Le 31 juillet dernier, les Chefs d’Etat de la CEDEAO ont proposé lors de la 53ème session ordinaire de l’institution des solutions pour une fin de la crise sociopolitique au Togo. Cette crise qui dure depuis le 19 août 2017 a fait, selon la LTDH (Ligue Togolaise des Droits de l’Homme), 22 morts et plus de 941 blessés dont plus de 202 par balles. Un rapport contesté par le gouvernement dès sa publication. L’organe de promotion du respect des droits de l’Homme « déclare être prête à défendre son rapport devant n’importe quelle instance ».
DECLARATION DE LA LTDH RELATIVE AU COMMUNIQUE DU GOUVERNEMENT A LA SUITE DE LA PUBLICATION DU RAPPORT
C’est avec consternation que la Ligue Togolaise des Droits de l’Homme (LTDH) a pris connaissance du communiqué du gouvernement du 30 juillet publié sur la chaine de télévision nationale dans la soirée du 31 juillet 2018, et par lequel ce dernier a cru attaquer le rapport de la LTDH sur la situation des droits de l’homme au Togo couvrant la période du 19 août 2017 au 20 juillet 2018 en essayant vainement de jeter le discrédit sur l’activité de Monitoring effectuée avec rigueur et professionnalisme durant les périodes troubles que notre pays a traversées.
D’entrée de jeu, il sied de préciser que la LTDH n’a nullement été surprise par cette démarche du gouvernement togolais, coutumier de la dénégation systématique des cas de violation des Droits humains, le contraire nous aurait plutôt étonné étant donné que les autorités togolaises ont toujours critiqué tous les rapports produits par la LTDH depuis sa création sans jamais parvenir à convaincre l’opinion en apportant la preuve contraire. Il nous en souvient qu’en mai 2018 le gouvernement togolais n’a pas manqué de critiquer les déclarations relatives à la situation des droits humains au Togo, faites par la FIDH et le Réseau Ouest Africaine des Défenseurs des Droits de l’Homme lors de la 62ème session de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des peuples qui s’est tenue à Nouakchott (Mauritanie) du 26 avril au 09 mai 2018.
Dans son communiqué du 31 juillet 2018, le gouvernement a justement zoomé sur le bilan qui est résulté du rapport de la LTDH pour ensuite qualifier ledit rapport de « partisan et dénué de tout fondement objectif » en s’adonnant à une étude comparative avec son propre bilan et ceux d’autres organisations de la société civile, ce qui caractérise l’imprécision et le manque de crédit à accorder à la démarche du gouvernement qui en réalité, devrait situer l’opinion et lever de le doute qu’il fait sciemment planer sur le nombre de victimes, alors qu’il dispose de réels moyens de le faire.
La LTDH voudrait bien indiquer qu’elle a effectué sur le terrain avec beaucoup de diligences et de professionnalisme ses enquêtes pour aboutir à ce bilan et que pour la qualité de son travail, elle n’avait ni le droit, ni le devoir de se baser sur les résultats des enquêtes d’autres organisations de la société civile et encore moins du gouvernement.
La LTDH n’ayant pas eu les mêmes sources d’information que les autres, il est donc évident et tout à fait normal que son bilan ne soit pas conforme à celui des autres.
Par conséquent le fait se fonder sur le fait que le bilan émis par la LTDH dans son rapport diffère de ceux du gouvernement et d’autres organisations de la société civile pour traiter ce bilan de partisan, constitue pour nous une fois de plus la preuve d’une mauvaise foi du gouvernement qui tente de « noyer le poisson dans l’eau ».
En outre, concernant l’affirmation du gouvernement selon laquelle le but visé par la LTDH serait de faire porter par le gouvernement la responsabilité de violences et des dérapages ayant entrainé des pertes en vies humaines et des dommages considérables, la LTDH précise que c’est plutôt la réalité des faits qui rendent le gouvernement responsable des graves violations et atteintes aux droits humains étant donné que ces graves violations et atteintes aux droits humains ont été orchestrées sous les regards passifs, parfois complice et même sous les ordres des autorités politiques comme cela a été si bien révélé dans le rapport. Aussi, convient-il de souligner qu’il revient au gouvernement la responsabilité régalienne de garantir aux citoyens la pleine et effective jouissance de leurs droits et de préserver la sécurité de ces derniers, comme l’indique l’article 13 de la Constitution togolaise du 14 octobre 1992 ; Ce que ce dernier a manqué de faire dans le cadre des manifestations passées.
Par ailleurs, la date choisie pour la publication de ce rapport ne cache aucune intention malveillante, la LTDH créée le 20 juillet 1990 avait juste choisi cette période pour marquer son 28ème anniversaire comme il en a d’ailleurs l’habitude. On se demande plutôt ce que craint le gouvernement.
Il en résulte donc que la LTDH s’est fondée sur des données recueillies sur le terrain et donc la certitude des informations conduisant à ce rapport ne fait l’objet d’aucun doute.
Par conséquent, la LTDH dénonce une fois encore cette tentative d’intimidation, de menace, de pression et de discrédit entrepris par le gouvernement à son égard, et en appelle à l’opinion nationale et internationale, aux missions diplomatiques et consulaires accréditées au Togo, à toutes les organisations de la société civile aux plans national et international, notamment la Fédération Internationale des ligues des Droits de l’Homme (FIDH), Amnesty Internationale, Human Rights Whatch, Le Réseau Ouest-Africaine des défenseurs des droits de l’Homme, d’œuvrer aux côtés de la LTDH en vue de la défense des défenseurs des droits humains ainsi que leur protection.
La LTDH déclare être prête à défendre son rapport devant n’importe quelle instance.
Fait à Lomé le 02 août 2018 Pour le Bureau Exécutif,
Le Président,
Me Célestin Kokouvi AGBOGAN
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