Chronique de Kodjo Epou : Au pays des insolites 10 mai 2019

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Chronique de Kodjo Epou : Au pays des insolites                                                                            10 mai 2019
Faure Gnassingbé

Par Kodjo Epou, Washington, USA
Le Togo, déjà à la dérive, vient de se doter d’une nouvelle constitution très personnelle. Votée par des députés qui ne représentent qu’eux-mêmes. Une loi pour seoir à Faure Gnassingbé. Selon ce « chiffon de papier », le président du Togo peut tuer ses compatriotes autant qu’il veut, voler autant d’argent, brader les richesses du pays comme bon lui semble, gouverner par la terreur …, il ne peut être poursuivi pour aucun des crimes.

Ce texte grossier protège le président actuel, lui seul. Mais pas ses collaborateurs et compagnons de crimes (rire). Moins encore notre peuple. Aucune intelligence dans cette loi dont l’article 75 est, soit dit en passant, un aveu de notre Criminel-En-Chef. Il reconnaît ainsi ses crimes mais veut encore, à sa guise, disposer du Togo, des biens et des vies du pays. En perte et profit! Il faut prendre ce texte pour ce qu’il est: une imposture transcrite dans une serpillière. Dès lors, on considère que le Togo n’a toujours pas sa constitution et, qu’il est plus que nécessaire de forcer ce régime à un accord de gouvernance ( 2020-2025) d’où émanera une vraie CONSTITUTION TOGOLAISE.

Le compteur des quinze ans de gouvernance chaotique de Faure est remis à zéro avec projection, en sa faveur, de deux nouveaux mandats à partir de 2020. Une idée débile qui, si elle n’est pas proprement contrée, va provoquer d’immenses souffrances à un point où les Togolais finirons par ne plus trouver de diable à tirer par la queue. Ce qui se passe suscite quand même quelques interrogations.

Faure Gbassingbé souffrirait-il de graves malformations cérébrales? Ou, d’un défaut de fabrication à sa conception, ce qui l’empêcherait de comprendre les choses les plus élémentaires? Pourquoi n’arrive t-il pas à piger que tout pouvoir a une fin, aussi puissant et autocratique soit-il? Comment un individu normalement constitué peut-il laisser passer une constitution comme celle votée la nuit du 8 mai? La chute de son régime sera le résultat de la situation d’hibernation politique qui a figé le Togo pendant des décennies.

Au Togo, le sentiment de révolte est bel et bien réel. Et légitimiste. Si l’on jette un regard, en prenant de la hauteur, sur la nouvelle constitution, sur la situation surréaliste du pays, on ne peut que relever avec affliction que le pays entier est embourbé dans un désordre généralisé. La morale a foutu le camp. La dignité avec elle. Plus personne n’est digne ni honorable dans les hautes sphères de l’État. Les institutions, elles toutes, n’existent que de nom. Mème notre médiatrice de la république, la mystérieuse Awa Nana, s’est recroquevillée dans une posture devaluée, celle d’une pauvre militante du parti au pouvoir.

Cette situation est-elle réversible? Peut-être. Mais à certaines conditions précises en tête desquelles un sursaut national salutaire des élites du pays, toutes tendances confondues. C’est le temps de taire les courants extrémistes et égoïstes pour ne privilégier que le Togo.

Aujourd’hui, le RPT/UNIR et son chef arrivent à maintenir leur quincaillerie militaire et tout le business de siphonnage de l’État qui va avec … Savent-ils de quoi demain leur sera fait? C’est parce qu’ils n’ont pas la réponse qu’ils doivent avoir leur puissance modeste et accepter, tout banditisme cessant, que le pays arrête ses errements pour ouvrir une parenthèse salutaire allant de 2020 a 2025.

Il y a de l’infernal dans la situation de l’état togolais, quelque chose d’insupportable, de très ahurissant dans l’aveuglement d’un pouvoir qui n’agit et ne réagit qu’en monstre aux biceps replets. Tout se ramène à la conservation du pouvoir, le pouvoir pour le pouvoir et rien d’autre. Au total, 52 ans de gouvernance faillie, 60 ans d’indépendance trahie. La seule voie à emprunter, c’est peut-être un accord de gouvernance, quelle que soit l’issue de l’élection présidentielle de 2020. Ce serait un projet rédempteur, une parenthèse salutaire ou encore une sortie d’urgence. Car, le Togo va disparaître si une poignée, au-delà de 2020, doit continuer à changer les vies, à faire des familles entières ce à quoi elles ne sont pas destinées.

Aujourd’hui encore, comme si l’égarement n’est pas assez profond, il nous est servi, à l’assemblée(?) quelque chose de rance, de fétide, disons-le, d’immonde. Il s’agit de ces réformettes que des neuneus sans base ont cuisine. Impropres à la consommation. De cette chaîne sortirons nous un jour? Comment briser le mur bleu des mépris? Comment finir avec un État qui s’abuse, se ment et trompe?

L’évident, c’est qu’il sera difficile aux Togolais de combler le grand retard qui les empaille dans l’âge de la pierre, les empêchant d’avoir des ambitions pour demain. Le système actuel ne marche pas. Ne marchera pas. Ne marchera jamais. C’est du pure leurre que d’attendre qu’il débouche sur une quelconque normalisation… A ce qu’on voit, Faure creuse plus profond le gouffre, gouvernant par des intrigues : une caserne pléthorique, une police politique, une justice couchée, une caste d’intellectuels subordonnés, une milice carabinée. Le Togo est vu comme un État de terreur, de non droit. Le pays, jamais cité en bon exemple, s’enfonce là où, chez les voisins, les dirigeants friands de viande humaine fraîche sont de plus en plus rares. Aucune écriture de fierté sur le tableau. Le plongeon saute aux yeux dans tous les compartiments de l’État.

C’est tout cela, la Terre de nos Aïeux. Le pays court, à grandes enjambées, vers des lendemains incertains; mais cela n’arrête pas le régime RPT de se payer le luxe de l’intransigeance, de l’insouciance, surtout, de désinvolture, en prenant de faux engagements juste pour tromper. Alors que le Togo a besoin d’un véritable assainissement politique, de réformes hardies, Faure Gnassingbé nous fait voter une constitution plutôt digne d’une serpillière. C’est ainsi qu’après 52 ans de pouvoir familial, faute de victoires à célébrer, le RPT se livre à de puériles esquives, derrière ses tas d’échecs, attirant sur le pays la pire des malédictions. Quand va t-il finir, ce régime? La question est présente sur toutes les lèvres, dans tous les cœurs. N’en déplaise aux affidés, la fin du système failli est bien le plus ardent souhait de la grande majorité des Togolais.
Le chroniqueur Kodjo Epou
Kodjo Epou

Qui ne voit pas que le Togo grince et demande à être réparé? Qui ne sent pas que la république est remplie de mauvaises odeurs, que les Togolais sont au milieu d’une catastrophe qu’aucun peuple digne de ce nom ne peut traiter par la résignation? C’est à une renaissance intégrale d’une nation libre, prospère et indépendante, d’un peuple émancipé, que les Togolais doivent plutôt réfléchir. Des sacrifices s’imposent aux forces vives. Un accord de gouvernance 2020-2025 – rien à voir avec un gouvernement d’union – en est un.

Togo-Online.net