Chronique de Kodjo Epou : La boucle est bouclée, la C14 a vécu 23 mars 2019

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Par Kodjo Epou
Les nouvelles du pays ne sont pas bonnes. Pas du tout. Chaque jour, ce sont les mêmes jérémiades, les mêmes histoires, les mêmes faux-pas et recommencements. Surtout la même rage. “On souffre…. lorsqu’on est malade et qu’on va à l’hopital, c’est pour aller rendre l’âme”, sur des lits crasseux bondés de cafards errants. Ce sont-là les cris sordides des familles désabusées, qui parviennent aux oreilles des dieux encore présents sous le ciel togolais. Le quête de l’intérêt général ayant foutu le camp, le pays est en auto-pilotage et le quotidien de ses enfants se résume aux tintamarres de pasteurs véreux, des lieux de culte sauvages, les seuls refuges disponibles en un attendant un lendemain meilleure qui, ironie du sort, s’éloigne. Au nom de la politique de la panse, les Togolais se voient ainsi soumis à toutes les douleurs extrêmes?

Les soucis du Togo, c’est sa classe politique. Elle est calamiteuse, toutes tendances confondues. A cause d’elle, la misère est reine. Lorsqu’on se rend au pays, ce sont, partout, les mêmes échos récurrents de la misère aigüe à couper le souffle. Pendant ce temps, les nouveaux riches ne s’embarassent pas de leur allure de voleurs publics, étalant en grande pompe les oripeaux d’une opulence fatale, mortelle. Pauvres de nous Togolais, malmenés de scandales en scandales, hautement trahis à tout bout de champ par une classe politique délictueuse, livrés pieds et mains liés aux folies d’une tyrannie impénitente chaque fois en quête de brasiers à entretenir. C’est un petit miracle si la peau de chagrin qui nous sert de pays natal ne grouille pas encore de kalachnikov et dérivés.

Aujourd’hui, alors que l’état de déliquescence de la patrie exige qu’une ère nouvelle étale, au nom de la raison et de nos martyrs, quelques bribes de lueurs à l’horizon de nos malheurs, les maux endémiques qui frappent le Togo depuis des lustres redoublent d’ardeur. Sous nos yeux, c’est la C14 qui se disloque. Avec fracas. Sans aucune pensée respectueuse, sans aucun tribut pour les nombreux compatriotes mortellement fauchés dans son giron. Le pire n’est pas derrière. Loin s’en faut. Qu’on ne se berce pas d’illusions, ce honteux déboîtement de la C14 est un chèque en blanc déposé entre les mains du RPT/UNIR pour sceller définitivement le sort d’un pitoyable Togo qu’il ne nous restera plus qu’à appeler un “Enfer sur Terre”, un prototype parfait de république moyenageuse en plein 21ème siècle.

Devant cette situation de désespérance totale, faut-il pour autant se morfondre dans l’inaction, se dire que le rêve togolais promis par les pères de notre indépendance n’est qu’un écran de fumée, un rêve sans lendemain, puis mettre la clé sous la porte et fuir vers des cieux lointains, plus clements? Il n’y a pas, malheureusement, un seul jeune au Togo qui ne cherche pas à partir, à fuir la terre natale. Pourquoi le départ à l’étranger doit-il être la seule issue, la seule richesse pour la jeunesse togolaise?

Déjà, Il y a bien sûr, ceux qui ont quasiment tourné le dos au pays, largué les amarres et juré qu’on ne les verra plus jamais sur cette terre ou la souffrance est la règle, le mieux-vivre l’exception. Nombreux sont les Togolais qui ne comptent plus sur le gouvernement actuel pour leur procurer une existence décente. Bien nombreux sont aussi ceux qui ne veulent pas attendre que l’opposition, dans sa forme présente, soit pour eux porteuse d’espoirs pour l’avenir. C’est la désillusion, la désespérance. La solution et le salut proviendront de la capacité de la génération nouvelle, par un éveil politique hardi, à inventer ce qu’elle veut que son avenir soit. Car, nos compatriotes ne le pensent pas moins, le parti gouvernant et son opposition ont été plutôt dans un festival d’hypocrisie, dans des noces juteuses. Une classe politique qui foisonne d’impairs et de petits calculs et, conséquemment, détruit l’enthousiasme chez les plus jeunes. Ces derniers, de plus en plus, s’éloignent. Et l’érosion du pays continuera aussi longtemps que la politique sera vue, chez nous, comme une source d’enrichissement à défaut de créer la prospérité au profit de la majorité.

Mais, l’avantage, selon l’histoire, réside dans l’effet boomerang que produit la colère du peuple. La rue, c’est pour notre peuple l’agora de fortune des mécontents, de ceux qui sont brimés et qui n’ont d’autres moyens de faire entendre leur voix que d’occuper les voies publiques, d’y rester et, possiblement, de se transformer en émeute jusqu’à ce que naisse un leadership conquérant qui s’affirme et fait tâche d’huile; jusqu’à ce que la cause commune aboutisse, proprement défendue, sous la houlette d’une opposition authentique sortie des entrailles de la colère populaire. Seule cette forme particulière du droit d’opinion et d’expression pourra, un jour, libérer les Togolais des fers de la dictature.

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