Dans une tribune publiée dans l’hebdomadaire Jeune Afrique, le chef de l’Etat fait une sorte de bilan de son mandat. Il parle d’un « changement de paradigme dans la stratégie de développement ». Ce qui, ajoute-t-il, crée la croissance et réduit sensiblement le taux de chômage. Le Togolais lambda qui peine à s’offrir deux repas de qualité au quotidien ne se retrouve pas dans cette embellie.
Les cadres du parti au pouvoir, Union pour la République (UNIR), sont en précampagne depuis plusieurs mois dans le pays en prélude au scrutin présidentiel de 2020. Promesses démagogiques par-ci, dons de matériels (achat de consciences) par-là, toutes les méthodes sont bonnes pour toucher (sic) l’électorat.
Faure Gnassingbé, le président du RPT/UNIR, pour lancer son opération de charme – il sera tout prochainement investi candidat pour briguer un quatrième mandat – a choisi Jeune Afrique pour évoquer le sujet économique.
« Le Togo a compris que son potentiel réside dans sa capacité à s’ouvrir et à s’adapter dans un monde en pleine mutation », écrit-il, avant de rappeler ce que son gouvernement a fait en matière de construction d’infrastructures, de mobilisation de ressources internes, de la modernisation du fonctionnement de l’Etat…
« Aujourd’hui grâce à ces actions, nous avons le taux de chômage le plus bas de l’Afrique », louange celui qui est arrivé au pouvoir en 2005 dans des conditions contestables.
Le bond de 40 places réalisé par son pays dans le dernier classement de Doing Business de la Banque mondiale est le fruit, à l’en croire, des réformes entreprises depuis quelques années. Cette prouesse ne provient « pas du miracle »? mais d’un « travail collectif ».
« Beaucoup de chemin a été parcouru par le peuple togolais et nous sommes déterminés à créer les conditions d’un partage de la prospérité, mais nous le faisons avec méthode, engagement et détermination », souligne Faure Gnassingbé avant d’insister sur le fait que « le travail est une valeur pour nous et qui demeure pour notre société un repère constant et un indicateur rassurant….Tout est désormais à notre portée pour une prospérité de tous et pour tous ».
Pour une grande partie de ceux qui ne vivent pas au Togo ou n’y ont jamais vécu, le tableau tel que dressé par le chef de l’Etat togolais est un bilan largement positif.
Sauf que dans le pays, la misère se lit sur le visage d’une grande partie de Togolais. S’il y a croissance, elle ne profite qu’à une minorité que lui-même a entre-temps dénoncé. A l’intérieur du pays, beaucoup luttent pour leur survie. La faim est leur compagnon privilégié.
Preuve du vécu quotidien difficile des jeunes, le long fil d’attente d’une partie d’entre elle devant le service de passeports à Lomé, tout récemment, un fait d’ailleurs devenu viral sur la toile. Ces jeunes sont à la quête du précieux sésame pour jouer la loterie visa, un programme du gouvernement américain, afin de pouvoir quitter leur pays d’origine, à la recherche du mieux-être au pays de l’Oncle Sam.
Cette tribune ne vise qu’un but, celui de la course pour s’éterniser au pouvoir le plus longtemps possible. En avait-il besoin, lui qui déjà a verrouillé toutes les institutions intervenant dans l’organisation des élections et la proclamation de leurs résultats ?
A.H.
Source : www.icilome.com