Ce que l’Amérique a dit sur Faure Gnassingbé et Joseph Kabila

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La crise togolaise s’enlise avec le début des campagnes électorales pour les élections législatives sans l’opposition principale, la coalition des 14 partis. Mr. Albert Kate qui avait exhorté les protagonistes à retourner consulter les facilitateurs pour dénouer la crise sur la question relative à la parité au sein de la CENI, revient se prononcer sur les derniers développements. Il nous livre quelques révélations de la communauté internationale, dévoile la duplicité au sein de la société civile et la classe politique et préconise de nouvelles pistes de sortie de crise dans un plus bref délai. Lisez plutôt…

Info Diaspo : Bonjour Mr Albert Kate, comme vous l’aviez recommandé sur les ondes, la classe politique a dans la même semaine rendu visite au Président Alpha Condé qui est médiateur de la CEDEAO, depuis ce moment, la crise s’est exacerbé. Après le rejet du projet de reformes de l’expert sénégalais, le gouvernement togolais se précipite vers des élections sans les opposants de la C14. Qu’est-ce qui n’a pas marché ?

Mr. Albert Kate : Merci pour l’occasion. Bien avant que l’expert sénégalais ne commence son travail, j’avais souligné que, le travail des experts ne sera un bon chef d’œuvre que si les protagonistes poursuivaient et arrivaient au consensus. Evidemment, le blocage ne s’est pas fait attendre ; cela signifie que le consensus recherché depuis Février 2018, est sine qua non à l’exécution de la feuille de route du 31 Juillet 2018. Le blocage perpétuel aura des conséquences que tout bon politicien, chacun dans son camp, devait être capable de prédire et de mesurer. Les élections législatives du 20 Décembre sans la C14 sous le silence de la CEDEAO résultent du blocage perpétuel du dialogue mais, nous sommes en politique, il n’est jamais trop tard de concéder. Des compromis courageux et historiques que nous attendons tous, peuvent toujours améliorer les élections législatives prochaines, à la satisfaction de tous les acteurs y compris la C14.

Info Diaspo: Cela fait 10 mois, le peuple espère que le dialogue devait résoudre la crise, rien ne semble avoir évolué, aucune réforme et encore des élections contestables en vues. Pourquoi ne pas jeter l’éponge et laisser le peuple prendre ses responsabilités ?
Mr. Albert Kate : Du moment ou toutes les issues de règlement de crises n’ont pas été exploitées, il faut plutôt interpeller ceux qui font tout pourque la société civile et la diaspora, ne soient pas protagonistes au nom du peuple, bien que les politiques n’arrivent pas à résoudre seuls la crise après 10 mois. Monseigneur Nicodème Barrigah, avait fait ses preuves dans le passé concernant ces mêmes réformes, et ce, au nom de la société civile Togolaise. N’eut été les calculs politiciens de certains partis politiques, on n’en serait pas au même sujet aujourd’hui. Dans le passé, les représentants de la société civile et de la diaspora ont accompagné les accords de Ouaga et en 2006 ce fut encore un parti politique qui était à l’origine des complications que nous vivons à ce jour. Les protagonistes actuels sont tous des partis politiques antagonistes, ils ont refusé de s’asseoir en 10 mois de négociations, aucun compromis sur les reformes du peuple, dans ce cas, il faut changer la donne et si vraiment les prêtres, les cadres musulmans, les pasteurs des églises évangéliques, les leaders de la diaspora et de la société civile sont sincères que les politiciens n’arrivent pas à résoudre la crise, eux-mêmes ils n’ont qu’a s’asseoir devant la CEDEAO en tant que protagonistes afin de conclure le sort du dialogue. Accepter que la société civile et la diaspora ne soient pas protagonistes au nom du peuple dans le dialogue après avoir noté l’incapacité des politiciens, mais dénoncer l’enlisement de la crise serait une duplicité. Tant que les leaders et représentants de la société civile et de la diaspora ne seraient pas témoins oculaires des négociations et y auraient participé, en épuisant toutes possibles alternatives de négociations dans l’intérêt du peuple et au nom du peuple, ce serait irresponsable de ne l’avoir pas exigé.

Info Diaspo: Pensez-vous que la C14 et le gouvernement accepteraient élargir le dialogue aux représentants de la société civile et de la diaspora devant la CEDEAO ?

Mr. Albert Kate : Les uns (Société civile et Diaspora) n’ont qu’à demander officiellement et publiquement à vouloir participer au dialogue à partir de maintenant, et on verra si les autres, C14 et Pouvoir, refuseraient ou pas. Pourquoi ne pas essayer ce format (Société Civile – Diaspora -Pouvoir – Opposition), ne serait-ce qu’une (1) seule semaine avec les facilitateurs dans l’intérêt supérieur de la nation ? C’est regrettable que des démocrates et défenseurs de droits de l’homme qui ont lutté pour l’institutionnalisation de la société civile au Togo, font aussi partie de ceux qu’il faut convaincre aujourd’hui de son utilité dans le règlement des crises.

Info Diaspo: Beaucoup pensent que la CEDEAO et la communauté internationale jouent contre le peuple togolais car ils exigent des élections sans les reformes ?

Mr. Albert Kate : Concernant les reformes, il y a un manque de sincérité dans le débat, une désinformation pour des stratégies politiques mais, je dirai simplement que toute démarche qui est en déphasage avec le schéma prescrit par l’Accord Politique Global 2006 (APG), dévoile le flou. La voie absolue pour réaliser les reformes est de créer les conditions pour qu’on fasse les reformes ensemble.

La communauté internationale est toujours restée unanime sur sa position par rapport a la crise au Togo. Il appartient aux politiciens togolais de prendre la position des diplomates en compte si cela leur semble réaliste et capitale. J’étais en personne, en face du Président Joseph Kabila du Congo Kinshasa et le secrétaire d’Etat Américain John Kerry en 2014, dans une petite sale au Département d’Etat à Washington DC. Le Chef de la diplomatie Américaine réitérait la position des USA, soutenant fermement que Mr Kabila ne devait plus se présenter aux élections présidentielles de son pays. Après cet échange émotionnel, les journalistes congolais interpellaient à une autre occasion, le Sous- Secrétaire d’Etat Américain chargé de la région du Grand Lac, sur le cas du Président togolais Faure Essosimna Gnassingbé. Il les a répondu : « les Etats-Unis sont fermes sur le respect de la constitution, le Congo Kinshasa a verrouillé la constitution et Kabila veut sauter le verrou mais Faure n’est pas entrain de changer une constitution verrouillée ». Aujourd’hui il y a une nouvelle administration aux USA. La question des reformes sur la limitation du mandat du Chef de l’Etat Togolais a été évoquée par le Président Ghanéen Nana Addo, après sa visite au Département d’Etat Américain il y a quelques mois. Il appartient aux protagonistes de la crise d’être transparents, à l’écoute, réalistes et clairvoyants, sans complaisance d’intérêts et de calculs politiciens, pour dénouer cette crise au mieux, avec le soutien de la communauté internationale.

Info Diaspo: L’opposition togolaise serait-elle entrain d’imiter l’opposition de Congo Kinshasa en essayant d’obtenir un blocus contre toute éventuelle candidature de Faure Gnassingbé aux présidentielles ?

Mr. Albert Kate : C’est la revendication clairement exprimée par la C14. Néanmoins, nous savons que en 2015 le CAR et l’ADDI étaient favorables à toute concession sur une éventuelle candidature de Faure aux élections si les reformes étaient faites, le mandat était verrouillé sans rétroactivité mais avec effet immédiat comptant pour le mandat en cours. Le PNP a également mis la priorité sur le retour à la constitution de 92 et le vote de la diaspora, bref les reformes au cas contraire Faure devait partir. L’APED qui siège à la CENI sous la bannière Togo Debout est favorable à toute éventuelle candidature de Faure, suggérant de laisser la latitude au Chef de l’Etat de décider librement au moment venu s’il va se présenter ou pas aux élections présidentielles, à condition que les reformes soit faites garantissant des élections incontestables.
En clair, le CAP 2015 qui s’était seul radicalement opposé contre la candidature de Faure en 2015, et contre le verrouillage du mandat présidentiel avec effet immédiat comptant pour le mandat en cours, reste donc le meneur de jeu dans une stratégie congolaise car étant dépositaire de cette position. Or, en 2015, aux derniers moments, le CAP 2015 a surpris ses collègues contre toute attente en se retrouvant aux élections face à Faure et sans les reformes. Imiter l’opposition congolaise est légitime pour la C14, mais l’avenir nous édifiera plus sur ce qui se trame et les contours d’une telle approche dans le cas du Togo.
L’enjeu c’est la liaison entre les présidentielles de 2020 et les législatives de 2018 qui obligent certaines concessions maintenant, pour satisfaire les attentes du peuple togolais et non celles des partis politiques.

Info Diaspo : Votre dernier mot

Mr. Albert Kate Kate : Il n’y a pas de raison de continuer des méthodes de négociations qui ne donnent aucun résultat, aucune satisfaction selon les acteurs, après 10 mois de status quo.
Je vous remercie.

Source : www.icilome.com