L’ancien officier supérieur de la Gendarmerie nationale, ancien ministre de l’Intérieur et avocat au Barreau de Paris Me François Akila-Esso Boko se prépare à rentrer au bercail, après 14 ans d’exil en France. En prélude à ce retour, il a entamé depuis quelques semaines une tournée diplomatique aussi bien en Afrique qu’en occident.
En occident après Paris, Bruxelles, il est arrivé à Washington le mardi 12 mars pour une visite de quelques jours qui prend fin ce vendredi. L’agenda de ce séjour dont la Rédaction s’est procuré une copie est bien chargé. Il est prévu une séance de travail le responsable Afrique au Département d’Etat et le responsable chargé du Togo au même Département, ensuite avec deux hauts responsables du Congrès chargé de l’Afrique, à savoir Monsieur Nicolas Cook et le Docteur Janette Yarwood.
Toujours au programme, une séance de travail au Centre International d’Etude et de Stratégie à Washington. Ce séjour est censé lui permettre également d’échanger avec les responsables du National Endowment for Democracy ( NED), du National Democratic Institute ( NDI) et de l’International Republican Institute (IRI). Le moment fort de la visite est la rencontre entre un conseiller de Donald Trump et Me François BOKO. Un entretien avec le Washington Post l’un des plus grands journaux est également prévu. Cette visite bien chargée prend fin le week-end avec des rendez-vous privés.
Chronique d’un retour qui s’annonce mouvementé
Depuis plusieurs semaines, les médias annoncent le retour au bercail de celui qui a refusé de cautionner la dévolution monarchique du pouvoir en 2005, au risque de sa vie. Face au silence de l’intéressé qui préfère des actes aux paroles, c’est dans La Lettre du Continent, un journal en ligne généralement bien renseigné que l’on découvre les préparatifs de ce retour. Dans sa parution N° 796 du 13 mars dernier, on peut lire : « Togo : Francois Boko brigue la présidence non sans mal. Ministre de l’Intérieur de Gnassingbé Eyadema de 2002 à 2005, l’avocat François Boko entend se porter candidat à la présidentielle de 2020 à Lomé.
Pour concourir, ce Saint-Cyrien doit toutefois résider au Togo l’année qui précède ce scrutin,soit dès la mi-mars. Or l’avocat, qui est exilé en France depuis 2005, n’a toujours obtenu aucune autorisation de retour, ce qui pourrait l’empêcher de respecter les délais impartis. Faure Gnassingbé avait donné un accord de principe à un tel retour après avoir reçu le 11 novembre dernier, à Lomé, une délégation emmenée par un général français et surtout Alain Fénéon, dont François Boko fut l’associé. De nombreux blocages persistent pour la restitution de plusieurs pièces (certificat de nationalité, passeport…) par les services de l’influent ministre de la Sécurité, Damehane Yark ».
Il est donc désormais clair, que celui qui a toujours apporté son soutien dans l’ombre à l’ensemble de la classe politique de l’opposition depuis plusieurs années, du fait de son obligation de réserve pour des raisons professionnelles, a décidé de rentrer dans l’arène. Un nouveau challenge qui n’est pas sans risque pour ce dernier, connaissant les méthodes obscures du régime qui a pris le pays en otage depuis plus de 50 ans. Le refus d’établir les documents susmentionnés dans La Lettre du Continent renseigne davantage sur l’état d’esprit du régime à l’annonce de ce retour.
François Boko, en 14 ans d’exil, a pris le temps de se construire à l’international et jouit d’une crédibilité majeure auprès de plusieurs partenaires. Il conserve également de solides relatons au sein du pouvoir et dans l’armée. Même si ce retour rend de plus en plus nerveux les tenants du régime de Lomé, les zélés au sein du régime qui annoncent déjà les couleurs doivent réfléchir par deux fois avant de vouloir poser un acte attentatoire à l’intégrité physique de ce dernier.
Un acteur majeur sur la scène politique ?
En décidant de descendre dans l’arène politique, l’homme a certainement pris le temps de murir les idées, les stratégies et de construire un carnet d’adresses bien rempli. Ce retour annoncé ne doit pas faire que des heureux aussi au sein du pouvoir que dans l’opposition. Cependant, l’homme transcende tous ces clivages et conserve de solides relations dans les deux camps, et même au-delà.
Pour autant, il ne rentre pas au pays en messie ou en zorro, porteur d’une solution magique à la longue crise togolaise. C’est un acteur majeur décidé à apporter sa contribution pour faire aboutir cette lutte qui n’a que trop duré. En se lançant dans cette tournée diplomatique inédite au cours de laquelle il est reçu par les plus hautes sommités en Afrique, en Europe et aux USA, l’homme renforce non seulement son statut à l’international en s’affichant comme une alternative crédible, mais également il apporte ce qui jusqu’à présent manque à l’opposition, à savoir un vrai lobbying diplomatique. C’est sous ce prisme qu’il faut apprécier les actions de François Boko en ces moments où l’opposition se cherche et continue de se tirailler pour des broutilles.
La lutte à ce stade a besoin de nouveaux acteurs de cette trempe et bien d’autres pour redonner une nouvelle dimension à la lutte. Reste à savoir si ceux qui se sont approprié le titre foncier de l’opposition au Togo auront l’intelligence nécessaire pour composer avec ce nouvel acteur afin de faire bouger réellement les lignes.
Source : www.icilome.com