Comme un tonnerre qui éclate dans un ciel bleu-clair, la nouvelle de la garde à vue et de la mise en examen de Vincent Bolloré est tombée au moment où on s´attendait le moins.
En effet, cette garde à vue suivie de la mise en examen de Bolloré est la suite logique de l´enquête préliminaire ouverte en juillet 2012 par le parquet de Paris, puis transférée au parquet national financier.
Que reproche-t-on à l´homme d’affaires français?
Presque toutes les personnalités de bonne foi de ce monde, surtout les africains, avaient des soupçons que les richesses du continent noir sont bradées par certains nouveaux colons noirs appelés chefs d´état au profit de vrais colons pour qui le développement de l´Afrique est le dernier souci.
Cette fois-ci les soupçons de corruption dans l´obtention de la gestion des ports de Lomé au Togo, et de Conakry en Guinée se précisent. Vincent Bolloré est soupçonné de « corruption d´agent public étranger ».
Gardé à vue depuis mardi, 24 avril 2017, Vincent Bolloré est déféré le jour suivant devant un juge et mis en examen.
Nous africains sommes prompts à dénoncer les dictatures, le néo- colonialisme et surtout la Françafrique, cette manière détournée pour certains français mal intentionnés de continuer à exploiter l´Afrique malgré la fin de la colonisation depuis plus de 60 ans. Et les Togolais sont le peuple dans l´espace francophone en Afrique à avoir touché le summum de la bêtise humaine en termes de mauvaise gouvernance; une mauvaise gouvernance encouragée entre autres par le comportement de certains hommes politiques et soi-disant hommes d´affaires français. Et Vincent Bolloré fait sans nul doute partie de cette race d´esclavagistes des temps modernes.
Les Togolais reprochent à leur dictateur Faure Gnassingbé la catastrophique gestion du pays sur tous les plans. Et ce n´est pas un hasard si depuis le 19 août 2017, la révolution déclenchée par le peuple togolais, a pour mobiles principaux, violations massives des droits de l´homme et du citoyen, appauvrissement des citoyens dû au pillage organisé des ressources du pays et à une corruption endémique.
Et qui parle de pillage organisé et de corruption endémique a aujourd’hui pour illustration le comportement de Vincent Bolloré qui vient d´être mis en examen pour justement « corruption d´agent public étranger » dans la concession de la gestion des ports de Lomé et Conakry.
Si des citoyens togolais se saisissent de cette affaire Bolloré pour prendre position de façon personnelle, et si du côté du pouvoir de Lomé c´est le silence total, ce qui n´étonne guère, connaissant les méthodes propres aux dictatures prédatrices; du côté de l´opposition, surtout parlementaire c´est presqu’en silence qu’on assiste à la scène qui se déroule à Paris dont Bolloré est au centre.
Pourquoi ce manque d’empressement pour saisir cette aubaine qui nous vient de la justice française d´habitude pas très pressée pour juger et condamner ces pilleurs français de l´Afrique? Certains au sein de l´opposition ont-ils peur que certaines vérités qui seront dites à Paris ne les mouillent? Ou s´agit-il du désarroi d´une opposition en mal de stratégie payante?
Je reconnais que faire face à un régime de dictature qui ne fait que tendre des pièges de toutes sortes pour que rien n´avance, comme on en connaît au Togo, n´est facile pour aucune opposition au monde. Mais aucune opposition ne doit laisser passer une occasion en or qu’est l’affaire «bollorienne» à Paris de faire davantage pression sur Faure Gnassingbé, et tenter de voir plus clair dans cette magouille criminelle que constitue la concession de la gestion du port de Lomé pour 35 ans à Bolloré.
L´arrogance, l´assurance de l´impunité et le mépris du peuple sont les assises sur lesquelles repose la dictature du régime Gnassingbé; c´est pourquoi je pense qu´une quelconque interpellation du pouvoir de Lomé pour espérer lui tirer le vers du nez, dans une affaire où il est l´acteur principal, restera lettre morte; car la complicité de Faure Gnassingbé et de certains dans son entourage dans le pillage organisé des ressources du pays ne fait plus l´ombre d´un doute. C´est pourquoi je crois personnellement que le temps est arrivé pour l´opposition parlementaire de jouer son rôle en menant des actions fortes, même si elle est minoritaire au sein de l´hémicycle togolais.
Comme leurs collègues guinéens, les députés togolais de l´opposition ont par exemple la possibilité de demander la mise sur pied d´une commission d´enquête parlementaire qui aura pour charge de justement enquêter sur les non-dits du contrat de concession de la gestion du port de Lomé entre Faure Gnassingbé et Vincent Bolloré. Certes, ce dernier pour le moment n´est que mis en examen et jouit encore du principe de la présomption d´innocence. Mais il n´est pas question que Bolloré, après ses ennuis judiciaires à Paris pour le caractère opaque de l´obtention de la gestion du port de Lomé, revienne à Lomé reprendre ses activités dans le même port. Ce serait une humiliation et une insulte de plus pour le peuple togolais.
Parallèlement au travail parlementaire de l´opposition, il ne serait pas déplacé que des associations de la société civile et de la diaspora s´organisent pour commettre par exemple un conseil d´avocats pour défendre les intérêts des populations togolaises en demandant la mise en veilleuse du contrat qui lie Bolloré et le pouvoir togolais dans la gestion du port de Lomé.
Mes propositions peuvent paraître un peu trop osées ou radicales pour certains, mais n´oublions pas que le régime des Gnassingbé est plus que fébrile, et que le rapport de forces est désormais en faveur du peuple togolais. Pourquoi ne pas en profiter pour continuer à croire en nos forces et nous organiser en saisissant cette affaire pour donner le coup de grâce à un pouvoir qui n´a plus rien à proposer?
Samari Tchadjobo
Allemagne
27Avril.com