Au Togo, tout est chancelant, craintif, précaire, temporaire… Au Togo, tout est bien éphémère, parfaitement provisoire, incidemment momentané, même la prétendue Assemblée nationale. Derechef, le plausible président de l’Assemblée nationale est sommé de n’être en fonction que pour une année. Le message est ainsi clair que le président provisoire ne doit aucunement se prendre pour ce qu’il n’est pas et qu’il ne pourra jamais être, le dauphin constitutionnel du président de la République.
Dans les Républiques bananières comme le Togo, en effet, le président ne peut avoir de dauphin. Si par hasard une Constitution qui ne vaut d’ailleurs pas le papier sur lequel elle est écrite, si une telle Constitution apocryphe et inauthentique ose prévoir la succession en cas de vacance de pouvoir, il faut anéantir un tel article de la loi supérieure par un règlement de la même Assemblée nationale mensongère et controuvée. De toutes les façons, nul n’aura besoin de succéder au grand patron ; alors, tout rêve dans ce sens doit être contrôlé. On ne sait jamais… L’appétit peut surgir à tout moment, même chez le président fabriqué d’une Assemblée nationale nommée…
Jusque dans les rangs du pouvoir togolais, la confiance est la chose la moins partagée. Il n’est donc pas rare que jusqu’au Conseil des ministres, irréguliers et sporadiques, certains membres du gouvernement, moindrement proches, ne passent de leur temps qu’à se donner des coups de pied en dessous de la table de réunion : « Ne dis rien… C’est comme ça ! »
C’est comme ça, mais ça ne peut être comme ça tous les jours et à chaque fois, pour l’éternité. Ça ne fait pas sérieux ! Même si le vieux conseiller ou l’un des dinosaures, jeune bleu ou mûr jaune, le Spinosaure ou l’Ankylosaure, vous propose une idée aussi farfelue, parce que seulement une année sépare le Togo des élections présidentielles de 2020, vous n’êtes pas obligé. Le Bon Dieu tout puissant n’est jamais obligé de tout exhausser, au point de se faire passer pour ridicule ou pour tout nu.
Ça fait vraiment pas sérieux, même en dictature, de s’autocatégoriser en hippocampe mâle pour mettre en vie toutes les générations futures, avec une fréquence aussi rapprochée. Pas sérieux de toujours se ridiculiser en voulant tout écraser sur son passage, fourmis ou soumis, collaborateurs ou députés d’une assemblée nationale déjà nommée. Dans ce règne ravageur qui veut s’éterniser au Togo, le nouveau Déjà Nommé ressemble bien au Déjà Frappé ancien. L’un et l’autre n’arrêteront le changement au Togo, au moyen de cette longue marche vers la Dignité.
Le sort du Togo reste ainsi suspendu… Suspendu à l’espoir, par une coïncidence dont l’histoire n’est jamais avare. Tellement que la fête du jour, à Gbagbo, devient l’espoir du retour à la République au Togo ; un Togo toujours insoumis à l’autocratie caricaturale qui y perdure.
PSA
15 janvier 2019
27Avril.com