Candidature: les raisons cachées du suspens de Faure Gnassingbé

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A mesure que l’échéance présidentielle du 22 février 2020 approche, les Togolais expriment un certain attentisme teinté de rétention de souffle face à la potentielle reprise du pouvoir de Faure Gnassingbé pour la quatrième fois, et surtout que sa candidature est un casting rassurant et gagnant à tout point de vue, pour son parti, Union pour la République (Unir). Pour l’heure, Faure Gnassingbé n’a toujours pas fait part de ses intentions. Les candidats ont jusqu’au 8 janvier à minuit pour déposer leur dossier de candidature. mais, le Secrétaire exécutif du parti, Atcholé Aklesso, a d’ores et déjà affirmé, il y a quelques semaines, devant une foule de militants et sympathisants réunis à Blitta à 260 Km de Lomé, que le candidat du parti Unir c’est Faure Gnassingbé.

Si les tous les organes du parti au pouvoir ont apporté et apportent chaque jour, leur soutien à une candidature du président Faure Gnassingbé pour un quatrième mandat, quelques réserves se font entendre, à l’approche du scrutin du 22 février, du côté de certains partis de l’opposition.

Dans cette mouvance réfractaire, on compte, les « forces démocratiques », une coalition rassemblant une dizaine de partis d’opposition, à la tête de laquelle se trouve, l’archevêque émérite de Lomé, Mgr Philippe Kpodzro. D’autres partis, comme le PNP de Tikpi Atchadam, les FDR de Me Apévon rétorquent à l’appel des militants d’Unir, pour un nouveau mandant du président Faure, en disant « non »  et en estimant même pouvoir suspendre le processus électoral.

Faure Gnassingbé a accédé à la magistrature suprême, en 2005. En 2017, sous l’instigation du Parti national panafricain (PNP) de Tikpi Atchadam, il fait face à une crise politique dont la ville de Sokodé était le principal foyer. Les relations entre temps tendues entre le pouvoir de Faure et la ville de Sokodé se sont considérablement apaisées depuis que nombre de mesures et d’actions du parti se sont conjuguées dans le sens du développement de la ville voire de toute la région centrale. Au point où, pour la présidentielle de 2020, « Sokodé réclame la candidature de Faure Gnassingbé », à en croire, un reportage de nos confrères d’Afreepress. En effet, vendredi 27 décembre dernier, au cours de l’étape de Sokodé d’une tournée du bureau National du parti, le Vice-président, chargé de la région Centrale, Affoh Atcha-Dedji déclarait : «Nous devons remobiliser nos militants, échanger avec eux et surtout prôner la cohésion au sein de notre grand parti UNIR. (…) Nous avons discuté avec nos militants à la base de la stratégie à mettre en place pour que notre candidat soit élu au premier tour de l’élection présidentielle de 2020 ».

La ville de Sokodé accueillait avec ferveur, les ténors du parti, après les villes de Tsévié, Kpalimé et Atakpamé. Pour ces derniers, Il s’est agi de mobiliser les militants de la région Centrale dernière la candidature du chef de l’Etat sortant.

La candidature de Faure, un grand chantier

La candidature de Faure Gnassingbé à sa propre succession est sans conteste, l’un des plus grands chantiers de son parti au sortir des événements d’août 2017. Heureusement, à moins de deux mois de l’échéance, elle est mieux engagée que celle des autres candidats déclarés ou potentiels, loin des velléités et tendances qui voulaient faire croire- au temps fort de ces soulèvements- à partir de théories juridiques et politiques peu probantes et plausibles que la candidature de Faure ne passerait plus.

Aujourd’hui, plus de deux ans après août 2017, au plan politique, le parti au pouvoir a abattu un tel travail titanesque – sans doute avec l’installation de plusieurs organes lui assurant un maillage du territoire national – un travail qui lui a valu de remporter deux importantes élections : les législatives de décembre 2018 et les Locales de juin 2019. Le gouvernement a pu solder ses comptes avec ses nombreux partenaires et organisations internationales, relativement à ses engagements en vue d’un retour à un climat politique apaisé et calme. Les preuves irréfutables existent avec la satisfaction des points de la feuille de route.

Sur le plan social, de nombreux programmes permettent autant que possible au gouvernement de relever les défis de l’heure.

Unir doit régler, une fois les défis sus mentionnés relevés, d’autres contradictions et certains conflits internes pour espérer remobiliser entièrement les troupes. D’où la tournée présente du bureau national. Il faut, entre autres, démontrer et redémontrer avec emphase, qu’aucune Loi n’est rétroactive et comment la Constitution donne plein mandat à Faure de candidater de nouveau ; pourquoi il reste l’homme de la situation, etc. et travailler à exorciser certaines aberrations que les manifestations d’il y a deux ans ont inculqué dans les esprits. le chantier est vaste !

Ouverture des dépôts de candidatures sur fond de recomposition de la Cour Constitutionnelle

Les dépôts de candidatures pour la présidentielle du 22 février 2020 ont démarré effectivement depuis le 27 décembre, et se poursuivent. « Les candidatures seront reçues du 27 décembre 2019 à 07h au 08 janvier 2020 à 23h59 », avait indiqué, Ayassor Tchambakou, président de la Ceni lors d’une conférence de presse.

Onze pièces sont à fournir dans le dossier de candidature pour être validé par la Commission électorale, avant d’être transmis à la Cour constitutionnelle togolaise pour étude et approbation. Une Cour, elle-même, en pleine recomposition.

Une quinzaine de dirigeants politiques et d’indépendants ont déjà déclaré leur intention de candidatures. Parmi eux figurent : Jean-Pierre Fabre, ancien chef de file de l’opposition. Devenu maire de la commune du Golfe 4 à Lomé, il se présentera pour la 3e fois ; l’ancien Premier ministre et président du MPDD, Agbéyomé Kodjo et l’ancien fonctionnaire du Fonds Monétaire International (FMI), Pierre Ekué Kpodar.

Après les dernières opérations de révisions des listes électorales et le dernier recensement, la Céni a annoncé l’inscription de 212538 nouveaux électeurs dont 348 dans la diaspora. Ces derniers sont précisément issus des six pays dont les ambassades sont habiletés à accueillir les électeurs pour ce vote. Il s’agit des Etats-Unis, de la France, du Gabon, de la RDC, du Nigéria et du Maroc. En attendant le verdict du traitement des fichiers en cours, 3,650 millions, est le nombre de Togolais retenus provisoirement pour aller aux urnes.

Au pas de charge….

Tout est allé vite, pour la recomposition de la Cour Constitutionnelle ! Aux dernières nouvelles, c’est ce matin que les nouveaux membres de cette Cour devront prêter serment.

Lundi dernier, il y a seulement une semaine, la loi organique sur la Cour constitutionnelle venait d’être votée à l’unanimité par les députés, en raison de la nouvelle composition de l’Institution et en vue de sa recomposition.

Mardi, les députés avaient élu Kouami Amados-Djoko (membre sortant) et Assouma Aboudou (président sortant).

Vendredi, à la suite de l’Assemblée nationale, le Chef de l’Etat a nommé deux autres membres devant siéger au sein de l’institution : les professeurs Palouki Massina, actuel Vice-doyen de la Faculté de Droit (FDD) à l’Université de Lomé (UL) et Mipamb Nam-Tougli, Professeur Agrégé de Droit administratif à l’UL et membre sortant de la Cour.

Selon la révision constitutionnelle du 8 mai dernier, la Cour constitutionnelle est composée de neuf membres : Deux personnalités nommées par le président de la République, l’Assemblée nationale et le Sénat élisent chacun deux membres, le Conseil de la magistrature élit un membre, le barreau élit un membre, les enseignants chercheurs élisent en leur sein, un membre (un chercheur en droit de rang A, avec 15 ans d’ancienneté au moins).

La recomposition de la Cour constitutionnelle était l’une des sacrées revendications de l’opposition, au lendemain de la médiation de la Cédéao et de l’instauration de sa feuille de route après les événements d’août 2017. Faure Gnassingbé accède enfin à cette demande, vidant ainsi tous les points de la feuille de route.

Rappelons que la Cour constitutionnelle est la plus haute juridiction de l’État en matière constitutionnelle. Elle est juge de la constitutionnalité de la loi et garantit les droits fondamentaux de la personne humaine et les libertés publiques.

Elle est l’organe régulateur du fonctionnement des institutions et de l’activité des pouvoirs publics. Elle juge de la régularité des consultations référendaires, des élections présidentielles, législatives et sénatoriales. Elle statue sur le contentieux de ces consultations et élections.

Source: TogoMatin

Source : Togoweb.net