? Cet argent devrait servir à financer les politiques publiques, à soutenir les initiatives privées, à augmenter le pouvoir d’achat, à créer de l’emploi, de la richesse et de la croissance. Ou en sommes-nous Monsieur le Président ? Qu’ont-ils fait ces gouvernements avec tout cet argent emprunté alors que le Togo enregistre plus de 5000 demandeurs d’emploi sur le marché chaque année selon un rapport du Programme des Nations-Unies pour le Développement, PNUD ?

Monsieur le Président, vos Gouvernements ont créé l’OTR, office Togolais des Recettes. Une mesure fiscale qui devrait créer de la croissance et de la richesse, continue de créer de la misère. On ferme des sociétés, des restaurants. Le port manque de clients. Les employés de ces sociétés qui perdent leurs emplois se retrouvent au chômage. Ils trouveront de l’argent où pour subvenir à leurs besoins quotidiens ou à ceux de leurs familles qu’ils entretiennent régulièrement ? Ils trouveront de l’argent où pour payer les frais de scolarités de leurs enfants qu’ils éduquent ? Voici la misère que créent vos gouvernements avec cette mesure fiscale qu’est l’OTR. L’OTR est une bonne chose à priori car elle permettrait de mobiliser beaucoup plus de ressources mais encore faut-il qu’il soit accompagné de pédagogie car il fera moins de recettes les années à venir. Les entreprises qui devraient lui régler le fisc vont fermer leurs portes ou se délocaliser et le taux de chômage en voie d’aller en creshendo.

Monsieur le Président de la République, aussi magnifique ou extraordinairement grande soit votre bonne volonté, il vous serait difficile de vous en sortir avec cette Equipe. Ni le Premier Ministre ni certains de ses Ministres ne vous aideront à être un Président efficace. Le Gouvernement est peu efficace et manque d’ambition, de vision, de projet et d’audace.

Monsieur le Président, un remaniement Gouvernemental sérieux en ce début d’année serait un acte pragmatique de votre part et afficherait clairement votre volonté de faire évoluer le Togo cette année 2017 et celles à venir.

Bonne et heureuse année Monsieur le Président !

Firmin Teko-Agbo, journaliste-chroniqueur politique.

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