BENI Législatives du 20 décembre 2018 et ses conséquences, réformes et élections locales : Johannes Bavon décrypte l’actualité politique

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BENI Législatives du 20 décembre 2018 et ses conséquences, réformes et élections locales : Johannes Bavon décrypte l’actualité politique

Juriste, Directeur de sociétés et homme de Dieu, aujourd’hui, Johannes Bavon s’impose logiquement comme l’un des observateurs avisés de la scène sociopolitique au Togo. Secrétaire Général du FAR, Front des Architectes de la République, M. Bavon est plus présent sur les médias pour apporter sa contribution à la construction d’une nouvelle société togolaise plus responsable et respectueuse des principes et valeurs démocratiques. Dans cet entretien accordé à la rédaction du journal La Manchette, l’homme, dans une analyse pertinente et impartiale, aborde les sujets brûlants de l’actualité sociopolitique au Togo.

LA MANCHETTE : Comment pouvez-vous dépeindre le paysage politique aux lendemains des élections législatives du 20 décembre 2018 ?

J.BAVON : L’absence de la C14 aux législatives du 20 décembre 2018 a refaçonné le paysage politique togolais. Il faut remarquer deux schémas. Le premier, du côté d’UNIR ; et le deuxième du côté de l’opposition en général. Le parti au pouvoir s’est vu renforcé et ses stratégies devenues plus cohérentes et concrètes pour garder le pouvoir. On remarque beaucoup d’actions stratégiques de la part d’UNIR en précampagne. Ensuite, la C14 s’est visiblement éclatée, elle cherche encore sur quel pied danser et elle n’a pas encore commencé de stratégies concrètes pour les élections à venir. C’est une situation qui renvoie le peuple désolé et frustré.

La récente crise politique togolaise est née du refus du régime togolais à faire les réformes constitutionnelles et institutionnelles prescrites par l’APG depuis août 2006. Ne craignez-vous pas des scrutins heurtés si ces réformes ne sont pas faites avant tout processus électoral ?

Il faut d’abord souligner le fait indéniable que le pouvoir en place n’aimera pas faire des réformes qui vont lui faire perdre des élections. On ne doit pas être dans l’illusion des réformes parfaitement élaborées pour les élections. Pour cela, il faudra que nous changions de méthode. C’est illusoire de penser gagner des élections au Togo par des réformes démocratiques. Par conséquent, les heurts avant tout processus électoral peuvent être prévisibles. Cependant, nous devons faire attention à ce que de nouveaux soulèvements pour revendiquer les réformes ne conduisent le pouvoir en place à décréter l’état d’urgence. Dans ce cas, ce sera une aubaine pour le régime de se proroger.

La coalition de l’opposition est divisée sur la participation aux élections sans les dites réformes. Pour un observateur avisé de la scène politique que vous êtes, cette coalition doit- elle participer aux élections locales dans les conditions actuelles ?

La réponse à cette question sera relative selon que l’opposition demeure en coalition ou que l’opposition fonctionne en rang dispersé. La première raison est qu’il sera difficile à l’opposition en tant que coalition de participer aux élections locales puisqu’elle avait donné l’ordre aux militants de pas faire les cartes électorales. La participation dans ce cas sera conditionnée par la bonne grâce du gouvernement si celui-ci ouvrait une nouvelle phase de révision du fichier électoral.

En deuxième raison, si l’opposition y participe en tant que coalition, elle déclare par ce fait moralement et politiquement la fin de la crise ; ce qui normalement était le fondement de son existence.

La troisième raison est que les conditions réelles d’une décentralisation ne sont pas encore remplies pour des élections locales. Il faudra comprendre ici que ces élections s’inscrivent dans les stratégies du régime en place pour une mobilisation effective dans les collectivités locales dans le but de gagner les présidentielles à venir. Pour ce fait, le plan du régime dans les élections locales passera d’abord dans les résultats avant tout. Au cas où l’opposition y va en rang individuel, elle ne recueillera que les miettes que le pouvoir aura laissées dans les résultats.

C’est pour cela que nous devons comprendre que ce que nous pourrons gagner dans les élections locales, on peut les obtenir autrement sans perdre moralement et politiquement la face dans la lutte.

On parle de la candidature unique de l’opposition, on parle du retour des anciens du palais de Lomé 2 pour prendre le devant des choses. M. Bavon, quel schéma entrevoyez-vous pour une alternance en 2020 ?

Il faut tout d’abord souligner que la question de l’alternance en 2020 dépasse les calculs politiciens. Si alternance il doit y avoir, il faut comprendre que le régime en place ne pourra pas vouloir confier son départ entre les mains des personnes avec lesquelles il a déjà eu des différents politiques dans le passé. En plus l’alternance, du point de vue du FAR, doit signifier le changement de système. Or ceux qui n’ont connu que ce système dans leurs parcours politiques ne sauront être les meilleures alternatives pour son changement.

Par rapport à l’opposition, le FAR pense que, pour parvenir à une candidature unique il va falloir se dépouiller chacun de son ambition personnelle. Cette alternance n’est pas pour la gloire d’une personne ni d’un parti politique. Il s’agit d’une vision pour sauver le Togo tout entier et seul celui qui est destiné à cette œuvre nous y conduira. Même si plusieurs candidats sont issus de l’opposition, seul celui qui est prédestiné à cette alternance prendra le dessus.

Monsieur Bavon, vous êtes plus présent aujourd’hui sur les médias pour agir dans l’actualité politique togolaise. Est-ce une manière de préparer le terrain pour les élections de 2020 ?

Je vous ai déjà dit qu’en 2020, il ne s’agira pas d’une compétition entre les ambitions politiques et personnelles. C’est le destin de chaque togolais qui se jouera par ces présidentielles à venir. Seul celui qui est prédestiné par le Dieu des cieux et les mannes de nos ancêtres aura la force de nous conduire à bon port. En ce qui me concerne, je ne décide rien dans ma vie sans l’ordre de l’Esprit. Tant que Dieu ne m’aura pas ordonné d’être candidat en 2020, je reste dans la position de soutien à celui qui sera choisi. Je n’aime rien faire de moi-même.

Entretien Réalisé par Sylvestre BENI

Source : www.icilome.com