Chronique de Kodjo : Pathétique!

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Plus que jamais le Togo est un cas d’école. Clinique. Très peu de peuples de par le monde ont aussi lamentablement abdiqué ; célébré les désastres d’une tyrannie; contribué à l’effondrement du patrimoine commun ; cautionné des crimes ; transformé la résilience en résignation ; suicidé les moindres espoirs. Le syndrome de Stockholm ( attachement entre ravisseurs et otages) qui nous lie, nous peuple togolais, à des dirigeants inhumains, d’une rare obscénité, d’une rare violence, est inédit, jamais égalé. C’est affolant.

Le Togo n’est ni un État, ni une nation. Juste un territoire indéfinissable, un pastiche de république. Sans âme précise. Les dirigeants qui le défoncent jour après jour et le peuple qui lui, est confondu par des mirages venant de tous les bords, ne partagent ni la même lecture, ni la même vision, ni les mêmes valeurs ou intérêts. Pouvoir et population n’ont pas un livre d’histoire commun et ne racontent pas les mêmes histoires. Ils se méprisent et, souvent, très souvent, remplacent les couleurs nationales par des étendards de parti, parfois de famille, symboles de la myriade de ces petites formations – une bonne centaine – dont les fondateurs, faussement, se croient, chacun, éligible à la présidence de la République.

Les Togolais, décidément, ne vivent pas dans le même Togo et ne veulent pas du même Togo. Pire que tout : chez nous, lorsqu’on est intellectuel, c’est pour lorgner des postes, dans le public, là où il y a de l’argent à se faire (à voler). Naturellement, le pouvoir se pose continuellement en maître incontournable du jeu. On comprend pourquoi, le RPT/UNIR a les mains libres de mentir au monde, de voler, de trahir l’esprit et la lettre de notre souveraineté nationale; pourquoi il peut, allégrement, jouer au plus malin en tirant toutes les ficelles, s’arrogeant le droit de faire plaisir aux chèvres, aux choux, aux gueux, aux grappes de raisin et aux ours, à domicile comme à l’extérieur. Notre malheur est que trop souvent, le peuple doute et même oublie que c’est lui qui doit faire le grand nettoyage en s’élevant, comme un seul homme, contre ses institutions friponnes qui le déshumanisent. Il doute et oublie qu’à force de parier chaque fois sur le(s) mauvais cheval(aux), il n’obtiendra rien et qu’un jour tout peut littéralement s’écrouler sous ses pieds.

Le mal, c’est aussi notre opposition. Toujours lourde, branlante. Chaque fois truffée de gueux transhumants, réduite aux sigles, incapable de représenter une réelle menace et contrainte à fantasmer dans des marches confinées dans Bè, loin des symboles de la dictature. A cause des faiblesses de cette opposition, le peuple a du mal à forger l’ardeur nécessaire, le courroux suffisant, qui lui permettent de rétablir une fois pour toutes son génome, son ADN en tant qu’entité souveraine. A cause de cette opposition financièrement limitée, trop souvent hésitante face aux pièges du pouvoir, le concept  » Togo d’abord, rien que le Togo et jamais un Togo siamois avec le RPT/UNIR « , a du mal à prendre définitivement forme.

Pour tout cela, il faut un arbitre. Pour créer les conditions d’une pérennité politique, économique, culturelle et morale de cette marque Togo et pour sa souveraineté totale, il faut un arbitre. Pour sacraliser la démocratie, les libertés et le droit, pour ressusciter le pays, et peut-être un jour l’État et la Nation, il faut un arbitre. Pour entériner les bons choix, il faut un arbitre. Pour essayer de redonner l’espoir, il faut un arbitre. L’arbitre, à ce point, ne peut venir que de la société civile. Pas n’importe laquelle mais celle qui, sans craintes ni tabous, soit capable de recoudre les oripeaux d’un pays laminé par une coterie sans foi dont la vulgarité et les laideurs, au bas mot, déconcertent. Pour redresser ce Togo inqualifiable, son président, au lieu de recourir aux services des filous internationaux à l’instar du vendeur de satisfecits belge, Louis Michel, devrait s’élever au dessus des ruines et jouer son rôle, celui pour lequel il est paye, nourri, habille et …. Or, l’actuel président de la République(?) s’appelle Faure Gnassingbé: un zéro absolu.

Le 20 Décembre dernier, après le RIEN d’un dialogue farfelu, nous voici dans un NEANT interstellaire, dans le zéro absolu, avec une Assemblée composée des moins-disants du pays, de petits noeud-noeud mais aussi de détraqués, certains soi-disant indépendants, une assemblée intimement monocolore, digne des régimes de parti unique. Le gouvernement issu du simulacre ne peut avoir meilleur visage: une équipe de coquins, de ministres potiches qui, calculette en main, vont détourner à tout bout de champ et pédaler, sur place, dans la même semoule contaminée, incomestible, que vante à qui veut l’entendre le joyeux zozo de Notsè, un premier ministre ivre de militantisme. Le bilan est des plus désastreux, des plus funestes de la sous-région: l’éducation de la jeunesse reste à la merci de la rue et des réseaux sociaux quand, comme réalisations, prisons, cimetières et morgues sortent de terre, en lieu et place des centres de santé modernes.

Pour compléter ce sinistre tableau à faire chouiner dans les chaumières, nos misérables députés du 20 décembre attendent de recevoir les ordres de l’exécutif dont ils doivent leur nomination, donc du Grand maître du sérail. Bientôt, des tractations bidons entre assaillants verront le jour, pour des reformettes, conformément a la tenace volonté du « patron » de forcer un accouchement par césarienne, sans anesthésiant, de son état de droit, le genre qui sied a ses envies.

On n’ira pas jusqu’à dire que la montagne du dialogue a accouché d’une souris, mais d’un petit rat. Pour ce qui est des couleuvres, les Togolais du bas d’en bas peuvent se faire une joie forcée de les avaler. Sacrée classe politique togolaise, bonne à RIEN. C’est pathétique. C’est Zero absolu.

Kodjo Epou
Washington DC
USA

27Avril.com