Dans une lettre ouverte, le président du parti NET (Nouvel Engagement Togolais) interpelle les membres de l’Assemblée Nationale togolaise sur leur passivité dans la mise en œuvre des recommandations contenues dans la feuille de route de la CEDEAO pour la sortie de crise. Pour l’homme politique, les réformes constitutionnelles doivent advenir avant l’organisation d’une quelconque élection.
Lettre ouverte aux parlementaires togolais
J’ai longuement hésité avant de faire cette lettre, parce que certains diront, à raison d’ailleurs, pourquoi moi, Gerry Taama, politicien, ne suis-je pas à l’assemblée nationale et me permets-je d’écrire à nos honorables députés?
Ceci pour deux raisons: la première est que être un homme politique ne fait pas moins de moi un citoyen comme tout autre, donc ayant vocation à interpeller les représentants de la nation. La seconde raison est plus prosaïque. En 2013, j’ai réuni derrière ma liste plus de voix que certains députés aujourd’hui présents à l’assemblée nationale. La faute à un découpage électoral décrié par nous tous, mais qui ne change pas. Enfin, toujours pas.
Ce soir j’écris donc à nos honorables députés pour les interpeller sur l’absence d’initiative à l’assemblée nationale pour opérer les réformes constitutionnelles, nonobstant la feuille de route de la CEDEAO.
En effet, le 31 juillet 2018, les chefs d’Etat de la CEDEAO, s’agissant de la crise togolaise, ont fait une série de recommandations pour les réformes constitutionnelles.
– Limitation du nombre de mandats présidentiels à deux.
– Mode de scrutin présidentiel à deux tours.
– Recomposition de la cour constitutionnelle et en limiter le nombre de mandats
– Renforcement du processus électoral, avec une participation inclusive des acteurs à la CENI.
Ces recommandations, bien que ne satisfaisant pas toutes les parties, ont pourtant été saluées comme des avancées majeures par toute la classe politique, associées aux autres propositions comme les élections législatives pour le 20 décembre 2018, le vote des togolais de la diaspora et la poursuite des mesures d’apaisement.
Presque un mois après la diffusion de ces recommandations, nous nous attendions à ce que parallèlement à l’organisation des législatives, les réformes constitutionnelles engendrent rapidement des débats à l’assemblée nationale, en vue de leur adoption avant les élections législatives. Force malheureusement est de constater que si la composition de la CENI donne lieu à une foire d’empoigne, les réformes constitutionnelles semblent avoir été léguées aux calendes grecques.
L’opposition parlementaire aurait certes pu introduire une proposition de loi et susciter ainsi un débat concret, mais celle-ci reste muette.
Le gouvernement, si prolifique en projets de loi, et qui avait déjà, le 4 septembre 2017, introduit un projet de loi presque similaire, en dehors de recommandations sur la cour constitutionnelle, reste aussi silencieux.
Il est temps, messieurs les députés, d’œuvrer courageusement pour les réformes constitutionnelles dans ce pays en ouvrant un débat à l’Assemblée Nationale, quelle que soit d’où vienne l’initiative.
Notre peuple vous pardonnera difficilement de faire ces élections législatives comme nous le recommande la CEDEAO le 20 décembre 2018, sans avoir procédé au préalable aux réformes constitutionnelles.
Même le vote des Togolais de la diaspora et une recomposition éventuelle de la CENI ne peuvent être opérées que par une modification du code électoral, donc par un vote à l’Assemblée Nationale.
Alors messieurs les députés, au travail.
Pour le bonheur du peuple togolais.
Vive le Togo.
Gerry Taama
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