Dans ce système de démocratie palatiale qui est la notre, chaque nouvelle élection qui se pointe ramène dans sa besace le bouquet précédent de hâbleries, de sottises et de répugnants concerts qui enfoncent chaque jour notre peuple dans les tréfonds de la galère, faisant de la bêtise politique la cause principale du mal-vivre au Togo. Au nom de tous les misérables sur qui pèsent les poids et méfaits de cette gouvernance si morne et si méprisante, mais aussi de cette opposition si moche si immature, au nom de tous ces citoyens mutilés, déprimés qui souffrent d’un État togolais absent incapable de répondre des ténèbres qu’il produit, l’opposition traditionnelle, réduite à ne vendre que du vent à ses militants, doit être blâmée, sévèrement sanctionnée, au même titre que le parti gouvernant.
Le Togo, décidément, est dans un spectacle. Et non des moindres. Un spectacle sublime. Le propre des spectacles sublimes, c’est d’épater toutes les âmes, d’éblouir les esprits et faire de tous les témoins des spectateurs passifs. L’acte auquel nous assistons n’a pas son pareil dans aucun autre pays. Il est émouvant. Et frise une hallucination de groupe. C’est, au bas mot, un d’affreux qui laisse ébahi, parce que digne d’une éclipse du soleil à minuit. Sa rareté, naturellement, donne lieu à une agitation désordonnée. En cause dans ce cirque outré et insultant, ces candidats d’un genre bouffon comme le Togo sait en produire. Ils sont une multitude. Des figurants. A quelques exceptions près, des louangeurs du vice. Ils se connaissent et nous sont connus pour être des gens sans foi qui s’amusent et jouent, contre pécules, avec le destin de notre peuple.
Il faut le dire, une des causes des va-et-vient insipides et dégoûtants que ces opposants nous déroulent, c’est qu’ils sont pauvres. Leurs homologues, sous d’autres cieux, possèdent des carnets d’adresses qu’on peut voir de l’autre côté des monts et océans. Volumineux. On en a vus qui ont déployé des jets privés, gracieusement alloués par des amis (sponsors). Les relations comptent. La fois dernière un des nôtres, Boko, sur qui beaucoup de Togolais voulaient compter pour débloquer leur avenir s’est fait refouler à Roissy au moment de prendre Air France. Depuis, il s’est terré. Parce que ce n’est pas lui, il a préféré le silence. La politique, c’est d’abord une démonstration de force. Sans demi-mesure ni demi-certitude. Le manque de moyens peut être une excuse. Certes! Mais que cela ne soit point un obstacle.
Quand on ne peut pas avoir les jets et les carnets d’adresses conséquents, quand, comme solution, on ne peut pas imposer des extrêmes à la tyrannie en débarquant par la brousse, il faut être au moins de fins stratèges car, c’est justement leur faiblesse qui recommande à nos opposants d’être ensemble, soudés, et de mettre en commun les petits moyens dont ils disposent. C’est en cela que l’union devient une richesse qui galvanise le peuple et dope les énergies. Les postures solo n’impressionnent pas, ne marchent pas. Ne dit-on pas que l’Union fait la force? Conséquence des errements de l’opposition, une bonne dizaine de candidats miséreux, sans l’argent, sans la masse populaire et sans les soutiens extérieurs. Une pure absurdité ne correspondant à aucune logique.
Elle avait le choix, cette opposition, au regard des moyens qu’elle a ou n’a pas. Être mangeant ou être mangé. Mais au nom du peuple souffrant, au nom des familles traquées, chassées, endeuillées, il fallait mieux pour elle être la dent que l’herbe. Telle aurait dû être la quête permanente. L’esprit de groupe dans une union inaltérable. En un mot ou en cent, tel aurait dû être le sens supérieur qui anime ces opposants s’ils voulaient vraiment, pour une fois, être assez humains et disciplinés pour penser à tous ces pauvres hères qui ont été fauchés dans leurs rangs. Ont-ils oublié ces tragiques spectacles depuis Août 2017? Au lieu du bon sens, signe de sagesse qui suppose le renoncement au profit de ce qui est plus grand, l’intérêt général, ils ont encore préféré donner à gober au bas peuple les mêmes légendes, les chimères habituels. Au bout des comptes, des candidats de bas étage, les uns aussi pauvres que les autres et chacun ou presque n’ayant pour base que sa petite famille et un groupe restreint d’amis.
Ainsi, chaque fois, pourrait-on s’étonner, cette opposition lâche la proie pour son ombre? N’est-ce pas une hallucinante philosophie que de faire croire que parce qu’on a crée son petit parti(?) et qu’on est sur le terrain depuis des années donc qu’on doit être impérativement candidat à la magistrature suprême? L’ancien fonctionnaire du FMI s’est proposé de leur apporter du sang neuf à travers ses compétences, mais nos opposants professionnels que Pierre Ekue Kpodar a d’ailleurs largement consultés ont plutôt vu en lui un intrus, un débarqueur à écarter. Comme on voit, l’opposition togolaise, pleine d’ombres, a une manière étrange de juger les choses. Par ego. L’on soupçonne qu’elle a pris ces habitudes dans les commandements du diable. Curieusement, certains petits d’esprit mâchent cela et mettent les balivernes d’une opposition flapie sur leur pain sec, telles des misérables.
En réalité, c’est Ekue Gamessou Kpodar qui avait posé la bonne question. Déjà en juillet, avant même de se déclarer candidat, il interpelait l’opposition, ses amis, en ces termes, je le cite: « si Faure se présente comme candidat à sa propre succession et, étant connu de tous que nous n’avons pas les moyens de l’en empêcher, qu’est-ce que nous, en tant que opposition et Société Civile, devons faire concrètement pour l’affronter efficacement?». Parce que cette question lucide, pragmatique, est restée sans réponse, parce que l’opposition, au Togo, est une addition des egos et que les leaders n’ont jamais été capables de s’accorder, dans aucune circonstance, sur un chef de file (leader des leaders) compétent et digne de ce nom, parce que, enfin, cette opposition est restée accrochée à son principe sacro saint « c’est nous qui sommes sur le terrain ou encore nous sommes le plus grand », l’initiative Kpodzro a vu le jour et accouché de Kodjo Agbeyome prprésenté à l’opinion comme « candidat unique de l’opposition ».
La providence n’aurait-elle pas, à travers Kpodzro, proportionné et imposé un choix à la mesure des innommables lacunes et faiblesses d’une opposition faillie? Et si on faisait une lecture approfondie, sous tous les angles, de la situation ainsi créée! Agbeyome Kodjo a la matière. Il est d’ailleurs, du point de vue expérience, le seul qualifié dans le lot pour le poste. Mais son histoire, peu vertueuse, est trop attaché au mal. A tort ou à raison. Il propose d’assurer une transition de cinq ans: chose que les Togolais réclament de longue date, histoire d’en finir avec une famille qui règne depuis plus d’un demi siècle.
N’en déplaise à ceux qui ne veulent pas y croire, beaucoup de Togolais, bien conscients des limites de leurs candidats favoris et pris dans un dilemme, sont tentés par le choix de l’initiative Kpodzro. Ce serait certainement, dans l’entendement de ceux-la, une façon de résoudre une équation corsée par l’absurde. Dans tous les cas, comme de coutume, l’opposition traditionnelle, celle des Fabre et consorts, a mal fait son lit. On verra comment, au soir du 22 Février, elle va se coucher.
Kodjo Epou
Washington DC
USA
Source : 27Avril.com