Bien-être des travailleurs, SMIG, salaires: Le Béninois Patrice Talon montre la voie au Togolais Faure Gnassingbé

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Salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) à 52 000 FCFA et salaires des fonctionnaires en hausse. Non, nous ne sommes pas là au Togo, mais au Bénin d’un certain Patrice Talon pourtant couvert de tous les péchés du monde, mais qui se soucie du bien-être des travailleurs béninois. Pendant ce temps, son voisin de l’ouest, Faure Gnassingbé pourtant présenté comme ce qu’il pouvait arriver de mieux aux Togolais, méprise les travailleurs et syndicalistes de son pays.

A cette veille de la journée internationale du travail abusivement appelée «fête des travailleurs» qui sera observée cette année dimanche prochain, cette mesure doit mettre du baume au cœur des Béninois, même si son entrée en vigueur ne devrait pas être immédiate. Pour un cadeau, c’en est vraiment un.

SMIG à 52 000 F, salaires en hausse…

Ce sont les résultats de discussions autour de la revalorisation des salaires, mardi dernier, entre les trois centrales et confédérations syndicales les plus représentatives à l’issue des élections professionnelles nationales (CSTB, COSI-Bénin et CSA-Bénin), le patronat représenté par deux (02) organisations (CNP et CONEB) et le gouvernement. Particularité, cette rencontre s’est déroulée au Palais de la Marina en présence ou plutôt sous la conduite du maitre de céans, le Président béninois Patrice Talon.

Les échanges ont tourné autour de six (06) axes-questions : Quel pourrait être le niveau de relèvement du SMIG aujourd’hui ? Est-il pertinent de maintenir le principe de la hiérarchisation subséquente des salaires ou faudrait-il y renoncer ? Quelle part des ressources disponibles dégagées par le gouvernement faudrait-il consacrer à la revalorisation des salaires des travailleurs ? Toute la cagnotte ? Ou alors orienter une partie vers les recrutements d’agents publics pour contribuer ainsi à lutter contre le chômage des jeunes ? Une autre part de ces ressources ne pourrait-elle pas aller au fonctionnement optimal des structures en charge des services sociaux comme l’éducation, la santé, la sécurité ? Ils ont duré six (06) heures d’horloge et au bout, ont accouché d’un accord. Le premier point, c’est le relèvement du SMIG de 30 %, avec obligation faite aux employeurs de souscrire une assurance maladie pour leurs salariés à faibles revenus à compter du 1er janvier 2023. Le salaire minimum interprofessionnel garanti qui était de 40 000 F au Bénin depuis 2014, est revu à 52 000 F, soit 12 000 F de plus. Ce sera donc le salaire le plus bas à payer aux travailleurs. Au Togo, faut-il le rappeler, il est de 35 000 F.

S’agissant des autres salaires dans la fonction publique, ils vont aussi augmenter, même si aucun pourcentage n’est avancé pour l’instant. Les principes généraux sont en tout cas définis. Il est prévu deux niveaux d’augmentation : le relèvement du point d’indice et la hausse par catégorie, pour donner plus aux bas salaires qu’aux revenus élevés. Une enveloppe devrait servir à honorer ces engagements. Les discussions devront se poursuivre avec les ministres au sein de la commission de concertation gouvernement-syndicat pour la finalisation d’un accord. Ces nouvelles dispositions, nous revient-il, devraient entrer en vigueur avant la fin de cette année 2022.

Ces augmentations ne sont peut-être pas assez pour révolutionner le bien-être des travailleurs béninois. Mais elles vont, à n’en point douter, y concourir, améliorer leur situation. Au Bénin, si la plupart des citoyens acclament, certains sont dubitatifs et préfèrent être prudents. « C’est déjà pas mal pour un début. Alléluia ! Reste à savoir à quel point ça va être appliqué », « Eh oui, vivement la mise en application surtout dans le secteur privé », « Si ça rime avec hausse d’impôts, ce n’est pas la peine », « Adopter les textes n’est qu’un pas. Veiller à l’application reste le grand pas et le grand défi. C’est là que l’inspection du travail doit faire son job ; mais malheureusement, elle est corrompue par les capitalistes », voilà quelques réactions compilées sur Twitter.

Les travailleurs parias au Togo

Patrice Talon est loin d’être un parangon de vertus. C’est un mal-aimé, ses détracteurs sont autant sinon plus nombreux que ses admirateurs au sein de l’opinion béninoise. Mais n’empêche, il vient de poser un acte mémorable et digne d’être souligné. L’inimitié que certains lui vouent n’est donc pas une fatalité et ne l’a pas empêché de penser au bien-être des travailleurs béninois et accéder à cette revalorisation des salaires. Nous autres Togolais, on aurait bien voulu voir « Faure Gnassingbé » aussi faire l’objet d’autant de sollicitudes envers les travailleurs de son pays. Mais ça reste un rêve dans le ventre du chien…

En effet, l’on sait que les travailleurs togolais font partie des plus souffreteux de la sous-région et même du continent africain, leurs salaires sont des plus misérables, assez bas. L’ancien Président gabonais Omar Bongo ne se gaussait-il pas de payer, lui, des salaires au Gabon alors qu’au Togo, ce sont des per diem que payait son pendant Eyadema ? Une comparaison entre les salaires pratiqués au Togo et la grille salariale de plusieurs autres pays donne le 228 à la traine dans tous les secteurs, que ce soit l’enseignement, la santé, le privé…Avec cette revalorisation des salaires concédée au Bénin, Patrice Talon peut aussi se vanter de mieux traiter les travailleurs de son pays. Et ce ne serait pas à tort.

Le SMIG au Togo, depuis pas longtemps est de 35 000 F. Mais sa matérialisation dans les salaires payés sur le terrain, surtout dans le privé, était déjà une gageure. Pendant ce temps, il était de 40 000 F au Bénin. Mais avec les discussions de mardi, il monte à 52 000 F, soit 17 000 F de différence avec celui du Togo. Ici, aucune discussion en vue de sa revalorisation. Les salaires dans la Fonction publique sont restés quasiment statiques depuis des décennies, les rares évolutions enrégistrées sont de l’ordre de pourcentages minimes, 5 % au plus. Le reste, ce sont des gymnastiques passagères, comme des gratifications spéciales – exemples des 20 000 F récemment donnés aux fonctionnaires (sic) à la suite des grèves menées par la Synergie des travailleurs du Togo (STT), de l’avance d’un mois de salaire en janvier dernier aux fonctionnaires et retraités – et autres gestes ponctuels jamais indexés sur les salaires pour leur revalorisation pérenne.

Dans le monde du travail au Togo, les gouvernants n’ont d’égard que pour les fonctionnaires, lorsque ça leur arrive de faire quelque chose. Le hic, ces derniers sont à peine 50 000, sur une population active de plusieurs millions de personnes. Le privé est royalement ignoré alors que c’est le secteur qui emploie plus de gens, rien n’est fait à son profit, les salaires y payés sont à la limite de l’insulte, en bas du SMIG, les employés laissés carrément aux mains des employeurs qui les utilisent à leur guise.

Sur la question justement, les Femmes Pyramide, du nom de l’initiative citoyenne visant à lutter contre la vie chère et les injustices sociales au Togo, dans leur plateforme revendicative au cours de leur sortie du 20 avril dernier appelant au port du noir tous les vendredis, ont requis l’augmentation du SMIG à un minimum de 50 000 F. Au cours de cette rencontre, le Secrétaire Général de la Fédération des travailleurs du bois et de la construction (FTBC) Ayao Gbandjou a fait savoir qu’une étude menée par des partenaires sociaux a fait état d’une possibilité de fixation du SMIG au Togo à 65 000 FCFA. Mais personne n’est dupe, Faure Gnassingbé et son gouvernement n’auront cure de cette suggestion qui pourrait tout de même permettre d’amoindrir davantage l’impact de la vie chère.

Au-delà des concessions faites par Patrice Talon, c’est sa disponibilité même à écouter les partenaires sociaux qui est à saluer. C’est lui-même, on le soulignait plus haut, qui a présidé les discussions avec les responsables syndicaux portant les revendications des travailleurs et le patronat qui, faut-il le rappeler, ont duré six (06) heures d’horloge. C’est déjà une marque de considération. Cette sollicitude ou ce sacrifice, les Togolais auraient voulu voir leur premier dirigeant en faire montre aussi, descendre de son piédestal et discuter avec les responsables syndicaux de son pays. Mais ici, ces derniers sont traités comme des parias, la racaille, méprisés…C’est exactement le sort réservé aux responsables du Syndicat des enseignants du Togo (SET, arrêtés et jetés en prison, simplement pour avoir appelé à la grève. De nombreux enseignants qui ont suivi le mouvement ont été démis de la fonction enseignante, certains (tacitement) licenciés…C’est ça le Togo et son « Jeune Président ».

Source : L’Alternative / presse-alternative.info

Source : 27Avril.com