Chronique de Sylvestre Beni : La pluralité des partis, un frein à l’alternance ?

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L’alternance ! Le défi est grand et chacun y va. Souvent avec des méthodes aussi bancales que burlesques, mais chacun y va et y croit tout de même. L’objectif, gagner le « marché » politique togolais. Marché ? Vous en doutez ? Le terme n’est ni gratuit ni fortuit. Les partis politiques deviennent aujourd’hui un véritable fonds de commerce au Togo. Qui pour me prouver et me convaincre du contraire ? Je lui offrirai volontiers deux bouteilles de Guinness mises au frais depuis 5 jours.

En effet, depuis le top départ du multipartisme, les Togolais se sont lancés dans une véritable course effrénée ─celle de Carl Lewis ou de Usain Bolt, j’ignore encore pour l’instant─ pour la création des partis d’opposition. Il en pousse encore aujourd’hui comme des champignons. Et comme toujours, la rengaine habituelle est vite servie : « Nous voulons l’alternance, nous voulons le changement. Un seul parti au pouvoir… trop c’est trop ». Eh oui entre nous, les termes sont bien choisis, les produits, alternance et changement, sont très demandés et bien commercialisés sur le marché politique togolais. Oui que dites-vous ? Un peuple qui a faim de la démocratie et l’Etat de droit est toujours prêt à tout sacrifice même si souvent, il se laisse facilement embobiner, enfariner, rouler. Dommages !

Cent onze (111) partis politiques, dont le dernier né, le DSK, pardon DSA, Les Démocrates Socialistes Africains du député de Dankpen, Targone Sambrini, se partagent la scène politique togolaise. Mais pour quels résultats ? Cent onze (111) partis pour sept (07) millions d’âmes au Togo. Alors Donald Trump et les siens sont des paresseux aux Etats-Unis.

Normalement, l’on devait bien compter 5154 partis politiques pour les 325 millions d’habitants aux Etats-Unis. Non, soyons sérieux. Mais pourquoi, pourquoi cette floraison, cette quincaillerie de partis pour une scène politique qui n’a pas changé depuis 50 ans ? Comment comprendre cette sournoiserie naine qui voudrait qu’il ait une foultitude de formations alors que le théâtre politique peine à se débarrasser de ses vieux clichés ? « Quand la musique change, la danse change », dit-on souvent.

Mais le pouvoir togolais n’a véritablement pas changé les choses. Alors pourquoi vous vous bousculez ? Messieurs, unissez-vous ! Sinon les partis, vous en créerez encore et encore et dès que vous aurez fini d’en créer, il en restera un qui demeurera assis là : le RPT-UNIR. Que seront donc vos efforts ? Messieurs les opposants, aujourd’hui, j’ai envie de vous dire tout haut ce que le peuple pense si bas : « On commence par être fatigué de vous ». Quelqu’un dira par contre que l’effectif pléthorique ou la pluralité des partis ne devait en principe être un frein pour la réalisation de l’alternance au Togo. Je partagerai cet avis, sauf que je voudrais aussi ajouter un bémol et fais observer cette pensée du Charles Blé Goudé dans son ouvrage De l’enfer, je reviendrai. Il dit : « Un combat avec beaucoup de leaders, échoue naturellement ». Regardez seulement les scènes obscènes, les guéguerres implacables que se livre l’opposition togolaise entre elle et vous comprendrez bien les choses. Chacun prêche pour sa chapelle. Pendant ce temps, l’adversaire politique commun se frotte les mains. C’est tout dire !

Ici, comprenons-nous seulement une seule chose, la plupart des opposants togolais sont plutôt guidés par des intérêts sordides et inavoués, loin des profondes aspirations du peuple. Pour preuve, j’en connais un qui est devenu très riche au sortir de la présidentielle de 2015. Ses actions, ne sont désormais que des publications sporadiques sur le net. Ces individus ont donc des agendas cachés et se servent impitoyablement du peuple pour parvenir à leurs objectifs. Tenez ! Si les députés Djimon Oré et Nicodème Habia ont été tous « chassés » de l’UFC pour avoir soutenu à la même cause, pourquoi chacun d’eux crée sa propre formation politique alors qu’ils avaient pourtant la même vision des choses ? Pourquoi ne devait-il pas rester ensemble, fédérer leurs efforts et surfer sur leur conviction politique pour mener à bien le combat démocratique ? Non, il est temps que les gens cessent de blaguer avec ce peuple.

Il est grand temps d’ailleurs qu’ils comprennent que les Togolais ont beaucoup souffert, et qu’il ne faudrait surtout pas en rajouter. L’essentiel aujourd’hui, est que tous les partis de l’opposition togolaise se regroupent par idéologie politique et nous épargnent des querelles intestines, ces rififis de bas niveau pour s’atteler à l’alternance et au changement tant souhaités par le peuple. La nation vous en saura énormément grée.

Sylvestre Kokou Beni
Journaliste indépendant
Romancier et Essayiste

www.icilome.com