« La limitation des mandats présidentiels est la clé du progrès démocratique et de la sécurité en Afrique » (Joseph Siegle et Candace Cook).Notre pays fait de nouveau parler de lui négativement. Comme c’est devenu l’habitude. Le Togo s’est coalisé avec la Côte d’Ivoire et le Sénégal pour s’opposer une fois encore à la limitation du mandat présidentiel dans l’espace CEDEAO. C’est d’autant plus étonnant que la limitation de ce mandat est un acquis dans notre pays. C’est ce que tout le monde pensait, du moins, depuis trois ans.
En effet, le 09 mai 2019, les députés de l’actuelle législature avaient adopté des réformes constitutionnelles avec, en toile fond, la limitation du nombre des mandats présidentiels. Les députés avaient pris soin de préciser que la nouvelle réforme n’est pas rétroactive. « Les mandats déjà réalisés et ceux qui sont en cours à la date d’entrée en vigueur de la présente loi constitutionnelle ne sont pas pris en compte dans le décompte du nombre de mandats pour l’application des dispositions des articles 52 et 59 relatives à la limitation du nombre des mandats», précise l’article 158 de la Constitution.
Cette remise du compteur à zéro donne ainsi la liberté à Faure Gnassingbé qui était à son 3ème mandat, de briguer deux mandats en 2020 et 2025. Soit 5 mandats présidentiels. En plus des 38 ans de règne sans partage de son père. Une « prouesse » dont se gargarisent d’ailleurs les députés.
Mais dans l’entendement de Faure Gnassingbé, le mandat présidentiel est-il rééllement limité ? On en doute fort. Autrement, malgré cette disposition constitutionnelle qui lui fait la part belle, il ne se serait pas de nouveau illustré sur la scène régionale, en s’opposant à la nouvelle réforme dans l’espace communautaire. Pourquoi Faure Gnassingbé a-t-il une telle peur panique à propos de la limitation du mandat présidentiel proposée par l’instance communautaire?
Instruits par la résurgence des coups d’Etat militaires dans la sous-région, les dirigeants ont pris la résolution d’actualiser le protocole additionnel de la CEDEAO sur la démocratie et la bonne gouvernance pour l’adapter aux standards démocratiques. « Nous sommes contre le troisième mandat, et nous sommes en train de changer le protocole de la CEDEAO relatif à la démocratie, à la bonne gouvernance et aux élections pour que nous prévoyions des dispositions qui font des changements constitutionnels pour envisager des mandats supplémentaires indus, comme étant une entreprise de subversion sur les institutions, exactement comme un coup d’Etat », expliquait le président du Niger, Mohamed Bazoum à propos de la nouvelle charte de la CEDEAO.
A nouveau, certains chefs d’Etat y opposent de la résistance. Faure Gnassingbé, Alassane Dramane Ouattara et Macky Sall font échec à ce projet d’intégration démocratique en s’abstenant de signer le protocole sur la limitation à deux des mandats présidentiels.
Déjà en 2015, lors du sommet de la CEDEAO à Accra, Faure Gnassingbé et l’ancien président gambien Yahya Jammeh, solidaires dans le mal, avaient fait bloc pour faire échec à la volonté de la Commission de la CEDEAO d’imposer l’alternance démocratique dans les quinze (15) pays membres. Le refus catégorique des deux chefs d’Etat avait eu raison de cette ambition nourrie par les différents peuples.
L’histoire se répète à nouveau. Encore et toujours avec un Faure Gnassingbé velléitaire aux valeurs démocratiques. Pourtant, en 2014, devant les micros des médias étrangers, le chef de l’Etat togolais qui était en voyage en Allemagne, s’était subitement trouvé des vertus, se posant en sentinelle de la démocratie. Préconisant que les mandats présidentiels soient limités à deux ou à trois pour un progrès démocratique en Afrique. Aujourd’hui, il fait tout le contraire.
Médard AMETEPE
Liberté Togo
Source : icilome.com