C’était Dakar pour Nicolas Sarkozy et François Hollande. Leur successeur Emmanuel Macron a quant à lui choisi l’Université Joseph Kizerbo de Ouagadougou pour inaugurer son quinquennat de relations franco-africaines par un discours qu’il prononcera devant un millier d’étudiants. Et pourtant, l’arrivée du président français, inscrite dans le cadre d’une mini-tournée africaine fait déjà grincer quelques dents.
La tension est tellement palpable que le gouvernement burkinabé a dû lancer un appel au calme, allant même jusqu’à convoquer la tradition séculaire d’hospitalité du pays des « Hommes intègres ». L’accueil d’Emmanuel Macron à Ouagadougou où il va séjourner les 27 et 28 novembre prochain risque de se faire dans la polémique et les…huées !
CFA, anti-impérialisme, présence française, motifs de manifestations
Devant plus de mille étudiants de l’Université Joseph Kizerbo de Ouagadougou, le président français livrera le 28 novembre prochain pour son quinquennat en cours, sa « doctrine » des relations entre l’Afrique et la France. Mais à l’appel d’une coalition de la société civile, des manifestations sont prévues en marge de l’accueil du président français dans la capitale burkinabè.
Main dans la main avec l’Union générale des étudiants burkinabè (UGEB), certaines associations entendent marquer, sur le trajet du cortège présidentiel, leur opposition au pillage des ressources naturelles en Afrique par des «multinationales impérialistes», à la présence militaire française au Burkina et au franc CFA, qualifié de «monnaie coloniale».
Emmanuel Macron arrive donc dans la capitale burkinabè sous les sirènes de la contestation. Le feu d’une polémique naissante que se sont empressés d’éteindre deux ministres envoyés en pompiers. Alpha Barry, le ministre des Affaires étrangères, et Remis Fulgance Dandjinou, son collègue à la Communication, qui ont appelé les Ouagalais à «réserver un accueil chaleureux au président français et préserver l’hospitalité légendaire du peuple burkinabé», lors de cette visite qualifiée d’ «honneur pour le Burkina à recevoir cet invité».
Le gouvernement s’en remet à l’hospitalité légendaire burkinabè
Par anticipation, Jean Martin Coulibaly, le ministre de l’Education nationale, a annoncé ce samedi, la fermeture des établissements scolaires publics les 27 et 28 novembre, pour la visite du président français. Malgré tout, leurs grands frères des universités ne désarment pas dans leur volonté d’effectuer leur marche de protestation, poussant le gouvernement a lancé un appel au calme.
«L’université est, par excellence, un point de contradictions. Aussi, je pense que si des acteurs universitaires ou des associations disent qu’ils ne sont pas d’accord avec la venue, c’est leur droit ; nous sommes dans un pays de démocratie», rappelle le ministre de la Communication au micro de nos confrères de RFI.
«Ce que nous voulons, poursuit Remis Fulgance Dandjinou,c’est insister sur le fait que nous avons ici une pratique culturelle et une pratique de réception de nos hôtes. Cela n’a pas empêché le président Thomas Sankara d’avoir un discours extrêmement dur à l’encontre de Mitterrand et de l’avoir reçu avec tous les égards». A 48 heures de l’arrivée de Macron à l’aéroport international de Ouagadougou, les bruissements de cet appel semblent ne pas encore trouver leur écho dans les amphithéâtres ouagalais.
Source : www.cameroonweb.com