Chronique de Kodjo Epou : Togo cherche opposition

0
368

Chronique de Kodjo Epou : Togo cherche opposition

«Jean-Pierre Fabre est le meilleur de tous dans l’opposition» : dixit Eric Dupuy. Rien d’étonnant! C’est la ligne de l’ANC. Un parti qui s’apparente de plus en plus à une ténébreuse caste. A force de donner tout à son égo et au militantisme aveugle, on n’a plus rien à donner à la raison et au devoir. Voila l’axiome. Comment peut-on prendre au sérieux un parti où l’on se permet une telle escalade? Minimiser les autres au profit d’un loser surnomme «on m’a vole». On dirait que les anciens associés de Gilchrist Olympio, en quittant l’UFC avaient emporte avec eux les recettes de l’exclusion, arrogants, répulsifs, populistes. Au fait, le marmiteux Dupuy Eric croit balayer d’un revers de main toute démarche, tout discours qui ne place pas son gourou au premier rang. Que nenni! La côte de Fabre dans le public s’est assoupie dans une somnolence. Avec un charisme réduit à celui d’une huître, Il ne galvanise plus. Faute de résultats. Le temps est plutôt à des alliances inclusives, propices à l’émergence d’une opposition plus forte, plus crédible.

Que de la pitié! C’est ce qu’inspire l’état du Togo. Notre pays. Le désastre, beaucoup plus visible de l’extérieur, échappe, des fois, à ceux qui le vivent à l’intérieur. Parce qu’ils en subissent, au quotidien, les affres qui aveuglent. Parce qu’ils ont, à longueur de journées, le nez dans le marasme, c’est à peine s’ils arrivent à mesurer à sa juste dimension l’étendue des dégâts. Ce qui est sidérant, c’est quand l’opposition, une fois encore, en est venue à ses habituels cafouillages, s’empêchant de se mettre d’accord, ensemble, sur la conduite à tenir par rapport à 2020 et au-delà.

Comment un peuple peut-il s’organiser avec détermination et enthousiasme si ceux à qui revient la responsabilité de donner les mots d’ordre s’embrouillent ou s’affrontent? Comment peut-il, ce peuple, transformer sa rage et son courroux face à l’oppression avec des leaders qui ne pensent qu’à eux-mêmes, donc incapables de dépassement et de génie? L’auteur de la phrase désormais emblématique qui avait dit que «l’opposition togolaise est la plus bête du monde» aura t-il finalement raison? Aujourd’hui l’idée d’un sang neuf, d’un nouveau leadership émanant de la société civile est plus que vive mais personne ne veut faire le pas; personne ne veut aller plus loin en faisant des propositions concrètes de noms.

Notre opposition se serait rangée derrière un leader, autour d’un pole de décisions unique qu’elle aurait fait l’économie des cafouillages monstres auxquels les Togolais assistent en ce moment. Pourquoi tout cela? Parce que le panthéon est rempli de mauvaises odeurs, d’ambitions saugrenues, de petits calculs de dingues, parce qu’au Togo tout le monde se croit présidentiable, au même moment et que, selon certains et non des moindres, c’est une bonne chose si les candidatures fleurissent en 2020: hier, en 2015, unicité de leadership contre Faure, aujourd’hui, le discours est différent. Quel flottement, quelle divagation pendant que des compatriotes dépriment et meurent? Lorsqu’on fait un recul intelligent, l’on comprend davantage pourquoi la communauté internationale n’accorde aucune crédibilité, aucun respect à l’opposition togolaise, ne trouvant nulle urgence de la sauver des séances régulières de «sodomie» dont elle est l’objet par le pouvoir UNIR.

Ils ne l’ont point tout à fait faux, ceux qui affirment que l’opposition sème le désordre et la confusion dans les esprits des Togolais qui aspirent au changement et que ses va-et-vient insipides sont, dans la plupart des cas, la cause principale de la démobilisation générale tant dans le pays qu’au sein des Togolais de l’extérieur. Récemment, Docteur William Kouessan du parti Santé du Peuple n’a pas été épargné par une pluie de tirs à boulets rouges des «Talibans» de l’ANC lorsqu’il avait fait état de la nécessite, pour l’opposition dont il est membre, de se ranger derrière un leader de la société civile ou un indépendant en vue d’une meilleure organisation du peuple face aux défis qui pointent a l’horizon.

On a avance pêle-mêle des arguments de sots parmi lesquels, je cite: «quel poids représente au Togo Santé du peuple comparé à l’ANC pour que Dr Kouessan en appelle à un leadership qui ne soit pas assure par Fabre?» Pendant que ses militants lui attribuent un poids imaginaire difficilement quantifiable, l’opposant professionnel, Jean Pierre Fabre, fait des pieds et des mains pour mendier chez le prince un 28eme dialogue avant la présidentielle. On doit se demander à Abuja, au siège de la CEDEAO, ce qui ne va pas avec cette opposition togolaise qui ne se lasse pas des volées de coups les plus humiliantes que lui assène à intervalles régiliers le pouvoir cinquantenaire.

On le voit, lorsqu’on écoute les judicieuses analyses de Tikpi Atchadam publiées dans un audio qui s’arrache comme des petits pains sur les réseaux sociaux, il est notable que l’opposition s’est engluée dans des failles béantes, avec d’un coté ceux pour qui aller à la prochaine présidentielle est un moyen de créer un évènement majeur susceptible de provoquer le déclic qui force l’alternance et de l’autre ceux qui n’y voient aucune importance compte tenu des structures du système électoral restées inchangées. Comment réconcilier les partisans du OUI et du NON à une compétition avec de Faure? Comment rapprocher les tendances et colmater les brèches si cette opposition ne se dote pas d’un centre de décisions commun comme le suggère Dr Kouessan, si chacun reste dans son coin, se contentant de manipuler la presse pour se donner bonne conscience?

A y voir de près, le leader du PNP, depuis son «trou», a encore prèché dans le désert et son discours restera lettres mortes. A cause de toutes cet embrouillamini sans fin, le Togo reste un pays malade, où le jugement est quasi- impossible, une nation en pleine déconfiture, morale, sociale et économique. Pendant ce temps, les nombreuses attentes de notre peuple, elles, sont confinées dans des éphémérides trompeuses. Pauvre peuple qui se doit d’avaler sans les mâcher, les funestes fourberies de sa classe politique gorgée, ici d’opulence et là d’incompétente. Même les oiseaux et les plantes ont mal sous le ciel togolais, gémissant comme des mats en travail.

Chronique de Kodjo Epou : Togo cherche opposition

Jusqu’à quand cette terre restera-t-elle déserte d’intrépides patriotes ou un petit groupe de tètes fêlées, a leur guise, vont continuer de plonger le peuple dans le Styx, le plus torride des fleuves de l’enfer? Quels supplices, quelle croix nous est devenue cette terre inféconde? Comme on le dit, « A brebis tondue, Dieu mesure le vent. Les Togolais n’ont-ils vraiment aucun choix que de s’en remettre a cette épigraphe c’est-à-dire à la clémence du Ciel? «AMESSOU» vraiment car, trop c’est trop!

Kodjo Epou
Washington DC
USA

27Avril.com