Burundi: le pouvoir et la CPI à couteau tiré

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Le gouvernement du Burundi a rejeté « catégoriquement » la décision de la Cour pénale internationale (CPI) d’autoriser l’ouverture d’une enquête sur des crimes contre l’humanité présumés entre 2015 et 2017 au Burundi. La ministre de la Justice a assuré vendredi que Bujumbura ne collaborerait « jamais » avec cette cour.

« En tout état de cause, le Burundi n’ouvrira jamais la coopération avec la CPI dans la mise en oeuvre d’une décision qui a été prise en violation du Statut de Rome et des principes du droit international », a martelé Aimée Laurentine Kanyana, ministre burundaise de la Justice, dans une déclaration lue devant la presse. « Le Burundi rappelle qu’il s’est retiré du Statut de Rome depuis le 27 octobre 2017. Le gouvernement n’ayant pas été notifié de la décision de la CPI d’enquêter sur le Burundi avant son retrait effectif, (…), il n’est pas lié par cette décision », a-t-elle affirmé.

Le fait d’avoir appris cette information « par les médias 14 jours » après la décision de la Cour, « vient confirmer encore une fois la politisation des droits de l’homme et de la justice internationale, ainsi que la tentative de déstabilisation des pays africains (…) par les forces néo-colonialistes », a accusé la ministre. Le pouvoir a appelé à des manifestations samedi dans toutes les provinces du pays pour dénoncer la décision de la CPI.

« Le Burundi est tenu de coopérer »

Les experts en droit pénal international estime cependant que le retrait du Burundi de la CPI n’empêche en rien l’ouverture de l’enquête avant le 27 octobre, date à laquelle ce retrait sera effectif.

Dans une décision rendue sous scellés le 25 octobre, la Chambre préliminaire a autorisé la procureure Fatou Ben Souda à « ouvrir une enquête sur des crimes (…) qui auraient été commis au Burundi ou par des ressortissants burundais à l’extérieur de leur pays depuis le 26 avril 2015 et jusqu’au 26 octobre 2017 »

Cette décision établit que la CPI est compétente pour enquêter sur des crimes commis « pendant que le Burundi était un État partie au Statut de Rome ». La CPI insiste également sur le fait que « le Burundi est tenu de coopérer avec la Cour dans le cadre de cette enquête, car celle-ci a été autorisée le 25 octobre, avant la date à laquelle son retrait a pris effet ».

La procureure Fatou Bensouda avait réclamé l’autorisation d’ouvrir une enquête notamment sur « le meurtre et la tentative de meurtre, l’emprisonnement ou la privation de grave de liberté, la torture, le viol, la disparition forcée et la persécution ».

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