Bras de fer avec Agbéyomé: le pouvoir de Lomé dans ses incohérences

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La marche de protestation à laquelle a appelé, le vendredi 28 février dernier, l’Archevêque Émérite de Lomé, Mgr Philippe Fanoko Kpodzro a été interdite par le gouvernement. Ceci,  au motif que les organisateurs n’ont pas respecté les procédures légales pour ce faire.

Par contre, il s’est tenu, quelques jours plus tôt, une marche dite «spontanée» des militants et sympathisants de Unir, débouchant sur la Présidence de la république, pour célébrer la victoire de Faure. Paradoxe !

La violence a repris droit de cité

«Nous avons appris,  sur les réseaux, une marche à laquelle appelle Mgr Kpodzro. Ne respectant les dispositions légales qui régissent l’organisation d’une manifestation publique, cette marche est interdite », peut- on lire dans un communiqué rendu public, la semaine dernière, par le ministre de l’Administration territoriale et des collectivités locales. 

Ainsi donc, le vendredi 28 février dernier, les forces de l’ordre et de sécurité ont pris d’assaut, le bas fond du collège St Joseph de Lomé, lieu du rassemblement. Là sont littéralement mis à tabac, tout manifestants, dans une violence inouïe, assaisonnée de course- poursuites et jets de gaz lacrymogènes.

Bref, force a été donnée à la loi qui s’est appliquée dans sa rigueur contre tous les récalcitrants, pour ainsi paraphraser le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, Gal Damehame Yark.

Même si cela s’avère, une fois de plus, l’expression d’une volonté manifeste d’étouffer les voix dissonantes   et dénonciatrices d’un scrutin émaillé de graves irrégularités faites de fraudes massives et de bourrages d’urnes, comme toujours, est-il que les images ont fait le tour du monde montrant à suffisance que la gouvernance de  Faure devient  de plus en plus atypique.

Ceci, au point de susciter le scepticisme des États Unis qui, au travers de son ambassadeur en poste au Togo, M. Stromayer, exige la publication des résultats du scrutin du 22 février dernier bureau de vote par bureau de vote.

Une position qui a été suivie par la Conférence des évêques du Togo qui, elle, en appelle au rétablissement de la vérité. Une kyrielle de scepticismes sur la crédibilité des résultats qui créditent Faure Gnassingbé de 70,78% des suffrages, contre 19,48% pour son poursuivant immédiat, Agbeyome Kodzo.

Pile et face

Mais alors, à l’épreuve de la vérité, un regard rétrospectif fait constater un fait qui fait prendre le gouvernement dans sa propre nasse. En effet, dans la foulée de la proclamation provisoire des résultats par la Ceni, ils étaient nombreux, très nombreux, les militants et sympathisants du parti Unir, convoyés de divers horizons du Grand Lomé et de la Région Maritime, pour prendre d’assaut la Présidence de la République.

Après quelques mètres de procession, la marche présentée comme «spontanée» par les autorités a chuté sur l’esplanade de la Présidence de la République.

Au-devant de la masse en liesse, des cadres Unir qui ont été reçus, dans une ambiance festive, par le Chef de l’Etat qui avait, à ses côtés, le Premier ministre, des ministres et collaborateurs directs.

Bref, ce fut une manifestation tenue sans la moindre autorisation mais au vu et au su de tout le dispositif exécutif du pays. Et c’est justement là où réside tout le paradoxe. Mieux, la nature pile et face du régime de Lomé.

Vive le Prince !

En effet, si cette manifestation digne de celles datant de l’époque du Rpt a été présentée aux yeux des togolais comme «spontanée», sans toutefois l’être, cela sous-entend implicitement qu’elle devrait être interdite, au même titre que celle du Prélat Kpodzro, car tombant sous la rigueur de la loi. 

Malheureusement, force est de constater qu’elle s’est plutôt déroulée sous les regards bienveillants et admiratifs du gouvernement, parce que tout simplement elle chante les louanges du Prince. Et c’est en cela que réside  la justice à double vitesse du pouvoir de Lomé.

Exigeant sur le respect de la loi, si cela ne l’arrange pas, mais muet si cela l’arrange. Dans une République, la loi est informe et s’applique à tous. Qui plus est au Togo  dont la loi fondamentale consacre l’égalité de tous vis-à-vis de la loi.

Conséquence d’une justice à double vitesse…

Et c’est donc clair que l’argument avancé par le gouvernement pour interdire la manifestation de Mgr Kpodzro n’est que l’expression de sa détermination à étouffer toute contestation populaire à la réélection, à la soviétique, du Prince.

 Autrement, le pouvoir de Lomé ne saurait juger illégale, la manifestation à laquelle a appelé, vendredi dernier, l’Archevêque Émérite de Lomé, Mgr Kpodzro, sous prétexte que les organisateurs n’ont pas respecté les dispositions légales, en informant au préalable, le gouvernement, pendant qu’il.accueillait à bras ouvert  une autre dite «spontanée «.

De plus en plus on transforme le Togo en une jungle, dirait-on !

Fraternité

Source : Togoweb.net