La situation politique et sociale au Togo est de plus en plus catastrophique. Les familles acculées par la misère se retournent vers leurs progénitures à l’extérieur, du moins ceux qui en ont. Chaque jour, ce sont les mêmes chansons, les mêmes histoires, les mêmes lamentations. Surtout la même rage. « On souffre…. lorsqu’on est malade et qu’on va a l’hopital, c’est pour aller y rendre l’âme» sur des lits crasseux inondes de cancrelats. Ce sont là les cris de parents désabusés qui parviennent aux Togolais de l’etranger. Au quotidien. Pourquoi, les Togolais doivent-ils en arriver, eux, à ces extremités douloureuses?
Pendant ce temps, les nouveaux riches ne s’embarrassent pas de leur allure de voleurs publics, etalant en grande pompe les oripeaux d’une opulence destinée à leur être fatale. L’apport de la diaspora en direction direction du pays dépasse souvent l’aide publique au développement. Pauvres de nous Togolais, malmenés de scandales en scandales, hautement trahis à tout bout de champ par une minorité délictueuse, livrés pieds et mains liés aux folies d’une tyrannie impénitente visiblement en quête de brasiers à entretenir. C’est un petit miracle si la peau de chagrin qui nous sert de pays natal n’a pas encore connu de conflit armé. Aujourd’hui, alors que l’état de déliquescence de la patrie exige qu’une ère nouvelle étale, au nom exclusif de la raison, quelques bribes de lueurs à l’horizon de nos malheurs, les maux endémiques qui frappent le Togo depuis des lustres redoublent d’ardeur. Le pire n’est pas derriere. Loin s’en faut. Selon certaines indiscretions persistantes, le pouvoir s’active en catimini à soumettre dans les mois à venir, notre peuple à un referendum constitutionnel. Il s’agit malheureusement des mêmes professionnels du tripatouillage qui n’organisent les elections que pour les gagner.
Qu’on ne se berce pas d’illusions, si ce referendum venait a se tenir, sous la houlette de ce pouvoir, ce sera un chèque en blanc pour le RPT/UNIR pour sceller definitivement le sort d’un pitoyable Togo qu’il ne nous restera plus qu’à appeler le «Gnassingbeland», un prototype parfait de république moyennâgeuse en plein 21eme siecle. Devant cette situation de désesperance totale, faut-il désespérer pour autant, se dire que le reve togolais promis par les acteurs de notre indépendance n’est qu’un écran de fumée, un reve sans lendemain, abdiquer et fuir en grand nombre vers des cieux lointains plus cléments? Pourquoi le départ à l’étranger doit-il être la seule issue, la seule richesse pour la jeunesse togolaise? Il y a déjà, bien sûr, ceux qui ont quasiment tourné le dos au pays, largué les amarres et juré qu’on ne les verra plus jamais sur cette terre où la souffrance est la règle. Ils ne sont pas un petit nombre, bien au contraire. Cette diaspora – c’est d’elle qu’il s’agit – est nombreuse.
Mais le mérite, selon l’histoire, réside dans l’effet boomerang que produit l’exil massif des fils et filles d’un pays. Lorsque ce peuple est en perdition, opprimé par ses propres dirigeants, ce sont ses enfants expatriés qui se mettent en rang de bataille, unis et solidaires, pour l’aider à s’affranchir. C’est un devoir citoyen qui ne s’accomplit pas en rangs dispersés avec des initiatives isolées, des noms d’emprunt, mais sur un consensus solennel, formulé a visage decouvert. Lorsque le pouvoir et son opposition, depuis des décennies, n’arrivent pas à sortir la Nation de l’impasse et que le danger guette en permanence la survie même de l’Etat, la diaspora, a le devoir de se sentir concernée et d’agir. Face au statu quo persistant, c’est ce que les Togolais de l’interieur attendent aujourd’hui de leurs compatriotes de l’extérieur.
Mensah K.
Journal l’Alternative
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