Chronique de Kodjo Epou : La feuille de route de la CEDEAO, encore un miroir aux alouettes?

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Le scenario qui se profile est hallucinant: Kodjona Kadanga organise ses législatives frauduleuses. Les Togolais iront protester. Dans la rue. Plusieurs vont se faire tuer. Par les troupes de Félix, l’autre Kadanga, lui, chef d’État Major des FAT. Autrement schématisé, le grand frère prépare l’hécatombe, son cadet se charge de la remplir de corps et de sang humains. Élection terminée. On ferme le ban de la forfaiture et à la prochaine: c’est cela, «le Togo possède des institutions qui fonctionnent »? Non! Le Togo a toujours besoin d’être représenté par une saine et légitime autorité.

Gnassingbé est bien conscient du mal qu’il fait à plaisir. Il sait ses passions sans freins déshonorantes pour la patrie devenue un abîme effrayant que son appétit du pouvoir creuse. Sous sa veille, des fusils chargés de balles génocidaires circulent entre les mains de tueurs avinés, ivres de haine tribale. Clamer que c’est hallucinant, c’est peu dire, affirmer que c’est criminel et révoltant, c’est rester bien en-deçà de la réalité. Tant que la mauvaise foi, l’hypocrisie et la malhonnête de Faure resteront aussi criardes, tant que ses vices, sa vision obtuse de l’État, du citoyen et de ses droits marqueront de leurs empreintes la vie politique, le Togo poursuivra ses cirques macabres. L’opposition a la lourde et délicate responsabilité de porter l’espoir du changement mais reste confondue, ses bases prises en chasses dans leurs bastions. Ira t-elle, le 20 Décembre, à une élection avec la moulineuse des Kadanga, cette CENI de truands dont certains membres émanent d’une catégorie rare d’opposants génétiquement modifies, vénaux? Il faut franchement dire que le Togo, une fois encore, est dans le « starting box » d’un brigandage électoral hors-norme. Rien de moins!

Ainsi va t-il depuis des lustres, ce pays qui sombre progressivement dans une aphasie anesthésiante, souffrant d’un mal incurable qui ressemble à une malédiction divine, un bled ou aucune turpitude ou scandale n’ébranle les dirigeants. On comprend pourquoi ils ne s’encombrent nullement de considérations d’ordre moral pour faire des élections fraudées le moyen principal de leur survivance. Une réalité amère dont se nourrit la persistance d’un conflit chronique, d’un climat de haine permanent au sein de notre société. En principe, quand les électeurs vont voter pour la pure forme, quand ils n’ont de choix qu’entre la dictature et le chaos, c’est dans la rue que les choses auraient pu être tranchées, pour rétablir le parcours normal de l’État de droit ou obtenir la capitulation du régime de prédation. Le Burkina l’a démontré de façon éclatante !

C’est sans doute parce que l’opposition togolaise est trop lente a anticiper les évènements qu’elle reste chaque fois à la traîne. C’est aussi, peut-être, parce qu’elle sous-estime sa capacité à  donner de sérieux fil à retordre au régime et sa « Panurgie » de bric et de broc. Le 19 Août dernier, en d’autres temps, en d’autres lieux, une révolte populaire aurait fortement grondé, les citoyens auraient massivement pris toute l’affaire en main pour obtenir le départ des incapables de tous les bords et forcer une renaissance de l’état togolais. Impossible! Nos villes et campagnes sont militarisées à outrance et, de facto, interdites de tout rassemblement. La solution est-elle dans les urnes? Lesquelles? Supervisées par qui? Le chef de file de l’opposition, Jean-Pierre Favre et la C14 affirment que plus jamais ce pouvoir ne va plus organiser seul les élections au Togo. On n’en demande pas mieux!

Mais souvenons-nous. « Les experts de l’UE avaient, lors de la présidentielle d’avril 2015, relevé des disparités régionales effarantes, marquées par une surinscription très forte dans la région centrale, dans la Binah et Kara(137%), Bassar(123%), Dankpen(177), Doufelgou(117%), Kozah(114%), Keran(119%) et Assoli(116), alors que les taux d’inscription étaient drastiquement bas dans le Sud, la région maritime précisément la plus peuplée du pays? UNIR veut récidiver ces anomalies indigestes visant a doter une fois encore le Togo d’une majorité contrefaite. Alors, tous les moyens sont bons pour transformer la feuille de route en un miroir aux alouettes. Du coup on s’attelle éhontément à décapiter la Société civile de ses activistes.

Présenter des candidats de l’opposition à une élection sans un redécoupage convenable et qui échappe au contrôle du comite de suivi conjoint de la CEDEAO et de la Facilitation, serait un marché de dupe, une dépravation pure et simple de la lutte du peuple contre la dynastie. Car, nul n’a besoin d’un méticuleux art de calcul ou d’une révélation divine pour statuer que l’opposition ira y mordre la poussière, candidature coalisée ou pas. Elle a beaucoup plus intérêt à remobiliser les populations et les instances de la CEDEAO.

Ces populations savent que le pouvoir de Faure Gnassingbé a commencé par un gâchis et se poursuit par des gâchis; que ses trois mandats ont commencé, chacun, avec des promesses véhémentes et se poursuivent avec de vibrantes catastrophes qui ont dû conduire le Togo à un 27eme dialogue sous l’égide de la CEDEAO. Le Comite De Suivi Communautaire, en connaissance de cause, doit arrêter la machine des Kadanga avant que ne se mettent définitivement en branle les différentes étapes de la parodie faite de langue de bois dodue, de bourrage d’urnes saugrenus et de mathématiques biscornues qu’un margoulin du sérail, le vieux juge croûton aux desseins de conspirateur, pompeusement appelé président de la cour constitutionnelle, viendra entériner en faveur du tyranneau qui peut à peine se réclamer du dixième de l’électorat.

C’est cela la réalité dans notre pays. Saisissante. Si malgré cela, l’opposition se maintient dans une dynamique participative et reste incapable d’empêcher toute élection au Togo sans la mise en œuvre effective et totale des recommandations de la CEDEAO comme elle l’affirme, c’est-a-dire sans un état Togolais profondément reformé, ses militants n’auront, demain, qu’à se contenter du seul droit que le palais leur garantit, celui de rêver.

Chronique de Kodjo Epou : La feuille de route de la CEDEAO, encore un miroir aux alouettes?

Quant à notre peuple depuis longtemps privé de tous les droits, notamment celui de choisir ses dirigeants, il ne lui restera que le droit de déprimer en semaine et d’aller, les dimanche, fantasmer aux pieds de gourous tout autant corrompus, dans les églises dites charismatiques ou l’on trouve tout, sauf la présence de Dieu. Le revers de toute hécatombe est prévu. C’est écrit qu’a la fin, notre peuple parviendra à rabaisser le palais et amener ses occupants à s’abîmer dans leurs propres cendres.

Kodjo Epou
Washington DC
USA

27Avril.com