« Une victoire dès le 1er
tour pour faire économie des ressources qui auraient été consacrées au 2ème
tour, afin de répondre aux priorités véritables de nos populations ». L’annonce
a été faite, hier, par Gilbert Bawara. Il confirme non seulement la volonté du
régime de tout faire pour passer au 1er tour, mais aussi l’échec de
Faure Gnassingbé à répondre aux priorités des Togolais depuis sa prise de
pouvoir en 2005.
La campagne électorale se poursuit. Les
candidats et leurs militants se mobilisent pour faire le plein de voix le 22
février prochain. Des couacs ont été également signalés dans certaines
localités où les candidats de l’opposition ont été empêchés de mener à bien
leurs opérations de mobilisation des électeurs. Du côté du pouvoir, c’est
l’accès à tout : médias publics et privés, moyens matériels et financiers
de l’Etat avec un hélicoptère mis à la disposition du fils de Gnassingbé
Eyadéma qui brigue un 4ème mandat après 38 années de dictature de
son père.
Pour défendre un bilan qui n’existe
nulle part, Faure Gnassingbé et ses lieutenants envahissent l’espace
médiatique. Hier, le ministre de la Fonction publique, Gilbert Bawara était sur
une radio de la place pour débiter des propos qui confirment ce qui se trame au
sein du régime. Pour le ministre, Faure Gnassingbé mène une campagne qui lui
assure déjà la victoire dès le premier tour. « Tout cela préfigure une victoire nette, éclatante et incontestable dès
le 1er tour. Ce qui permettra à notre pays de faire économie des
ressources qui auraient été consacrées au 2ème tour, afin de
répondre aux priorités véritables de nos populations », a déclaré Gilbert
Bawara.
Deux choses sont à retenir de cette
déclaration qui frise la provocation et en rajoute à la tension déjà palpable
dans le pays. La première, c’est que Faure Gnassingbé craignant une raclée au
second tour, se prépare à se faire déclarer vainqueur dès le premier. En
réalité, seule la détermination du peuple pourrait empêcher un tel scénario
puisque toutes les dispositions semblent avoir été prises pour que le
« Prince » opère sa triche traditionnelle. Et pour cause, toutes les
institutions impliquées dans l’organisation de ces élections sont à la solde du
régime. La Commission électorale nationale indépendante (Céni) est aux mains du
régime et ceux qui la dirigent ont suffisamment montré qu’ils ont choisi leur
camp. La Force Sécurité élection présidentielle (FOSEP), mise en place pour
assurer la sécurité du processus s’est révélée acquise au régime en assistant,
spectatrice, aux dérives des militants du RPT/UNIR sur les candidats de
l’opposition. Quant à la Cour Constitutionnelle dont le caractère illégal ne
souffre d’aucun doute, elle est composée de personnes qui affichent volontiers
leur attachement à la dictature des Gnassingbé, célébrant même le détournement
de la vérité des urnes. Avec ces institutions aux ordres, Faure Gnassingbé peut
s’assurer d’éviter le piège et l’humiliation d’un second tour des élections. Les
déclarations des cadres du RPT/UNIR et le fameux coup K.O qu’ils promettent en
disent long.
La deuxième révélation faite par Gilbert
Bawara est que depuis 2005 et le bain de sang qui lui a permis de s’installer
au pouvoir, Faure Gnassingbé a fait fi des priorités des Togolais. Voilà
pourquoi le ministre de la Fonction Publique a souligné que les ressources
devant servir à l’organisation du second tour des élections vont être utilisées
pour « répondre aux priorités
véritables de nos populations ». En parlant de priorités, Gilbert
Bawara trahit son clan et révèle qu’en réalité, les premières nécessités des
populations togolaises n’ont jamais été prises en compte par Faure Gnassingbé. Et
c’est à la veille d’une élection qu’on se rappelle que les Togolais ont des
priorités auxquelles il faut trouver des solutions.
Certes, le gouvernement a élaboré
programmes, projets et plans. Mais dans les faits, il s’agissait d’actions à
mener par le régime dans l’optique de préparer le terrain pour un règne à vie
de Faure Gnassingbé. Son bilan, qu’il compte défendre n’est qu’un amas de
projets, programmes et plans infertiles. Depuis qu’il s’est invité dans le
quotidien des Togolais en 2005, les besoins prioritaires ont été sacrifiés sur
l’autel d’actions trompe-l’œil.
En 15 ans de pouvoir, la santé des
Togolais a été ignorée. Pas un seul hôpital digne de ce nom n’a été construit, réhabilité
ou équipé. Des grèves record ont été enregistrées dans le secteur de
l’éducation, du primaire au supérieur. L’agriculture est toujours à l’état
primaire, des marchés ont été incendiés, des enfants ont été assassinés, le
nombre de détenus politiques a été multiplié et on en compte même au sein de la
propre famille du chef de l’Etat. Les promotions sur la base du militantisme
politique ou de l’appartenance ethnique se poursuivent, même dans les villages
et cantons où de pseudo chefs traditionnels sont soutenus pour services rendus
à la dictature. Le pays a été éclaboussé par plusieurs scandales financiers dans
un contexte de privatisations aux contours flous, sans oublier l’endettement du
pays, la violation constante des droits de l’Homme et l’impunité garantie aux
auteurs.
Bref, en 15 ans, Faure Gnassingbé a
plongé le Togo dans une dépréciation dans le concert des nations. Les priorités
du régime étaient ailleurs et Gilbert Bawara a raison de le confirmer.
G.A.
source : Liberté
Source : TogoActu24.com