Cafouillage total à la DMK, silence peu rassurant de l’ANC, Atchadam prêchant dans le désert.

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Quelques têtes de l'opposition togolaise

«…A moins d’un retournement de situation, à moins d’un miracle, la majorité les Togolais iront remplir leurs devoirs d’honnêtes citoyens dans les urnes. Mais est-ce l’urgence, est-ce ce qui préoccupe les Togolais empêtrés plus que jamais dans la gadoue d’une crise économique toujours aussi dévastatrice? Pourquoi cet acharnement à privilégier le politique au détriment du social…?» Voilà un extrait du journal «Le Correcteur» de mars 2023 qui évoque les fameuses élections à venir au Togo que le régime tente d’organiser vaille que vaille malgré la crise socio-politique qui dure depuis longtemps. Et dans les états-majors des partis politiques dits de l’opposition, chacun va de sa stratégie pas forcément gagnante.

Cette curieuse manière, pour les opposants togolais, de s’opposer aux dérives dictatoriales du régime, dénoncées sur tous les toits, et de devenir les accompagnateurs du même régime en participant aux élections, risque cette fois-ci de sonner le glas d’une structure politique mise sur pied dans la foulée des fameuses élections présidentielles de février 2020. La Dynamique Monseigneur Kpodzro (DMK), puisque c’est d’elle qu’il s’agit, n’est plus à présenter. C’est de la revendication de la victoire de Messan Agbéyomé Kodjo à ce fameux scrutin présidentiel que l’organisation politique, dirigée par la coordinatrice Madame Brigitte Adjamago, tirait le sens de son existence; et tout, presque, tournait autour du contentieux électoral né en février 2020; jusqu’à ce que le régime annonce la tenue d’élections régionales et législatives dans le courant de l’année 2023. Fidèle à sa position du début, Monseigneur Kpodzro, sentant les velléités des uns et des autres quant aux futures élections, avertit et met en garde contre une éventuelle participation aux scrutins à venir des partis de son organisation. Pour contourner le clair désaveu du prélat pour une participation aux élections, les partis et associations, anciennement membres de la DMK, créent le 10 avril dernier une autre Dynamique, la Dynamique pour la Majorité du Peuple (DMP). Les membres de la nouvelle dynamique ne se cachent pas d’avoir créé cette nouvelle organisation pour éviter de continuer à être sous la férule de la DMK. Selon ses propres termes la DMP s’engage à poursuivre le combat pour la libération des prisonniers politiques, pour le retour des exilés politiques et pour l’obtention des conditions d’inclusivité et de transparence des prochaines élections législatives au Togo. Seulement, nous nous demandons, comment la DMP, à quelques mois des scrutins, s’y prendra-t-elle pour obtenir les conditions d’inclusivité et de transparence des prochaines élections, qui ne sont autres que les revendications politiques de toute l’opposition, au sein de la C14, que le régime refuse depuis des années de satisfaire.

Et comme si tout ce désordre à la DMK ne suffisait pas, après que Messan Agbéyomé Kodjo, qui réclame toujours, soutenu par Monseigneur Kpodzro, sa victoire de février 2020, se soit aligné sur le point de vue du prélat quant à une non-participation aux élections, le vice-président de sa formation politique, le Mouvement Patriotique pour la Démocratie et le Développement (MPDD) annonce leur participation aux prochaines élections. Monsieur Gérard Adja n’y va pas de main morte pour confirmer que puisque le MPDD fait désormais partie de la DMP nouvellement créée, il n’y aurait pas de raison que cette formation ne participe pas aux prochains scrutins. Monsieur Messan Agbéyomé Kodjo estime avoir pris note du choix de son vice-président qu’il dit respecter. Pourtant, le parrain de la DMK, Monseigneur Fanoko Philipe Kpodzro, a été plus que clair lors de sa sortie. Il n’est pas question que l’organisation politique qui porte son nom participe à un simulacre d’élections, tant que le contentieux électoral du 22 février 2020 n’est pas réglé. En un tour de passe-passe, la DMK se transforme en DMP. Qui dit mieux? La DMK ou la DMP n’aura pas fini de nous surprendre. Que nous réservent les jours à venir? Quelle sera la prochaine réaction de Monseigneur Kpodzro, qui, comme on le connaît, n’a certainement pas encore dit son dernier mot. Wait and see!!!

L’autre formation politique qui n’est pas des moindres dans le paysage politique togolais est inévitablement l’ANC (Alliance Nationale pour le Changement). Depuis l’imbroglio électoral de 2020, en passant par son désaccord avec la DMK et Monseigneur Kpodzro, l’ANC reste enfermée dans un silence incompréhensible quant à la suite de la lutte pour la démocratie. «…Vous savez ce qui vous reste à faire, Mgr Kpodzro et vous, pour relancer la lutte. Des excuses publiques, au peuple togolais que vous avez trompé. Et à l’ANC que vous avez vilipendé dans une sordide manœuvre de promotion d’une marchandise invendable, parce que hautement avariée.» Voilà ce que Monsieur Jean-Pierre Fabre, président national de la formation orange, répondait, il y a quelques jours, à un compatriote de la diaspora allemande, par ailleurs responsable de la DMK, lors d’une dispute avec ce dernier sur les réseaux sociaux. Le premier responsable de l’Alliance Nationale pour le Changement voudrait-il nous faire savoir par là que c’est donc la raison qui explique ce silence et ce manque de volonté de sa formation, normalement parti charnière de la vraie opposition, à continuer les efforts malgré les difficultés, pour aller vers les autres afin de réorganiser le peuple et reprendre la lutte? L’engagement en politique, surtout dans un pays comme le Togo où le régime de dictature ne fait pas de cadeau, est ingrat, mais vaut la peine parce qu’il s’agit de mettre fin aux souffrances du peuple. Prétendre attendre des excuses de qui que ce soit, quelles que soient les raisons, serait mal vu et considéré comme le fait de n’avoir pas compris pourquoi on s’est engagé. Le fait que certaines formations politiques de l’opposition se regardent aujourd’hui en chiens de faïence et se parlent à peine, quelles que soient les motivations, n’est pas le problème du peuple qui attend que ceux qui se sont engagés en son nom, s’entendent et fassent le travail. Au nom des sacrifices inévitables liés à l’engagement pour la libération de ce peuple, on n’a pas le droit de trahir ce sacerdoce pour un problème de personnes; autrement, le verdict des populations togolaises, qui ne sont pas dupes, risque d’être impitoyable.

«…Pour le Togo et pour l’Afrique, le peuple togolais doit conclure pacifiquement au plus vite la lutte de libération du Togo de la dictature militaire, indéniablement plongée depuis le 19 août 2017 dans une agonie irréversible, afin d’installer une transition sans Gnassingbé Faure chargée des réformes nécessaires avant toute élection. Transition sans Faure, réformes élections. Telle est notre position.» Dans son message-vidéo du 07 avril 2023, Salifou Tikpi Atchadam, président du Parti National Panafricain (PNP), est resté égal à lui-même malgré les menaces de mort qui pèsent sur sa personne depuis 2017; et qui l’obligent à vivre dans la clandestinité. Sa position qui est également celle de sa formation politique n’a pas bougé d’un iota. Une transition sans Faure Gnassingbé, la réalisation des réformes et enfin l’organisation des élections ne sont nullement un rêve irréalisable si tous les partis politiques, vraiment de l’opposition, mettent leurs égos de côté, abandonnent les problèmes de personne pour se retrouver de nouveau. Car le régime de dictature qui nous régente depuis un demi-siècle n’a peur que d’une chose: le regroupement des partis de l’opposition pour concevoir une stratégie commune afin de le faire partir.

Pour terminer, et revenant aux participationnistes aux élections quelles qu’elles soient en l’état actuel des choses, nous essayons de comprendre leurs arguments selon lesquels il ne faudrait pas abandonner totalement le terrain au RPT/UNIR. Mais une telle démarche n’aurait de sens que si la décision d’aller ou non à des élections, est prise au sein d’une solide coalition de l’opposition. Aller en rangs dispersés dans ce climat de haine et de méfiance, comme c’est le cas aujourd’hui, ne risque-t-il pas d’avoir des conséquences encore plus désastreuses pour ce qui reste de l’opposition dans le futur parlement?

Samari Tchadjobo
Allemagne

 

Source : 27Avril.com