Encore des vies humaines et des paires de côtes brisées au Togo? C’est quoi le projet du RPT/UNIR? « None »! Ce parti peut-il conjuguer un verbe différent, autre que “assassiner”? Quand tous les pays voisins peuvent se targuer d’être des pôles de stabilité politique, le Togo, lui, est à la peine, verrouillé par une dictature militaire, régi par des lois qui réfutent l’avenir. Le régime, pour survivre, s’est cloîtré dans ses vieilles habitudes, procédant, chaque fois, par la ruse, la dissimulation, la duperie et, en cas de blocage, par le meurtre; des pratiques qui sont désormais, chez les voisins, du ressort d’un héritage destiné à l’oubli et étiqueté comme étant le côté sombre de leur histoire. A vue d’œil, l’état togolais fond. Et son chef, rempli de trouble, part en vrille, seul contre tous.
Pourquoi pas chez nous? La question est courante au Togo, chaque fois que nos voisins immédiats, disons plutôt nos cousins du Ghana, du Bénin, du Burkina nous donnent, par la pratique, des leçons de démocratie. Nous Togolais sommes devenus admiratifs, même envieux des mutations politiques par voie électorale qui ont lieu, sans mort d’homme, dans ces pays, faisant émerger des élus crédibles, dignes d’être appelés honorables, dans un ordre presque impeccable. En comparant, les Togolais ont de quoi s’apitoyer sur l’état de leur démocratie où ce sont quelques deux ou trois individus qui font la loi. Cette terrible démocratie que Robert Dussey, avec l’argent du contribuable, a pour mission de promouvoir à l’extérieur, auprès des chancelleries en des termes amadoueurs de « démocratie à la Togolaise« .
Ce que le RPT/UNIR refuse de voir ou de dire, c’est que chez les voisins et dans chaque pays de la sous-région, la démocratie est soutenue en bonne et due forme par un cadre électoral consensuel fondé sur des bases claires favorable à l’alternance. « The Electoral commission of Ghana » par exemple n’a rien de semblable à notre CENI, cette broyeuse qui berne les électeurs togolais, les empêchant de s’identifier avec fierté à ceux qui sont prétendument sortis des urnes. Les hommes et les femmes qui sont à la tête des institutions électorales, à Accra, Cotonou et Ouaga ont de la côte dans le public. Ils circulent sans une armada de militaires de protection comme on en trouve au Togo. Ils émanent, ces hommes et femmes de bonne réputation, d’un consensus national, de la légalité, mus par le sens aigu de l’intérêt général et l’esprit de responsabilité devant la nation et devant l’histoire. La pierre angulaire de ces belles expériences démocratiques doit sa solidité à un paramètre fondamental : l’unanimité presque totale sur la constitution de ces pays. Ensuite, à la crédibilité des organes de régulation du processus électoral qui en sont issus.
Les constats similaires sont du domaine des impossibles au Togo, un pays qui se nourrit de fréquentes intrusions de milices armées, qui couve d’énormes retards et incertitudes, de sorte que parfois, le président, conscient de son impopularité, est contraint de se livrer à de viles prestidigitations, allant jusqu’à inaugurer des latrines publiques, dans le souci (désespéré) de grignoter quelques bribes de sympathie. La honte du chef étant, vis-à-vis de l’extérieur, celle de son peuple, les Togolais veulent la fin de cette infamante série d’élections fraudées qui charrient, avec elles, une succession de majorités totalement fictives. Pourquoi vouloir, cette fois encore en 2018, organiser des législatives sans chercher à résoudre en priorité les points de litige pendants qui livrent le Togo à ces interminables errements qui n’honorent personne? Si ailleurs, pas si loin de chez nous, les lois fonctionnent pour les peuples et les protègent, elles sont, au Togo, en rébellion ouverte contre le peuple. Avec des juges féodaux, viscéralement incompétents, inféodes et incapables de lever le petit doigt devant les crimes les plus odieux. Avec la complicité de ses juges qui n’existent que de nom, le Togo erre, nu, à la risée du monde, avec des institutions chétives d’où, à titre d’exemple, une assemblée nationale automate, fantoche, qui se reconduit au fil des législatures à la fois statiques et creuses.
On s’en souvient, le chef de l’état avait, en 2010, promis à ses compatriotes le modèle électoral ghanéen. Mensonge! Non content de s’être goinfré des pouvoirs exécutifs et judiciaires sans limite, il veut encore engloutir le prochain législatif pour donner libre cours à son autocratie déprimante. Le problème, c’est que chaque fois au Togo, les lois sont rafistolées dans les angles, juste et uniquement pour seoir à la triche qui peut habiller infailliblement la famille Gnassingbé, une famille que l’homo de Cro-Magnon, Gilbert Bawara, va comparer à la famille Bush aux États-Unis.
Il suffit d’entendre ce triste individu réciter son chapelet de sottises pour comprendre les déboires de la république. Ce qui place le pays à des années-lumière des avancées encourageantes qu’on peut constater aux pays des Nana Akufo, Marc Kaboré et autres Patrice Talon. Juste au lendemain de la feuille de route de la CEDEAO, le pharaon togolais n’a pas tardé à lancer dans l’opinion ses bucoliques et moulins à mensonges. Le “trio madjessi” Boukpessi, Bawara, Tchao en tête. Déjà le 1er Août, après la clôture du 27ème dialogue, l’intention était clairement affichée: rester, s’accrocher, quel que soit le prix à payer pour la population. L’essentiel, ce n’est point pour défendre un quelconque bilan – ils n’en n’ont pas – mais permettre à la caste de continuer à patauger de plus belle le Togo dans le clafoutis des mêmes criminels qu’on voit déambuler dans Lomé, vautrés sous leurs lambris de luxe sale. L’autre tare du Togo, c’est son armée. Déloyale au peuple. Si Faure Gnassingbé n’a pas peur et dirige le pays comme sa basse-cour, c’est parce que le Togo est doté d’une armée faiblarde, remplie de troufions accros de strapontins illusoires qu’ils croient paradisiaques. Bien entendu, tels des idolâtres profondément atteints, ils avalent encore avec sérénité les bobards d’un palais décadent qui parvient encore à les chosifier.
Pitoyable Togo ! Pépaurisé par un régime qui ne mérite rien de moins que d’être déraciné de fond en comble, autrement que dans les urnes. La réalité étant qu’il s’agit d’une féroce dictature, un cruel système de filouterie sous lequel rien ne peut se faire sans qu’on ne manipule les chiffres et les comptes, sans qu’on ne biaise, par le mensonge, les critères admis dans une société moderne, surtout, sans que le sang humain ne coule. On espérait, naïvement bien sûr, que le dernier dialogue pouvait marquer définitivement la fin des tristes éphémérides électorales, ces élections de la mort qui bloquent les voies d’accès à une résolution définitive de la plus vieille crise politique d’Afrique de l’ouest.
« Nous voulons nous aussi ressembler aux autres peuples« (dixit J-P. Fabre). En effet! L’exception n’a que trop duré et le Togo n’a que trop brillé par l’obsolescence de ses institutions, la violence insoupçonnable de son appareil sécuritaire. « Plus de fausse majorité« . « Le changement des textes et des hommes, c’est maintenant« . C’est là où en sont les Togolais. C’est cela le message qu’ont les manifestants à l’endroit de la CEDEAO. A raison car, après tout, le Togo est un pays, et non une entreprise. Et si l’on n’arrive pas à changer le cap du « Faure Gnassingbé ou rien », notre pays, le Togo, risque, après, de manquer de temps et d’occasions pour dévier la catastrophe, avec ce que cela comporte comme conséquences pour tout l’espace de la CEDEAO. En un mot comme en cent, les Togolais veulent eux aussi un chef de l’Etat et des députés qui les représentent et qu’ils pourront fièrement appeler “honorables …”
Kodjo Epou
Washington DC
USA
27Avril.com