Par Marcelle Apévi, togo-online.co.uk
Ce n’est un secret pour personne que le mal Togolais réside dans le déficit d’alternance politique à la tête de la République. Depuis le coup d’État de 1963 qui a sombré le pays dans le désarroi total avec l’implantation par le clan Gnassingbé d’une dictature pure et dure incarnée hier par feu Général Gnassingbé Eyadéma et depuis le 05 avril 2005 par Faure Gnassingbé, fils du général Gnassingbé Eyadéma, le peuple cherche par voies et moyens à restaurer la constitution de 1992 qui, de façon unilatérale, a favorisé l’assise du régime dictatorial. Avec la résurgence en août 2017, la crise a atteint une étape où la détermination du peuple s’intensifie. Avec un durcissement de ton samedi 17 novembre dernier à travers une démonstration dans les rues du pays, le peuple semble sonner le glas de la pagaille qui entoure la gestion de cette crise sociopolitique et économique par le RPT/UNIR, la CEDEAO et la communauté dite internationale. C’est ainsi que le gouvernement retire nuitamment son projet liberticide de révision constitutionnelle introduit à l’Assemblée nationale pour adoption par voie parlementaire. Coïncidence, le rapport de l’expert constitutionnaliste sénégalais recruté par la CEDEAO fait son apparition sur les réseaux sociaux, même si, samedi dernier, dans l’émission Fenêtre sur l’Afrique, le ministre Gilbert Bawara a tenté d’habiller l’authenticité du document. A la lumière du document finalement authentique, le travail fait par l’expert ALIOUNE BADARA FALL coupe la poire en deux et règle définitivement ce problème né depuis 2002 , année où la constitution a été tripatouillée par le RPT, surtout avec la formulation de l’article 59 nouveau qui acte la limitation du nombre de mandats du président de la République et interdit la révision de l’article. Si la formulation ne prend pas en compte la formule conflictuelle “EN AUCUN CAS”, elle porte un verrou plus coriace que EN AUCUN CAS.
“Le Président de la République est élu au suffrage universel, libre, direct, égal et secret pour un mandat de cinq ans, renouvelable une seule fois.”
“Nul ne peut exercer plus de deux mandats présidentiels ou proroger le mandat pour quelque motif que ce soit.”
“Cette disposition ne peut faire l’objet d’une révision»” écrit l’expert ALIOUNE BADARA FALL.
L’article 59 nouveau, s’il règle le problème, porte en lui une disposition transitoire qui constitue un cas d’école et nécessite une réflexion au niveau des députés des deux bords.
En effet, le souhait du RPT/UNIR est de voir Faure Gnassingbé, son champion, rempiler autant de fois qu’il le souhaite, donc s’éterniser comme son père, à la tête du pays. Mais ce dernier se heurte à l’opposition du peuple togolais, la coalition des 14 Partis politiques de l’opposition, la société civile et la diaspora Togolaise. De façon unanime, le peuple exige la fin du règne sans fin, y compris au sein du RPT/UNIR. Ainsi une bataille se livre autour de la formule à adopter pour régler le problème.
Dans son travail, ALIOUNE BADARA FALL scinde la poire en deux, en proposant dans sa formulation, des dispositions transitoires qui autorisent la candidature de Faure Gnassingbé en 2020 pour un quatrième mandat.
Pris comme tel, l’on peut comprendre un rejet du document par les députés de l’opposition parlementaire. Cependant, réflexion mérite d’être menée afin de mettre fin à la léthargie qui règne autour du problème.
Une candidature de Faure Gnassingbé en 2020 ne peut-être synonyme de son élection si, la communauté internationale accompagne le Togo, dans la mise en place des conditions d’organisation d’élections libres démocratiques et transparentes, sous sa supervision et la mise en place d’une force d’interposition pour empêcher toute velléité d’une armée partisane et cleptomane, cheville ouvrière du règne sans fin des Gnassingbé.
“Dispositions transitoires :« Le mandat dont l’exercice est en cours entre dans le décompte du nombre de mandats autorisés par l’article 59 »” ainsi prescrit ALIOUNE BADARA FALL dans les dispositions transitoires.
Si dans un premier temps, le RPT/UNIR a voulu cacher ce document face à ces réalités qui ne cadrent pas avec les ambitions démesurées du prince, sa vulgarisation et surtout la publication par la commission de la CEDEAO d’un courrier de rappel à l’ordre a contraint au retrait nuitamment par le gouvernement, de son projet liberticide. Ainsi s’impose la prise en compte des prescriptions de l’expert constitutionnaliste, ALIOUNE BADARA FALL, dans un nouveau projet que le gouvernement devra introduire à l’Assemblée nationale pour adoption.
Les députés devront donc donner chance à ce document pour régler de façon pacifique cette crise créée par le RPT/UNIR à travers sa roublardise et sa gloutonnerie. Il revient également aux députés de l’opposition de décider, dans un sursaut d’orgueil, d’arrêter l’hémorragie en acceptant cette concession qui mettra la balle dans le camp du peuple en 2020. Surtout que ce n’est un secret pour personne que Faure Gnassingbé et son RPT/UNIR ne peuvent gagner aucune élection propre, libre, démocratique et transparente.
Ainsi, la bataille d’étape sera gagnée en attendant les autres réformes constitutionnelles, institutionnelles et électorales capitales à travers lesquelles des élections propres pourront être organisées pour asseoir le Togo sur des bases solides de démocratie et relancer le pays sur notamment le plan économique en mettant fin à la corruption, au pillage systématique des ressources du pays et la redistribution équitable de ces ressources pour le grand bonheur des populations.
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